Jour 15

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Le quinzième jour

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Le quinzième jour. 

Ben extirpa un paquet de cigarettes de la poche arrière de son pantalon encore humide. Il en alluma une avec des gestes rapides et familiers, savourant la première bouffée de nicotine. L'air froid du matin remplissait ses poumons, mais la chaleur de la cigarette semblait détendre chaque muscle de son corps. Il expira lentement, le regard perdu dans l'horizon encore sombre, ses pensées revenant inévitablement à la nuit qu'il venait de passer.

Il avait raccompagné Tao chez elle à l'aube, après avoir passé la nuit dans la cabane nichée entre les falaises. Rien qu'à l'évocation de ses souvenirs, une tension sourde s'installait en lui, presque douloureuse. Il hésita, l'espace d'une seconde, à faire demi-tour, retourner auprès d'elle et céder à la tentation qui lui brûlait encore la peau. L'idée de la retrouver, de s'emparer de ses lèvres, d'oublier la prudence qui le retenait jusque-là, le tentait dangereusement. Mais il ferma les yeux un instant et se pinça l'arête du nez pour dissiper ces pensées. Ce n'était pas le moment.

Il avait d'autres obligations. Il devait retourner au bateau, vérifier que ses camarades étaient rentrés sains et saufs après leur expédition, et éviter que l'équipage ne déclenche une nouvelle pagaille en son absence. Shanks, lui, devait déjà avoir deviné où il se trouvait. À cette pensée, Ben grimaça, sachant que les taquineries seraient inévitables.

Il soupira en voyant les mâts du navire au loin, le grand vaisseau des Roux se balançant doucement sous la brise encore chargée de pluie. Deux silhouettes familières étaient déjà postées au bastingage. Yassop et Lucky Roo échangeaient une bourse, un sourire moqueur accroché à leurs lèvres. Ben serra la mâchoire. Les paris. Encore. Les rumeurs qui circulaient au sein de l'équipage à son sujet le poursuivraient pendant des mois, et il savait déjà qu'il aurait du mal à s'en débarrasser.

— Salut les gars, lança-t-il, essayant de garder une voix neutre. Bien rentrés ?

— Mieux que toi, apparemment, répliqua Yassop avec un sourire entendu.

Ben leva les yeux au ciel et s'approcha, tout en continuant à tirer sur sa cigarette, laissant la fumée s'échapper de ses lèvres.

— Alors, tu t'es bien amusé ? demanda Lucky, son sourire élargi par une malice évidente.

— Pas tellement, répondit Ben avec détachement. Cette maudite tempête m'a empêché de descendre des falaises. Heureusement qu'il y avait un abri.

Ses deux amis échangèrent un regard complice, leurs sourires s'étirant encore davantage. Ils savaient, bien sûr. Ils avaient toujours une longueur d'avance quand il s'agissait de flairer les moindres détails.

— On sent son parfum d'ici, plaisanta Yassop, en reniflant l'air exagérément.

— Les villageois se demandaient si elle s'en était bien sortie, ajouta Lucky avec un clin d'œil. Ils ont été soulagés d'apprendre que t'étais avec elle.

Évidemment. Rien ne pouvait rester secret longtemps avec eux.

— Il ne s'est rien passé, grogna Ben en serrant les dents. Arrêtez de vous faire des idées.

— Vraiment ? Ça fait des jours que tu lui tournes autour. T'es pas à son goût ? lança Roo avec un sourire provocateur.

— Fiche-moi la paix, Lucky, répliqua Ben, une pointe d'avertissement dans la voix.

Lucky Roo leva les mains, feignant la paix, mais le regard moqueur ne quittait pas son visage. Taquiner Ben Beckman était un sport à part entière pour eux, mais il fallait savoir s'arrêter avant que la situation ne tourne mal. Il ne souhaitait pas remplacer les mousses au nettoyage du pont.

— Tu devrais en profiter avant qu'on reparte, continua Yassop, comme s'il ne l'avait pas entendu. Le capitaine veut mettre le cap sur Grand Line sans escale, tu sais.

Ben soupira profondément, ses pensées revenant brièvement à Tao. "Profiter" n'était pas le mot. Il ne voulait pas profiter d'elle. Il ressentait quelque chose de plus profond. La légèreté de sa compagnie lui faisait du bien. Elle l'intriguait. Ce n'était pas un sentiment amoureux ni même une simple tentation charnelle. S'il avait juste voulu se perdre entre les jambes d'une femme, il serait allé au bodel comme tout le monde.

— Aah, Ben, l'interpella Hongo en arrivant d'un pas rapide. Le Capitaine te cherche.

Ben écrasa sa cigarette contre la rambarde du bateau. Shanks n'allait pas le lâcher de sitôt, il le savait. Sans un mot, il se dirigea vers la cabine de son capitaine, une nouvelle cigarette déjà allumée entre ses lèvres.

Lorsqu'il entra, Shanks était affalé derrière son bureau, une bouteille de saké à moitié vide à portée de main. Il parcourait le journal du jour, l'air concentré, mais un sourire amusé naquit sur ses lèvres en voyant son second entrer.

— Tu voulais me voir ? demanda Ben en s'asseyant sans cérémonie sur une chaise en face de lui.

Shanks posa le journal, prenant une gorgée de saké avant de répondre.

— Je voulais juste m'assurer que tu allais bien. Ça fait plusieurs jours que tu te fais rare, répondit-il avec un sourire en coin.

Ben leva les yeux au ciel, attrapa la bouteille et but une longue gorgée avant de répondre :

— Rien de bien excitant. Juste une tempête qui m'a pris par surprise.

Shanks arqua un sourcil, visiblement peu convaincu. Ben Beckman ? Surprit par une tempête ? Voilà quelque chose qu'il n'avait jamais pensé entendre. Ben ne se laissait jamais surprendre. Il anticipait tout.

— Vraiment ? Cette fille doit te chambouler plus que tu ne le laisses entendre, plaisanta le capitaine.

— Tu t'y mets aussi ? grinça Ben, déjà agacé.

Shanks sourit largement, comme s'il savourait chaque seconde.

— On a tous parié. J'suis curieux de savoir si tu vas finir par fondre, toi aussi.

— Il n'y a que toi pour t'enticher de tout ce qui bouge, rétorqua Ben, en allumant une autre cigarette.

— Et Tao, alors ? continua Shanks avec une moue amusée.

Ben soupira, exaspéré. Il la désirait, c'était indéniable. Mais les sentiments étaient bien plus complexes qu'une simple passion passagère. Il la respectait, appréciait sa compagnie, bien plus que ce que ses camarades pouvaient comprendre.

— Tu devrais faire attention à ne pas lui briser le cœur, reprit Shanks, plus sérieux cette fois. Je doute qu'elle s'en remette facilement.

Ben fronça les sourcils.

— Vous avez une fausse idée d'elle. Il n'y a pas d'histoire de cœur à briser. Juste du désir, et elle le sait aussi bien que moi. On en gardera de bons souvenirs, rien de plus. Ça n'a rien à voir avec vos histoires à Yassop et toi, ajouta-t-il.

— Ben... soupira Shanks avec une moue exagérée.

— Arrêtez de projeter vos fantasmes sur moi, trancha Ben avant de se lever, désireux de mettre fin à la conversation.

Sans un mot de plus, il quitta la cabine, laissant Shanks avec ses pensées et sa bouteille de saké, prêt à affronter la journée qui l'attendait. Espérant qu'on le laisse en paix avec le conte de fée à la fin tragique qu'imaginaient ses camarades.

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 L'enchainement Yassop, Lucky et Shanks de bon matin, pas simple à gérer. 

31 jours à Brumevent || Ben BeckmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant