Dansons Ensemble Tome1 Naissance d'un amour en flamme

Chapitre 3

Le spectacle

Black Swan - Instrumental.

Grand Théâtre de Paris.
Cœur de Paris.
19h10.

Les premiers coups d'archet des violons résonnèrent dans la salle, emportant les spectateurs dans un voyage musical envoûtant. Les danseurs se mouvaient avec une grâce aérienne, les fluditié évoquant celle d'une plume valsant dans les airs. L'orchestre, animé d'une énergie subtile, accélérait peu à peu, intensifiant la danse qui devenait de plus en plus frénétique à chaque seconde.

Julien avait des étoiles dans les yeux, captivé par la beauté du spectacle, tandis que Jordan, quant à lui, restait impassible. Il soupira doucement, détaché, avant que son regard ne soit attiré par un danseur en particulier. Sans s'en rendre compte, il suivait chaque mouvement de ce dernier : ses mains, son corps, chaque geste précis et délicat, comme un éclat de verre virevoltant dans l'air. Autour de lui, les spectateurs murmuraient entre eux, commentant la performance tandis que les violonistes relançaient la dynamique du morceau. Le jeune danseur suivait ce rythme effréné avec une précision presque surnaturelle, ses mouvements coordonnés et gracieux, rapides et fragiles à la fois.

- Il est incroyable et très doué, Murmura une voix derrière Jordan.

- Ho que oui, il pourrait presque tenir tout le spectacle à lui seul, Répondit une autre.

Ces chuchotements attirèrent l'attention de Jordan, qui se pencha vers Julien, absorbé par la scène.

- Qui est-ce ?

- Je ne connais pas son prénom, Répondit Julien à voix basse, mais j'ai entendu dire que toute sa famille était composée de danseurs. Il paraît même que ses parents l'ont forcé à suivre cette voie pour honorer leur nom. Mais bon, ce ne sont que des rumeurs.

Quelques rangées plus loin, Stéphane, assis au fond de la salle, tourna la tête et remarqua ses deux collègues. Surpris, son regard se posa surtout sur Jordan. Voyant l'intérêt particulier qu'il portait à Gabriel, une idée machiavélique germa dans l'esprit de Stéphane. Un sourire narquois se dessina sur son visage alors qu'il anticipait déjà la suite.

Après trois heures de spectacle intense, la scène se conclut avec une révérence finale de Gabriel, similaire à celle qu'il avait fait ce matin. Les spectateurs se levèrent en applaudissant, acclamant les danseurs avec des « Bravo ! » enthousiastes. Les artistes s'inclinèrent une dernière fois avant de se retirer vers les vestiaires.

Stéphane, sentant que c'était le moment idéal, se faufila à travers la foule pour rejoindre Jordan et Julien, qui s'apprêtaient à partir.

- Jordan ! Julien ! Appela-t-il.

Les deux hommes se retournèrent, étonnés de voir Stéphane ici.

- Stéphane ? Que fais-tu ici ? Demanda Julien, intrigué.

- Salut ! Je suis venu soutenir un ami, mais bref, ce n'est pas le sujet. J'ai une idée pour la visite du ministre suédois. Et si on l'emmenait ici, dans deux semaines, pour voir Casse-Noisette ? Ce serait une belle manière de lui montrer notre passion pour la danse classique. Vous en pensez quoi ?

- Pourquoi l'emmener voir ces vieux ballets qu'on connaît par cœur ? Tout le monde sait déjà comment ça se termine, Répondit Jordan, sceptique.

- Jordan, tu n'as pas vraiment le choix. En plus, ce sera toi et Julien qui l'accompagnerez, Ajouta Stéphane avec un sourire malicieux

- QUOI ?! 'Sexclamèrent Jordan et Julien en chœur.

- Nickel ! Je vais ajouter ça au programme. Et je supprimerai l'inauguration des toilettes publiques futuristes pour la repousser à une prochaine fois. Bonne soirée, à demain ! Lança Stéphane, sans leur laisser le temps de réagir, avant de disparaître en direction des loges.

Encore sous le choc de l'annonce, Jordan et Julien restèrent sans voix. Pendant ce temps, Stéphane rejoignit Gabriel dans les vestiaires et le prit chaleureusement dans ses bras.

- Tu as été incroyable, Gab. Plus qu'incroyable même, tu étais phénoménal ! S'exclama Stéphane avec admiration.

- Je te remercie, Steph. Ça me touche vraiment que tu sois venu. Et puis, je n'étais pas seul sur scène, tout le monde a été fantastique, Répondit Gabriel avec modestie.

- Peut-être, mais tout le monde avait les yeux rivés sur toi, Attal. À force, ça devient lassant.

Gabriel, mal à l'aise, baissa les yeux, mais Stéphane intervint sans perdre son calme.

- Laisse le Marjorie. Apprend plutôt à ne pas te gourer dans tes pas, ensuite, on verra pour les critiques.

Marjorie quitta la pièce en bougonnant, laissant Gabriel et Stéphane seuls. Ils échangèrent un rire complice pour détendre l'atmosphère.

- Laisse-la parler, c'est une idiote. Quant à toi, tu as bien mérité de te reposer et de prendre une bonne douche, Ajouta Stéphane en souriant.

Gabriel acquiesça et se changea rapidement, enfilant ses vêtements civils avant de sortir avec Stéphane. Ils rejoignirent le hall où les invités discutaient entre eux, un verre de champagne à la main. Soudain, Gabriel percuta un homme sans l'avoir vu.

- Oh, excusez-moi, je ne vous avais pas vu, S'excusa-t-il en relevant les yeux.

- Non, c'est moi qui suis désolé, je ne vous avais pas vu non plus, Répondit Jordan.

Leurs regards se croisèrent et en un instant, le monde entier cessa d'exister. Le temps, suspendu, semblait s'étirer à l'infini, engloutissant le bruit ambiant, les conversations feutrées et le tintement des verres. Plus rien n'avait d'importance, si ce n'était cet échange silencieux, vibrant d'une intensité palpable. Jordan, comme hypnotisé, scrutait chaque détail du visage de Gabriel : la profondeur de ses yeux noirs, si envoûtants qu'ils semblaient percer son âme, les traits délicats de sa peau, marqués de failles subtiles que seul un regard attentif pouvait capter. C'était comme si chaque imperfection, chaque recoin révélait un mystère à élucider, une beauté brute qu'il n'avait jamais vue ailleurs. Leur connexion était magnétique, irrésistible et durant cet instant suspendu, tout semblait possible, tout semblait permis. Ils restèrent ainsi, prisonniers l'un de l'autre, le cœur battant à l'unisson, jusqu'à ce qu'une voix brise soudainement l'enchantement, ramenant violemment Jordan à la réalité, comme une vague qui s'écrase brutalement sur le rivage.

- Excusez-le, Intervint Stéphane. Passez une bonne soirée, au revoir.

Il prit Gabriel par le bras et l'entraîna vers la sortie, un sourire aux lèvres. Alors qu'ils s'éloignaient, les deux amis se regardèrent et éclatèrent de rire.

- Eh bien, je ne pensais jamais dire ça, mais Stéphane est plutôt pas mal en costume trois pièces avec ses lunettes.

Jordan regarda Julien observer Stéphane avec insistance, tandis que lui détourna son attention vers l'ami qui accompagnait Séjourné. Intrigué, il réalisa qu'il ne connaissait même pas son prénom. Mais il espérait le revoir pour le lui demander.