Chapitre 7a - Noël

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Forêt des Hautes-Forges,

Contrée Libre

L'officier impérial surveillait avec une attention méticuleuse l'assemblage du vaisseau éledarse et l'entretien de son aéronef, confiés à quelques habitants. Ces derniers, pourtant loin d'être des mécaniciens chevronnés, obéissaient sans poser de questions. Mineurs, laboureurs, marchands de fruits et légumes, ils n'avaient jamais eu à manipuler de telles technologies. Face à cet amoncellement de pièces mécaniques éparpillées sur le sol calciné de la forêt, ils s'efforçaient simplement de suivre les directives, ne sachant pas vraiment à quoi tout cela mènerait.

Deux individus auraient pu réellement prendre plaisir à se plonger dans cette énigme mécanique : Aïmar et Lysandre. Or Lysandre était parti pour Aerilon voir sa famille. Il avait refusé que cette tragédie retarde sa visite trimestrielle chez ses parents, planifiée de longue date. Quant à Aïmar, il avait interdiction de travailler tant qu'il demeurait en convalescence.

Le dirigeable impérial n'avait subi que des dommages mineurs. Les réparations avaient été rapides et efficaces, surtout après que d'autres dirigeables utilisés durant l'attaque avaient atterri à Miewart. Le gaz qu'ils transportaient avait été acheminé jusque dans la vallée, une quantité si vaste que cela suscita une certaine méfiance parmi les habitants. Tous jetaient des regards inquiets vers ces réserves, conscients qu'un simple accident pourrait réduire à néant la faune et la flore environnantes.

En parallèle, l'assemblage des pièces éparpillées du vaisseau éledarse avançait lentement, bien plus lentement que l'officier impérial ne l'avait prévu. La trop complexe technologie laissait Noël dans un état de confusion perpétuelle. Il avait beau être intelligent et débrouillard, cette technologie semblait venir d'un autre temps, comme projetée trois siècles dans le futur. Aucune documentation ne venait éclairer son travail, aucune note d'ingénieur pour le guider dans cette jungle de pièces mécaniques aussi intrigantes qu'énigmatiques. D'où provenaient-elles ?

La question restait en suspens, mais une chose était claire : l'Imperium comptait bien exploiter cette avancée technologique. Noël s'attelait donc à la tâche, enregistrant chaque composant dans son registre, croquant des schémas approximatifs des pièces et des supposés assemblages. Il remettait régulièrement ses observations à son grand-père, Fenril, qui annotait, modifiait, et ajoutait ses propres hypothèses à l'ensemble.

Il y avait du bon, dans tout ce malheur. Au moins, le jeune homme n'était plus obligé de mettre les pieds à la Dépêche.

***

Le soleil inondait la vallée de sa lumière éclatante, et l'ombre épaisse des arbres offrait une agréable fraîcheur, atténuant la chaleur de cette fin d'été. Fenril, silencieux depuis plusieurs jours, avait installé un petit bureau à l'écart du vaisseau en réparation, préférant s'isoler pour travailler sans être dérangé. Ce retrait agaçait Noël, qui brûlait de lui parler des récents événements et de l'avenir incertain des éledarses, ainsi que de la vallée, désormais plongée dans un conflit qu'elle n'avait pas choisi. Il était certain que l'officier impérial manigançait en coulisses, cherchant à établir un accord avec Gabriel.

Perdu dans ses pensées, Noël fut soudainement tiré de ses réflexions par un villageois qui l'appela d'un geste brusque depuis l'intérieur des restes du vaisseau éledarse.

— Hé, p'tit, viens voir ça, lança l'homme.

Intrigué, Noël le suivit jusqu'à l'anciennement supposée cabine de pilotage et se pencha sous le tableau de bord, là où l'homme désignait un petit renfoncement du bout du doigt. Dans cette cavité discrète, gravé dans le métal, se trouvait un symbole étrange, minuscule et en relief, presque invisible à l'œil non averti.

Lumarave I [Fantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant