Jour 14

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Le quatorzième jour

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Le quatorzième jour.

Le ciel, jusque-là clair et lumineux, s'assombrit soudainement, les nuages lourds et menaçants envahissant l'horizon à une vitesse surprenante. Tao plissa les yeux, observant le changement brutal du temps, les premières rafales de vent soulevant ses cheveux. Le soleil, qu'elle était venue chercher sur cette falaise, s'évanouissait déjà derrière un mur de nuages.

— On ferait peut-être mieux de redescendre, suggéra-t-elle, un soupçon d'inquiétude dans la voix.

Ben hocha la tête, ses yeux suivant la ligne des nuages sombres qui approchaient rapidement. Alors qu'ils commençaient à plier le plaid, un coup de tonnerre déchira l'air, si fort qu'il fit vibrer le sol sous leurs pieds. Tao se figea, son cœur battant plus vite. La tempête arrivait plus vite qu'elle ne l'avait imaginé.

— Trop tard, murmura-t-elle, luttant contre une montée d'adrénaline. Suis-moi, il y a une vieille cabane plus bas, entre les falaises. On sera à l'abri là-bas.

Sans perdre de temps, ils se mirent à courir. Le vent hurlait dans leurs oreilles, et les premières gouttes de pluie, grosses et glaciales, fouettaient déjà leurs visages. Tao serrait son plaid contre elle, son thermos fermement tenu dans l'autre main, alors qu'ils dévalaient un sentier escarpé caché sous une végétation dense. Le sentier serpentait à travers les arbres penchés sous la force du vent, et chaque éclair illuminait brièvement leur route, projetant des ombres mouvantes autour d'eux.

L'orage grondait plus fort encore lorsqu'ils atteignirent enfin la petite cabane de bois, dissimulée entre deux falaises. Le toit incliné était couvert de mousse et semblait avoir résisté à des années d'intempéries. Tao se baissa rapidement, souleva une pierre près de l'entrée et récupéra une clé, avant de déverrouiller la porte avec des doigts tremblants.

À l'intérieur, le calme semblait presque irréel après le vacarme de la tempête. Le bruit sourd de la pluie frappant le toit devenait étrangement apaisant, bien que le froid les rattrape rapidement. Leurs vêtements, trempés, laissaient des flaques sur le sol en bois.

— Ça va ? demanda Ben en posant son regard attentif sur elle, sa voix grave adoucie par l'inquiétude.

Tao hocha la tête, ses cheveux trempés collant à son visage. Elle tremblait, ses lèvres bleutées par le froid qui s'insinuait jusque dans ses os. Elle resserra instinctivement le plaid autour de ses épaules, cherchant une chaleur inexistante dans le tissu humide.

Sans un mot, Ben s'approcha du poêle de fonte qui trônait dans un coin de la pièce. Il réussit après quelques minutes à allumer un feu modeste avec son briquet et le bois sec laissé à l'intérieur. La lumière dansante et le crépitement du bois réchauffèrent aussitôt l'atmosphère.

— Tu devrais te réchauffer, dit-il doucement, son regard se posant sur elle avec une intensité tranquille. Enlève tes vêtements mouillés et mets-les à sécher près du feu.

Tao sentit son cœur s'accélérer. L'idée de se retrouver en sous-vêtements devant lui, même dans une situation aussi pragmatique, la troublait profondément. Elle chercha ses mots, incertaine.

— Je... et toi ? Tu devrais faire pareil, dit-elle timidement, ses yeux baissés pour ne pas rencontrer les siens.

Ben esquissa un sourire en coin, un éclat amusé dans ses yeux gris, mais il ne dit rien de plus. Il se contenta de hocher la tête et de commencer à retirer sa chemise trempée, la suspendant près du poêle pour la faire sécher.

Tao, gênée, se retourna pour retirer ses propres vêtements, tâchant de faire vite malgré ses doigts engourdis par le froid. Elle accrocha ensuite son pull et son pantalon mouillés sur des crochets près du feu, avant de se glisser sous un plaid sec trouvé dans la cabane. Ses sous-vêtements n'offraient qu'une maigre protection contre le froid, mais la chaleur du feu et le contact réconfortant du tissu sur sa peau humide la réchauffaient peu à peu.

Ben fit de même, suspendant ses vêtements détrempés et s'enroulant dans un autre plaid. Ils s'installèrent tous deux sur une vieille banquette en bois, leurs corps proches l'un de l'autre, partageant la chaleur du feu et celle, bien plus intime, de leurs peaux dénudées. Tao sentit la tension dans l'air, une tension différente de celle que la tempête faisait naître à l'extérieur.

Elle hésita un instant avant de se laisser aller à ce geste instinctif : elle se pencha doucement en arrière, son dos frôlant celui de Ben, puis s'y appuyant complètement. Le contact de leur peau nue, malgré la fine barrière du plaid, lui procura une chaleur inattendue, une vague de confort qui fit battre son cœur plus fort.

Ben ne bougea pas, mais elle pouvait sentir sa respiration plus lente et profonde, comme s'il se concentrait sur l'instant. Il se laissa aller à ce contact, tout comme elle, leurs corps trouvant un équilibre dans cette proximité nouvelle.

— C'est étrange... j'ai toujours pensé que les tempêtes étaient effrayantes, murmura-t-elle, le regard fixé sur les flammes dansantes. Mais avec toi ici, elles semblent presque... réconfortantes.

Ben sourit légèrement, ses yeux mi-clos, profitant du crépitement du feu et de la douceur du moment.

— Alors je suis content d'être là, répondit-il d'une voix grave et apaisante, qui semblait résonner avec le grondement lointain du tonnerre.

Tao, les joues rouges, sentait une tension monter en elle, un désir enfoui, mais elle ne bougea pas. Elle se contenta de savourer cet instant, figé dans le temps, où le monde extérieur semblait s'effacer, laissant place à quelque chose de plus profond et plus intime.

— Moi aussi... souffla-t-elle doucement, presque inaudiblement.

Dehors, l'orage continuait à rugir, mais dans cette petite cabane, le monde semblait s'être réduit à eux deux, pris dans un moment suspendu.

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Le hasard, hasardeux o:)

31 jours à Brumevent || Ben BeckmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant