Chapitre 4d

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Aïmar et ses compagnons parvinrent enfin à rejoindre le groupe. Un nouveau combat avait éclaté, et Hawke se précipita immédiatement vers Noël pour le protéger.

— Assez ! cria Gabriel avec colère. Vous êtes en territoire neutre ! Aucun combat n'est toléré ici, sous peine de mort !

Malgré ces avertissements, personne ne réagit. Ransyl se tenait fermement devant Sanaeh et Husha, bloquant les attaques des soldats qui les encerclaient. Pendant ce temps, Joon affrontait un officier de l'Imperium qui venait de le viser avec son pistolet. Les tourbillons de vent qu'il avait invoqués dévièrent les balles avant qu'elles ne l'atteignent, mais l'une d'elles réussit tout de même à toucher son bras, provoquant une plaie qui commença à saigner abondamment.

Les villageois, armés de fusils, ouvrirent le feu en l'air à plusieurs reprises. Le bruit interrompit les mouvements de Ransyl et des soldats autour, mais ne parvint pas à stopper Joon et son adversaire. Joon avait récupéré une lame fine et pointue qu'il dirigeait contre l'officier, qui avançait résolument avec son épée en avant.

La scène suivante se déroula à une vitesse hallucinante. Gabriel et Aïmar échangèrent un regard intense, une fraction de seconde suffisant pour synchroniser leur action. Gabriel, avec une rapidité déconcertante pour un individu de son âge, enserra l'officier par le cou avec un bras puissant. Il encaissa une série de coups de coude dans les côtes avant de lui arracher son épée et de la placer sous sa gorge. Aïmar eut juste le temps de se mettre devant Joon pour retenir ses poignets. Mais, à la différence de Gabriel qui était bien plus fort que son prisonnier et qui l'arrêta net, Aïmar dû forcer sur ses muscles pour complètement paralyser le jeune homme.

Ces centièmes de secondes de tremblement avaient permis à la lame de pénétrer en profondeur la chair du flanc droit d'Aïmar, qui serra les dents de douleur. Joon, qui avait totalement perdu le contrôle de ses émotions, revint à lui et découvrit avec effroi son acte. Le sang d'Aïmar commença à teindre ses vêtements et s'écoulait le long de sa jambe.

Les villageois, maintenant en position, pointèrent leurs armes vers les combattants restants. Ceux-ci abandonnèrent leurs armes au sol et se mirent à genoux, les mains derrière la tête.

— Savez-vous qui je suis ? s'exclama l'officier avec haine. Vous n'avez aucun droit de me menacer.

— Au contraire, répliqua Gabriel avec une fermeté glaciale. Le traité établi avec les différentes nations me confère tous les pouvoirs nécessaires dans cette vallée. Si j'ordonne qu'aucun combat n'est toléré ici, c'est une directive irrévocable. Rendez-vous et réglons cette affaire de manière civilisée, loin de ce bain de sang.

Joon, les yeux écarquillés, tremblait de tout son être. La vue du sang semblait lui monter à la tête. Affolé, il leva les yeux vers Aïmar.

— Rends-toi, je t'en prie, murmura Aïmar. Ils vont te tuer si tu ne le fais pas.

Les iris noirs d'Aïmar brillaient étrangement à la lumière du jour. Joon fixa ses yeux un instant, incapable de détacher son regard. Avec une main tremblante, il retira doucement sa lame. Aïmar se recula, se tenant le flanc avec douleur.

— Je suis désolé, bégaya Joon, la voix pleine de désespoir. Je ne voulais pas...

À peine ses mots furent-ils prononcés que Joon fut violemment plaqué au sol, empêché de bouger.

***

Aïmar sentit le monde tourner autour de lui et Noël se précipita pour le rattraper avant qu'il ne s'effondre. Noël enroula rapidement sa chemise en boule et appuya doucement sur la plaie pour tenter de stopper l'hémorragie. Pendant ce temps, Hawke ligotait Joon avec une rigueur implacable, le regardant fixement avec une expression effrayée mêlée à la culpabilité de son acte.

Les yeux d'Aïmar s'assombrirent lentement, enveloppés par le noir. Il perçut à peine Noël crier son nom avant que tout ne s'éteigne autour de lui.

Lumarave I [Fantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant