42. Danielle

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Deux jours après le dîner catastrophique, je n'ai plus de nouvelles de Blaine. Malgré le fait que je ne le vois pas, je sens sa présence qui flotte dans mon dos constamment. Je n'ai jamais prévu que tout se termine comme ça. Je ne suis pas une donneuse de leçon. Je dois pourtant me protéger parce que je n'ai pas menti lorsqu'il m'a demandé si j'étais amoureuse de lui, c'est le cas. J'ai pleuré une bonne partie de la nuit dans mon lit en y pensant. Toute notre histoire ne veut rien dire pour lui, c'est ce qu'il se dit. Pourtant je vois bien dans sa manière de me regarder que c'est complètement faux. Blaine craint quelque chose. De l'attachement peut-être ou même de simplement se montrer un tant soit peu vulnérable. Je ne dors pas, je me sens extrêmement fatiguée mais je n'arrive pas à véritablement dormir. J'ai envie de tout oublié, mais en même temps toutes ces sensations fortes que nous avons eu ensemble m'ont permis de devenir quelqu'un de plus fort. J'ai l'impression que je n'ai jamais eu autant de caractère de toute ma vie. C'est peut-être ma peine qui me rend plus froide ou plus directe quand les gens me parlent, je ne sais pas. Une chose est sûre, je ne suis plus celle que j'étais avant de rencontrer Blaine Watts. Je poursuis cette routine que j'avais presque oublié en me demandant comment je pouvais me contenter d'une vie aussi fade. Les cours, les études, les devoirs et les discussions avec Abby. Elle ne m'a pas questionné sur Blaine. Elle croit réellement que je me suis payé un prostitué pour une nuit. J'en suis presque heureuse. De cette façon je n'ai pas à élaborer le fait que je n'ai pas l'intention de le revoir... Même si je le désire.

Je sors de mon cours en tenant mes livres fortement contre ma poitrine. Je me sens comme sur un nuage. Un nuage noir et épais qui me suit depuis deux jours partout où je vais. Les couloirs sont tous pareil, les étudiants ne sont que des ombres dans mon champs de vision. Je me trouve zombifié, comme si plus rien n'avait de couleur ou de sens. En sortant à l'extérieur du bâtiment, les lueurs orangées de la soirée commencent à s'estomper. J'aurais eu peur avant, de marcher dans le noir jusqu'à mon dortoir. Maintenant je m'en fous complètement. Je sens à peine mon corps et mes sensations. Malgré mon chagrin, il me manque. J'essaie de passer à autre chose mais je ne peux pas m'empêcher de quand même regarder les coins noirs qui m'entoure. J'espère voir sa grande silhouette s'y cacher pour m'épier comme il avait l'habitude de le faire. Je m'y aventure même parfois, espérant qu'il m'agrippe et m'enfonce dans tous les vices inimaginables qui le caractérise. Lorsque j'atteins enfin les portes qui me donne accès à mon dortoir, je pose ma main sur la poignée et je fige. Je sens qu'on me regarde et pourtant je ne cherche pas à m'enfuir. Je ferme les yeux, demeurant debout avec la main sur le métal froid. J'espère qu'il s'avance et qu'il me dise qu'il ne peut pas se passer de moi et que je lui appartiens. Je veux qu'il me caresse comme il sait si bien le faire et qu'il me parle de cette façon crue qui lui est propre. Des pas marchent vers moi et ma main se resserre sur la poignée. Mon cœur s'affole dans ma poitrine et ma respiration devient plus rapide. Il est là, il ne peut pas se passer de moi comme je ne peux pas me passer de lui.

- Bonsoir, fleur du mal, prononce une voix grave dans mon dos.

J'ouvre rapidement les yeux et j'ai à peine le temps d'inspirer qu'un tissu se colle contre ma bouche et mon nez. Je me débats pour essayer de m'éloigner mais je sens mon corps s'engourdir rapidement et devenir complètement mou. Quelques secondes s'écoulent et tout devient complètement noir. Je sombre dans un néant.

***

Je me réveille en sursaut avec un mal de tête carabiné. Je suis allongée sur le sol d'une chambre avec les mains et les chevilles attachées. Ça me prend un petit moment avant de reprendre mes esprits et de retrouver le fil de mes pensées. Qu'est-ce qui s'est passé ? Je me rappelle être rentré au dortoir et d'avoir sentis une présence derrière moi. Cela étant, tout est flou, incertain. Je me redresse avec peine et regarde autour de moi. La chambre est vide mise à part un matelas sur le sol. Elle n'a pas de fenêtre, donc j'ignore complètement quelle heure il est. J'inspire profondément et m'étouffe. Ma gorge me brule comme si j'avais bu quelque chose de très fort. Je tousse jusqu'à m'en faire monter les larmes aux yeux. En reprenant mon souffle, j'entends des pas se diriger vers la porte. Un loquet est tiré et elle s'ouvre. Je retiens mon souffle et lève le menton pour regarder la silhouette qui se tien devant moi. Matheo est debout, torse nu et ses yeux noirs sont posé sur moi. Il me lance un sourire et penche sa tête sur le côté. Je regarde la peau de ses bras complètement tatoué et les muscles gonflés de son torse. Je remonte rapidement vers son visage et j'essaie de me remémorer les événements.

CHASED (Dark Romance) 18+Où les histoires vivent. Découvrez maintenant