Chapitre 5

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Casse-Noisette.

Grand théâtre Paris
18h35.

Jordan et Julien arrivèrent au théâtre, escortant le ministre et quelques collègues, impatients d'assister à Casse-Noisette. À l’intérieur, la salle était déjà comble. Ils se frayèrent un chemin à travers la foule pour atteindre leurs sièges, prêts à s'asseoir pendant deux heures de spectacle sans interruption. Leurs visages trahissaient déjà une fatigue grandissante. Lorsque les rideaux tombèrent, la musique résonna, enveloppant l'audience, tandis que les invités étaient émerveillés par la beauté du bâtiment.

-Vos théâtres sont impressionnants, Bardella. Je pense que nos deux pays pourraient bien s’entendre, mais tout se joue sur le spectacle de ce soir.

Jordan sourit au ministre, mais son regard se détourna rapidement vers Julien, dont la mine désespérée était plus qu’éloquente.

Les lumières s'éteignirent, et les rideaux se levèrent, révélant une scène éblouissante sous les yeux émerveillés des spectateurs. Julien tourna la tête et aperçut Stéphane descendre les marches avec grâce avant de s'asseoir sur les marches de l'escaliers, Un élan soudain le poussa à se lever, se dirigeant vers Stéphane qui le regarde surprit. Julien se baisse vers lui avant de chuchoter à son oreille.

-Prends ma place, ce sera plus confortable pour toi. Je prends la tienne.

Stéphane, surpris par ce geste inattendu, le remercia d'un sourire avant de s'asseoir à côté de Jordan, qui le dévisageait, perplexe d'être là.

-Séjourné ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu ne pouvais pas venir ce soir.

-Je me suis arrangé avec Macron. Ne dis rien à mon ami, il ne sait pas que je suis là, alors s'il te plaît fais-moi une faveur, ferme ta gueule et dit pas que je suis ici.

Jordan remarqua la tension palpable chez Stéphane mais ne souhaitait pas aggraver la situation, surtout devant l’invité d’honneur.

Son attention se porta sur « l’ami de Stéphane » qui dansait sur scène, captivant son regard par ses mouvements gracieux et fluides. Même sans connaître son nom, il savait qu’il devait faire preuve de patience et de détermination pour obtenir ce précieux sésame.

Une heure s'était écoulée, et Casse-Noisette n'était qu'à l'intermède. Les invités, émerveillés par la beauté du spectacle, différaient totalement de Jordan et Julien, qui se sentaient au bord de l'implosion. Ils souhaitaient ardemment quitter cette salle, mais une heure supplémentaire de représentation les attendait.

Sur scène, les danseurs ressentaient également la fatigue. Leurs pieds leur faisaient mal, mais ils persévéraient, tournant la tête vers Gabriel, qui continuait à danser malgré la douleur. La fin du numéro approchait, et les autres l'encourageaient à poursuivre, oubliant les cloques et la fatigue. La musique devenait plus forte et plus rapide, et l’excitation montait.

-On te laisse faire la fin du troisième couplet, Gabriel. On n'en peut plus...

Sans hésitation, Gabriel exécuta une chaîne de pirouettes, continuant à danser alors que ses camarades se retiraient tels des cygnes. Ils observaient, admirant la détermination de Gabriel qui dansait avec les marionnettes, se perdant dans sa performance tout en masquant la souffrance qu'il endurait.

Gabriel ferma les yeux, se laissant emporter par la musique de l'orchestre, oubliant la douleur et la fatigue, continuant de danser avec une grâce époustouflante. Julien et Jordan, captivés, étaient impressionnés par le courage du jeune danseur, qui savait que la fin approchait. Il prit de l’élan, respira profondément, et se mit à courir, réalisant un saut majestueux faisait honneur aux Attal qui fut salué par une ovation générale

À la fin du spectacle, tous les danseurs firent une révérence, le cœur battant d'excitation et de fatigue. Ils saluèrent les invités, qui se levèrent pour applaudir avec enthousiasme, une ovation qui résonnait dans toute la salle, incluant les trois hommes politiques, leurs visages illuminés par l'éclat des projecteurs. Gabriel, essoufflé, scrutait la salle, une pointe de tristesse l’envahissant. Il cherchait désespérément Stéphane, son ami, dont l'absence pesait sur son cœur. Même s’il savait que Stéphane lui avait dit qu’il ne serait pas présent, il ne pouvait s’empêcher d’espérer un miracle.

Pourtant, une fierté immense l’étreignait. Fier d’avoir brillamment réalisé sa représentation, de s'être laissé emporter par la magie de la danse malgré la pression qui pesait sur ses épaules. Les applaudissements résonnaient comme une mélodie réconfortante, un écho de validation pour tous les sacrifices qu’il avait consentis.

Les danseurs se dirigèrent vers les vestiaires, échangeant des sourires et des rires, leur complicité palpable après tant d’efforts. Les conversations enjouées des invités s'élevaient autour de Casse-Noisette, des mots de félicitations et des critiques émerveillées se mêlant à l’air chargé d’une satisfaction collective.

Jordan et Julien accompagnaient le ministre suédois jusqu’à sa voiture.

-Votre Casse-Noisette m’a impressionné, tout comme cette ville. Je sens que nous allons bien nous entendre, et que nos échanges commerciaux seront un excellent choix pour nos deux nations.

Julien et Jordan échangèrent des sourires tout en serrant la main du ministre, qui s'éloigna vers son hôtel. Une fois seuls, ils purent enfin respirer l'air frais du soir.

-Putain, on l’a enfin dans notre poche. Plus jamais Casse-Noisette, plus jamais.

-Pour une fois, je suis d'accord avec toi. Je ne sentais plus mes fesses, ces sièges font un mal de chien.

Jordan tourna la tête vers Julien qui se plaignait des sièges, et aperçut soudain Gabriel qui quittait le théâtre. Sans plus attendre, il se dirigea vers lui, déterminé.

-Hey ! Attendez !

Gabriel se retourna, levant légèrement la tête pour croiser le regard de Jordan. Une sensation familière s’empara d’eux, comme un écho de leur première rencontre, le monde autour d'eux s'effaçant, laissant place à une intimité naissante.

-Oui ?

-Bonsoir, je voulais vous dire que vous avez été formidable ce soir. Mais, j’aimerais savoir… comment vous vous appelez ?

Gabriel, sur le point de répondre, entendit Stéphane l’appeler.

-Gabriel !

-Stéphane !

Le jeune danseur courut vers son meilleur ami, le prenant dans ses bras, le sourire aux lèvres.

-J'ai réussi ! J'ai réussi à tenir sur scène sans toi.

-C'est fantastique ! Je savais que tu y arriverais. Je suis fier de toi, Gab.

Jordan observa leur étreinte, un sourire se dessinant sur son visage. À cet instant, il réalisa à quel point il voulait en savoir plus sur lui. Gabriel tourna son regard vers Jordan.

-Ho excusez-moi, je suis Gabriel. Et vous ?

-Jordan, Jordan Bardella, enchanté, Gabriel.

Gabriel, les yeux brillants, le regarda intensément, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres.

-C'est magnifique. Votre prénom est magnifique, dit Gabriel, ses mots empreints d'une sincérité désarmante.

-Tout comme le vôtre, Gabriel.

Stéphane, amusé, tira Gabriel vers lui, tandis qu'ils commençaient à s’éloigner. Les deux amis discutaient avec animation, leurs rires résonnant dans la nuit, tout en lançant un dernier regard vers les deux hommes politiques qui les observaient partir, le cœur léger et le sourire aux lèvres.

Dansons Ensemble Tome1 Naissance d'un amour en flammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant