Chapitre 14

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Loin des yeux, près du cœur.

Bureau de Julien.
Paris, centre.
12h50.

Stéphane sortit du bureau de son ancien compagnon, ses pensées tourbillonnant autour des mots d’Emmanuel. Chaque pas vers son propre bureau lui pesait comme une lourde chaîne, et il s’arrêta, le cœur serré. Les larmes menaçaient de s’échapper, et il serra sa main blessée pour se donner du courage, détournant le regard pour ne pas céder à l’émotion. Il se laissa guider par ses pas vers le bureau de Julien, frappant doucement à la porte. Quand Julien ouvrit, son visage se fendit d'une inquiétude profonde en voyant l'état de Stéphane.

- Entre, Lui dit-il avec une douceur presque palpable, avant de l'attirer dans ses bras en refermant la porte avec délicatesse.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu trembles, Stéphane...

Les mots restèrent bloqués dans la gorge de Stéphane. Il leva les yeux vers Julien, s’y perdant dans l’infini de son regard, et prit ses mains, cherchant l’odeur apaisante de vanille qui l’enveloppait. Il se blottit contre lui, savourant ce moment de silence, entouré par la chaleur de celui qui lui plaisait tant. Lentement, il embrassa Julien, plaçant ses mains sur sa nuque, l’attirant vers lui, une larme échappée de ses yeux témoignant de sa douleur.

Julien se recula légèrement, mais ne quitta pas le visage de Stéphane des yeux. L’inquiétude s'intensifiait dans son regard.

- Stéphane... Dis-moi ce qui se passe... Je t'en prie, dis quelque chose...

- Je... Je veux que tu saches que mon cœur ne bat que pour toi, et seulement pour toi. Mais à partir de demain, nous ne pourrons plus être seuls, Emmanuel nous a vus, et il sait que je suis ici. Je lui appartiens. Tant que nous restons éloignés, toi et moi, il ne t'arrivera rien. Nous pourrons toujours nous voir à l’Assemblée, aux réunions, mais je ne pourrai plus venir dans ton bureau, et tu ne viendras pas dans le mien. Alors ce soir, embrasse-moi, laisse tes mains toucher mon corps, sens ma chaleur une dernière fois, et permets-moi de goûter tes lèvres sur les miennes, juste pour ce soir...

Julien l’écouta, absorbant chaque mot avec un mélange d’angoisse et de désespoir. Finalement, il céda. Il l’attira par la taille et l'embrassa avec toute la sincérité d’un adieu imminent, sa bouche se posant tendrement sur celle de Stéphane. Ses mains parcoururent le corps de Stéphane, mémorisant la douceur de sa peau, chaque frisson de chaleur. Ce baiser n’était ni un acte de désir ni de passion, mais un adieu teinté de tristesse, un témoignage d’un amour qui semblait inaccessible. Ils se laissèrent aller, comme si cette soirée était la dernière de leur vie.

Après de longues minutes, Stéphane se recula, regardant Julien une dernière fois.

- Je vais rentrer. Je suis désolé Julien... Tellement désolé...

Sans attendre de réponse, il disparut derrière la porte, s’éloignant à grands pas, le cœur lourd et ses pas pesants.

De son côté, Julien, réalisant que ce baiser serait le dernier, ressentit une colère sourde l’envahir. D’un geste rageur, il prit sa tasse et la fracassa contre le mur derrière lui, hurlant de frustration. Il haïssait Emmanuel du plus profond de son être. Essuyant ses larmes d’un mouvement furieux, il prit ses affaires et quitta son bureau, se dirigeant non pas vers chez lui, mais chez son cousin, Jordan.

Appartement Stéphane et Gabriel.
Paris, Centre.
14h.

En arrivant à l’appartement, Stéphane trouva Gabriel affalé sur le canapé. À la vue de son meilleur ami, il éclata en sanglots et s’effondra au sol, submergé par la douleur. Gabriel, alarmé, se leva d’un bond et courut vers lui, le prenant dans ses bras avant de s’asseoir à ses côtés sur le sol, le soutenant comme une bouée de sauvetage. Il caressa doucement son dos, tandis que Stéphane laissait échapper sa tristesse.

- Je l'aime Gab... J'en suis sûr maintenant... Je l'aime...

- Stéphane... Dit moi ce qui c'est passé...

Gabriel ferma la porte d’entrée avec son pied, sans quitter Stéphane de ses bras, qui continuait de pleurer, mouillant son t-shirt de larmes.

- J’appartiens à Emmanuel… Il m’a surpris dans le bureau de Julien en train de l’embrasser… Si personne ne nous avait interrompus, on aurait couché ensemble… Emmanuel l’a su, et il m’a menacé de s’en prendre à Julien si je ne m’éloignais pas de lui. J’ai dû dire à Julien qu'il y aura peut-être jamais rien entre lui et moi...

Gabriel, frappé par le monologue de Stéphane, le serra un peu plus fort dans ses bras. Le désespoir de son ami lui faisait horriblement mal, et il détestait voir cette facette vulnérable de celui qu’il avait toujours connu fort et souriant. Il se sentait impuissant, comme si son cœur se brisait en mille morceaux.

- Chuuut... Chuuut, je suis là Stéphane. Je suis là. Tout va bien, tu es en sécurité ici, chez nous. Personne ne viendra te faire du mal. Ça va aller. Respire doucement par le nez et expire par la bouche, fais comme moi…

Gabriel prit doucement le visage de Stéphane entre ses mains, l’invitant à respirer profondément, expirant lentement. Stéphane imita son rythme, se calmant peu à peu dans les bras de son ami.

- Je ne saurais pas affronter le jour suivant, Gabriel… Je ne sais pas comment faire…

- Parfois, les pires choses arrivent aux plus forts, mais tu dois te relever pour prouver que tu es plus rusé que les obstacles, plus malin que le renard qui veut la galette d’or. Tu es ce renard, Stéph. Moi, je suis le lapin qui est toujours avec toi. Peu importe ce qui se passe, je serai là pour te relever chaque fois que tu tomberas, comme nous l’avons toujours fait, toi et moi.

Stéphane écouta attentivement, hochant la tête à chaque parole de son ami. Même si demain promettait d'être une journée terrible, il devait se lever pour affronter les épreuves qui l’attendaient. Mais il savait qu’il n’était pas seul. Sa force, c’était Gabriel.

Pourtant, son cœur était meurtri, brisé, si loin de celui qu’il aimait.

- Je l'aime Gabriel... Je suis amoureux de Julien Odoul...

Dansons Ensemble Tome1 Naissance d'un amour en flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant