Jour 9

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Le neuvième jour

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Le neuvième jour.

Tao laissa son regard se perdre sur l'horizon tandis que le jour déclinait, peignant le ciel d'une lueur orangée qui se fondait dans le bleu profond de la mer. Ses pieds nus s'enfonçaient dans le sable frais, et l'eau glaciale venait parfois lécher ses orteils, envoyant des frissons glacés tout au long de son corps. Le vent qui balayait la plage lui fouettait le visage, piquant ses joues déjà rougies par le froid, mais elle n'avait aucune envie de quitter cet endroit. Le vent, aussi mordant soit-il, avait quelque chose de libérateur, comme s'il balayait ses pensées tourmentées, les dispersant dans l'immensité du paysage.

Elle tira son écharpe plus haut sur son nez, cherchant à conserver un peu de chaleur, tout en resserrant les pans de sa veste autour d'elle. Malgré ses efforts, le froid s'infiltrait dans ses vêtements, gelant ses extrémités. Mais Tao ne bougeait pas. Ce froid presque insupportable l'aidait à échapper aux pensées qui tournoyaient dans son esprit, lui offrant un répit. Ici, face à l'océan, elle pouvait se laisser happer par l'immensité bleue qui s'étendait à perte de vue, se demandant une fois de plus ce qui se trouvait au-delà de l'horizon. Les terres lointaines, les aventures inconnues dont elle avait tant lu... Mais elle n'avait jamais eu le courage d'y aller. Son esprit voyageait avec les récits qu'elle recopiait dans sa bibliothèque, et c'était suffisant, ou du moins, elle avait appris à s'en contenter.

Un frisson la secoua de plus belle, et elle finit par remettre ses chaussures, cherchant un peu de chaleur en s'asseyant sur un rocher tout proche. Le vent jouait avec ses cheveux, et le bruit des vagues résonnait comme une mélodie lointaine. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas immédiatement la présence qui s'approchait doucement. Ce ne fut qu'en sentant quelque chose se poser délicatement sur ses épaules qu'elle sursauta, levant brusquement les yeux pour découvrir Ben debout à côté d'elle, son regard gris ancré dans le sien.

Il avait retiré sa veste pour la lui mettre, et Tao sentit instantanément la chaleur réconfortante qui s'en dégageait. Le pirate, lui, ne portait plus qu'un pull léger, clairement insuffisant pour le protéger du vent mordant. Pourtant, il semblait indifférent au froid qui s'installait peu à peu dans la soirée.

— Tu vas attraper la mort en restant là, soupira Ben avec une légère pointe de reproche dans la voix. Tu devrais rentrer.

Il lui tendit la main, exactement comme il l'avait fait le jour de leur première rencontre. Tao hésita une seconde, surprise par la familiarité du geste, avant de s'en saisir. Le contact de sa peau contre celle de Ben fit battre son cœur plus vite, comme si la chaleur de sa paume se répandait dans tout son corps. Il l'aida à se relever d'un mouvement fluide, mais le sable la déséquilibra légèrement, la poussant à poser son autre main sur le torse solide du pirate pour ne pas tomber. Elle sentit ses muscles se contracter sous ses doigts, même à travers les couches de tissu, et un léger rouge monta à ses joues.

Ben sourit légèrement, profitant de l'instant pour garder sa main dans la sienne un peu plus longtemps que nécessaire, ses doigts serrant les siens avec douceur mais fermeté. Tao, troublée par cette proximité, leva les yeux vers lui, se perdant dans ses pupilles grises. Il y avait quelque chose dans son regard, une intensité qu'elle ne savait pas interpréter, mais qui la fit frémir. Chaque fibre de son être était en alerte, comme si l'air entre eux crépitait d'une tension invisible. Son cœur battait à tout rompre, et elle se surprit à désirer combler le peu de distance qui les séparait encore. Mais elle n'osa pas.

Elle resta là, à savourer leur proximité, ses yeux glissant entre les traits du visage de Ben, la courbe de son cou, et surtout ses lèvres, qu'elle avait une irrésistible envie d'effleurer des siennes. Chaque seconde passée ainsi semblait étirer le temps, la faisant frôler un instant qu'elle n'était pas sûre de vouloir interrompre.

— Nous devrions retourner au village, murmura finalement Ben, à contrecœur, sa voix rauque brisant le silence entre eux.

— Nous devrions, répéta-t-elle dans un souffle, comme une promesse non tenue.

Ben laissa son regard errer un instant de plus sur les lèvres de Tao, avant de relâcher doucement sa main. Il se redressa légèrement, et, comme s'il s'efforçait de retrouver son calme, il recula d'un pas. Ensemble, ils commencèrent à marcher en silence vers le village, leurs pas résonnant doucement dans le sable humide. Aucun mot ne fut échangé sur le chemin, mais une tension palpable les entourait.

31 jours à Brumevent || Ben BeckmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant