Chapitre 1e

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Aïmar habitait une petite maison en pierre et en bois, perchée sur l'un des versants des montagnes environnantes. C'était la demeure la plus haute de la vallée. De sa chambre, il bénéficiait d'une vue imprenable sur les Hautes-Forges et la colline des Ateliers, où l'on pouvait discerner une aura légèrement orangée due aux braises des forges encore chaudes. Derrière la colline, la forêt s'étendait à perte de vue jusqu'aux Pics Brumeux, de majestueux volcans dont les sommets se dessinaient à peine à l'horizon.

Aïmar vivait seul dans cette maison modeste, qu'il avait acquise avec ses économies il y a quelques années. Délabrée, elle avait nécessité des mois d'efforts acharnés pour être rénovée. Des villageois étaient venus lui prêter main-forte, et même Noël, malgré son manque de compétences en maçonnerie et en bricolage, avait contribué aux travaux.

Encore aujourd'hui, Aïmar aimait consacrer une partie de son temps libre à améliorer sa maison. Cet été, il avait aménagé une terrasse en hauteur, accessible pour l'instant uniquement par la fenêtre de sa chambre à l'étage. L'idée avait également séduit Noël. Ensemble, ils avaient passé leurs jours de congé à la construire sur le monticule rocheux adjacent à la maison. Bien que l'aménagement ne fût pas entièrement terminé—Aïmar souhaitait y ajouter un escalier pour éviter le passage par l'étage et il manquait encore des rambardes de sécurité—la terrasse elle-même était achevée. Ils avaient déjà pu en profiter lors de leurs dernières soirées d'été.

Aïmar déverrouilla la porte et ils entrèrent dans la grande pièce du rez-de-chaussée. Il proposa une bière à Noël, qui accepta avec plaisir, puis invita son ami à le rejoindre sur la terrasse pendant qu'il remplissait leurs chopes. Noël monta l'escalier tandis qu'Aïmar descendait une échelle menant à son garde-manger, dissimulé par une trappe sous l'escalier.

La chambre à l'étage était spacieuse, offrant amplement de place pour deux personnes. Elle était bien rangée et propre, car Aïmar détestait la poussière et le désordre, une vieille habitude héritée de son passé. Le mobilier y était simple mais fonctionnel : une armoire à vêtements, une bibliothèque remplie de livres, un grand lit à l'apparence confortable avec deux tables de nuit de chaque côté, et un support mural sur lequel reposaient deux flûtes de tailles différentes. Tôt le matin, on pouvait entendre les mélodies que jouait Aïmar depuis la terrasse. Il jouait également lors des fêtes du village ou pendant leurs escapades à Miewart. Selon ses dires, c'était un saltimbanque de passage, rencontré dans son enfance à Brinadean, qui lui avait enseigné la musique.

Noël resta un moment à observer les environs, l'esprit vagabond. Finalement, son ami le rejoignit, une chope de bière fraîche dans chaque main.

— Tu reluques ma royale chambre ? Tu veux peut-être... « approfondir » ton exploration ? plaisanta-t-il en faisant danser ses sourcils, un sourire pervers sur les lèvres.

Noël rit.

— Triple idiot, va. Pour tout te dire, je la compare mentalement à la mienne. A chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que ma vie ressemblerait si j'avais quelqu'un à mes côtés.

Aïmar éclata de rire à son tour et tendit une chope à Noël, avant d'ouvrir la fenêtre de l'étage et de passer ses jambes par-dessus le mur pour atterrir sur le balcon.

— Ne ris pas, protesta Noël. Sérieusement, regarde ma situation. Je vis chez mon grand-père et ma chambre est deux fois plus petite que la tienne.

— Eh bien, déménage, répondit Aïmar en haussant les épaules. Il y a plein de maisons vides dans cette vallée. Regarde, je n'ai pas eu tant de mal à en trouver une, et je ne suis pas riche.

Lumarave I [Fantasy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant