Chapitre 38

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Surveillance.

Cimetière du Père-Lachaise,
Paris, Centre.
10h.

Le lendemain, au lieu de se rendre au bureau, Jordan s’arrêta devant l’endroit qu’il n’avait pas visité depuis dix-neuf ans. Le cimetière. Il descendit de sa voiture, le cœur lourd, tenant un bouquet de fleurs blanches dans sa main. Un silence imposant régnait dans l’air, amplifié par la brume légère qui flottait entre les allées.

Il avança lentement parmi les pierres tombales, scrutant chaque arbre, chaque recoin. Finalement, il arriva devant la tombe de sa mère, une simple pierre, marquée par le temps, nichée sous un vieux chêne. Il s’agenouilla doucement, posant le bouquet devant la tombe.

- -Ciao mamma. (Bonjour maman.), Murmura-t-il, sa voix teintée de douleur.

Il resta immobile, son esprit voyageant entre les souvenirs heureux d’une adolescence brisée trop tôt. Sa mère, souriante, riant avec lui… Puis il revint à la réalité, ses poings se serrant inconsciemment. Il jeta un regard sombre sur la pierre froide, les mâchoires crispées.

- Maman, j’ai presque réussi. Il me manque encore des preuves, mais je suis sûr que William a un lien avec ta mort. S’il a participé à ça, je jure de le faire payer de mes propres mains, de traquer chaque personne impliquée jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’eux.

Sa voix trembla un instant, mais il reprit, plus fort.

- Je dois aussi protéger ceux que j’aime, mamma, Souffla-t-il, le regard perdu dans le vague. Julien…et même Stéphane, tu sais, je commence à l’apprécier, même si c’est difficile de l’admettre.

Il marqua une pause, les yeux embués, et sa voix se fit tremblante.

- Mais surtout, il y a Gabriel. Mamma, je l’aime… comme je n’ai jamais aimé personne. Il a un talent incroyable pour la danse, et j’en suis fier, si tu savais… Il m’apaise comme personne d’autre n’y est parvenu. Il m’arrache à mes ombres, me donne de la force, même quand je me sens au plus bas.

Une larme roula sur sa joue alors qu’il contemplait la tombe, ses lèvres se tordant d’une tristesse profonde.

- J’aurais tellement voulu te le présenter, que tu puisses le voir de tes propres yeux, que tu le comprennes, que tu me dises qu’il est celui qu’il me fallait. J’aurais voulu que tu sois là pour m’accompagner, pour me rassurer, pour m’aimer comme tu le faisais si bien.

Jordan esquissa un doux sourire, encore accroupi devant la tombe de sa mère. Ses yeux se perdaient dans les gravures de la pierre tombale, chaque mot lui rappelant des souvenirs enfouis. Après un moment, il jeta un coup d'œil à sa montre, un soupir s'échappant de ses lèvres alors qu'il se redressait lentement. Il observa la pierre tombale une dernière fois, son cœur lourd de mélancolie.

- Je reviendrai avec lui pour que tu fasses sa connaissance. Et je tiens toujours ma promesse que je t’ai faite il y a 19 ans : Je libérerai papa de cette prison. Arrivederci, mamma. (Au revoir, maman)

Il se détourna, s’apprêtant à repartir, mais un frisson glacé lui parcourut l’échine lorsqu’il aperçut William, appuyé contre sa voiture. La rage envahit aussitôt Jordan, mais il resta impassible, l'observant froidement. William prit la parole le premier.

- Je pensais que cet « accident » t’aurait fait réfléchir. Mais tu es bien comme ta mère, obstiné et borné. Jordan, arrête cette enquête, tant qu’il est encore temps. Profite de ta vie, avant que tu n’y perdes tout.

Les mots de William claquaient dans l'air comme un avertissement empoisonné. Jordan sentit sa colère monter, chaque muscle de son corps tendu.

- Je ne m’arrêterai pas, tu m’entends ? Jamais ! Je sais que mon père est innocent. Je sais que tu caches quelque chose sur la mort de ma mère, et si tu veux m’arrêter… alors il faudra me tuer.

Un sourire malsain s’étira sur les lèvres de William, tandis qu'il s’approchait de Jordan.

- Ce serait tellement dommage si ton cousin, ou ton « petit protégé », ou même Stéphane…aient un malheureux accident, non ?
À cette mention, une rage sourde monta en Jordan, faisant battre son cœur à tout rompre. Dans un élan de colère, il saisit William par le col de sa veste, le tirant vers lui avec une force inouïe. En un instant, il le plaqua brutalement contre la voiture, ses yeux brûlant d'une détermination féroce. Le métal froid de la carrosserie se heurta à son dos, mais Jordan ne ressentait rien d'autre que la nécessité de faire face à celui qui menaçait ses proches.

- Oh oui, Jordan, nous te surveillons. Toi, ton cousin, ton danseur, et son ami. Nous avons des yeux partout. Peu importe où tu te caches, nous savons exactement où tu es.

- Touche ne serait-ce qu’un seul de leurs cheveux, et je te jure que je te tuerai de mes propres mains !

William le repoussa et épousseta sa veste, un rire méprisant s’échappant de ses lèvres.

- Sache une chose, Jordan : nous avons des yeux partout, peu importe où tu es, avec qui tu es, même chez toi. Alors fait gaffe à toi et à tes arrières.

William s’éloigna tranquillement, laissant Jordan en proie à une colère sourde, les poings serrés, les yeux brûlant de rage. Il resta un moment, immobile, avant de regagner sa voiture pour se diriger vers l’Élysée.

Bureau de Julien et Jordan,
Elysée, Paris.
10h36.

Jordan gara sa voiture, encore bouillonnant, et se précipita vers son bureau. Sans même un regard pour Julien, il ferma les rideaux d’un geste brusque, puis verrouilla la porte, déposant son sac et sa veste sur une chaise.

Julien, qui l’observait depuis son arrivée, s’approcha, intrigué.

- Grand cousin, que se passe-t-il pour que tu fermes tout comme ça ?

Jordan croisa son regard et répondit avec une intensité rare

- On est surveillé par William et sa bande, voilà ce qu'il se passe.

Un frisson d’angoisse traversa Julien. Il pâlit, sentant une boule de peur s’installer dans son estomac. Jordan vit cette peur et posa une main réconfortante sur ses épaules.

- Hey, petit cousin, je ne laisserai jamais personne te faire du mal, ni à toi, ni à Stéphane, ni à Gabriel. Compris ?

Julien le fixa, ses yeux brillants d’un mélange de crainte et de détermination.

- Tu me le promets ?

- Je te le promets, dit Jordan, en serrant Julien dans une étreinte rassurante. Personne ne touchera à un seul de vos cheveux, pas tant que je serai en vie

Un silence pesant s’installa entre eux, avant que Julien ne murmure, d’une voix empreinte d’une force nouvelle.

Dans un élan de confort et de sécurité, Julien se blottit dans les bras de son grand cousin, qui l'enveloppa immédiatement de son étreinte protectrice. Il ferma les yeux, répétant doucement qu'il veillerait sur lui.
Pour Julien, Jordan n'était pas simplement un cousin ; il représentait un frère. Bien qu'il l'appelle "Grand cousin", dans son cœur, il savait qu'ils partageaient un lien bien plus profond. Malgré leurs histoires complexes, leurs passés troublés et les moments sombres qu'ils avaient traversés, ils s'étaient toujours soutenus mutuellement, et rien ne pourrait mettre un terme à cette loyauté.

- Je te suivrai, grand cousin. Ensemble, nous gagnerons ce combat, et nous ne sommes pas seuls. Garde cela en tête.

- Je n’ai jamais voulu vous impliquer là-dedans, ni toi ni personne... Si quelque chose devait vous arriver, je ne m’en remettrais jamais.

- Je t’ai toujours dit, cousin, que peu importe les décisions, je te suivrais partout. Et je suis déterminé à te suivre jusqu’à la fin.

À cet instant précis, Jordan aperçut dans les yeux de Julien une lueur qu’il n’avait jamais vue auparavant. C’était une admiration mêlée de détermination, prête à les mener au bout de leur lutte.

Dansons Ensemble Tome1 Naissance d'un amour en flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant