Chapitre 9

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Cours de danse.

Appartement de Gabriel et Stéphane.
Paris, Centre.
16h.

- Attends, attends… Tu... tu es en crush sur Julien ?

Gabriel lança cette question en fixant Stéphane, qui soupira, las après sa journée de travail. Assis sur le canapé, son ami semblait hésitant, mais finit par répondre en se passant une main dans les cheveux.

- Pas que je sois vraiment un crush sur lui, mais c’est vrai qu'il est attirant. Je ne peux pas le nier.

Gabriel sourit, taquin, tout en sirotant son thé. Il ne quittait pas son ami des yeux, comme s'il cherchait à percevoir la vérité.

- Oh bien sûr, je vais te croire... Surtout avec ce regard amoureux que tu viens de lancer !

Stéphane rougit légèrement, mais fronça les sourcils.

- Je ne l'aime pas ! On est simplement collègue, rien de plus.

Gabriel éclata de rire en voyant le malaise de son ami, trouvant la situation délicieusement ironique.

- Tu sais quoi ? Moi, je vais au théâtre pour mes répétitions et te laisser mariner sur ton petit romantisme.

Stéphane grogna, amusé malgré lui, tandis que Gabriel attrapait ses affaires. Il déposa un baiser sur la joue de son ami avant de sortir, le laissant à ses pensées.

Il sortit de l’immeuble, immédiatement frappé par le vent glacial d’octobre qui s’infiltra dans sa veste légère, lui arrachant un frisson. Gabriel resserra son manteau, rabattant son col pour se protéger du froid mordant qui rougissait ses joues. Les mains enfoncées dans les poches, il accéléra le pas, les yeux fixés au sol, s'enfonçant dans les rues de Paris.

Grand Théâtre de Paris,
Paris, Centre.
16h20.

Arrivé au théâtre, Gabriel se changea rapidement et monta sur scène, où l'espace silencieux l'accueillit comme un vieil ami. Sous les lumières tamisées, il lança une musique au hasard et commença à marcher, son corps déjà tendu par la froideur de l’automne qu’il n’avait pas tout à fait chassée de ses muscles. Les premiers mouvements étaient raides, disciplinés. Il tira sur chaque fibre de son corps, étirant, allongeant, cherchant à se libérer de cette lourdeur intérieure. Petit à petit, il s’abandonna à la mélodie, enchaînant les pirouettes et les sauts avec une fluidité presque douloureuse. La danse était à la fois sa libération et son fardeau, un don qui l’éloignait de ses propres désirs sous la pression familiale. Pourtant, ici, sur cette scène, il oubliait pour un instant les contraintes et les attentes. Il se laissa porter par la musique, ses gestes devenant plus fragiles, plus vulnérables. Mais une émotion trop intense le fit trébucher, et il s’effondra au sol, serrant les dents. Allongé, ses mains crispées contre le plancher froid, il sentit ses pensées l’engloutir.

- Tout va bien ?

La voix familière fit écho dans le théâtre vide. Gabriel releva lentement la tête et aperçut Jordan, debout devant lui, visiblement inquiet.

- Q... Qu'est-ce que vous faites ici ? Murmura-t-il, encore sonné par la surprise. Je croyais que le gardien ne laissait entrer personne.

Jordan lui tendit la main avec un léger sourire.

- À vrai dire… je vous ai vu au loin, je voulais prendre de vos nouvelles, je vous ai tombé au sol, vous allez bien ?

Gabriel hésita un instant, mais finit par attraper la main tendue. Le contact fut comme une étincelle, un courant qui le parcourut entièrement. Il se redressa avec l’aide de Jordan, ses yeux plongeant dans les siens, cherchant à comprendre si tout cela était bien réel. Instinctivement, sans réfléchir, il leva la main et gifla doucement Jordan.

Dansons Ensemble Tome1 Naissance d'un amour en flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant