Chapitre 15 - (partie 1/2)

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« Je suis en pleine forme. En forme de patate. »


Relever les morts, ça crève.

J'ai dormi trois jours.

Je ne vous dis pas l'état de ma vessie au réveil.

Mais, tout ça, c'est derrière moi.

La vie a repris son cours. Nous avons quitté le village des schtroumpfs et rebroussé chemin vers le portail qui nous mènera au Mexique.

Yeah ! À moi le soleil et les plages de rêve !

J'espère que les démons n'ont pas trop terraformé ce coin du monde. Je préférerais ne pas avoir à me balader en doudoune dans un pays connu pour son climat tropical... Même si je dois reconnaître que, dans l'ensemble, l'écosystème de la Terre s'est admirablement bien adapté aux transformations liées à l'Apokali.

La magie a fait des miracles de ce côté-là, j'imagine que Gaïa n'était pas très OK à l'idée de voir sa faune et sa flore naturelle pâtir de la situation et qu'elle a donc fait en sorte que la transition se passe au mieux.

Si les créations humaines ont pris tarif, les animaux et les plantes ont été relativement épargnés, évoluant à une vitesse folle pour faire face à l'adversité.

Un jour, alors que nous étions toujours à la recherche de nos amis avec mon sensei, nous avons traversé un bout de paysage glacé — les températures étaient des plus clémentes quelques pas plus tôt, alors je ne vous raconte pas le calvaire... Bref —, après nous être remis de cette difficile transition, nous sommes tombés nez à nez avec un groupe de créatures qui chahutaient joyeusement dans la neige.

J'étais persuadée qu'il s'agissait d'une espèce de démons inconnue, jusqu'à ce que l'humain qui les accompagnait nous explique que nous avions affaire à des lézards... Des lézards à poil long.

L'homme faisait l'élevage de reptiles avant l'Apokali et il nous a confié que, lorsque les démons étaient arrivés dans ce coin du pays, entraînant par la même une chute considérable des températures, les lézards avaient muté en mode express, leur apparence changeant du jour au lendemain.

L'éleveur reptilophile... Terrariophile ? Enfin, le lézardophile, quoi, s'était attendu à les trouver morts ou en sommeil — le froid n'étant pas trop leur kiffe habituellement —, mais non. Les petites bêtes s'étaient simplement recouvertes de poils et poursuivaient leur vie comme si cette évolution accélérée était parfaitement logique.

Cette expérience m'a poussé à me demander quel pourcentage d'animaux que nous connaissons aujourd'hui est né d'une évolution subite advenue lors de la première arrivée des démons.

Si ça se trouve, à l'origine, les ours étaient tout nus, les tortues n'avaient pas de carapaces, et les porcs-épics étaient doux comme des moutons.

Toujours est-il que c'est un bien drôle de monde dans lequel nous évoluons aujourd'hui.

Je suis assez fière d'y avoir contribué.

Et j'y contribue toujours, me fais-je la réflexion en lorgnant du côté de notre convoi de bras cassés et de gueules amochées.

Les Archimorts suivent docilement nos pas depuis que nous avons repris le mouvement.

Ils s'avèrent de bien meilleure compagnie que leur précédente version d'eux-mêmes.

Ils sont beaucoup plus loquaces aussi, bien qu'on ne les comprenne pas toujours.

Quant à mon Ronron, il est plongé dans ses pensées depuis que nous avons quitté le village du Petit Peuple. Il est clair que notre baiser l'a retourné.

Deka Kerberos - Tome 3 (final)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant