Chapitre 7 - (partie 1/2)

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« Quel que soit le trône,
on est toujours assis sur son cul »


Jusqu'ici, tout va bien.

Je me répète cette phrase pour ce qui doit être la vingtième fois en moins de cinq minutes alors que les grandes grilles du château de Draculetta s'ouvrent pour nous livrer l'accès à sa demeure.

Notre joyeuse bande disparate emprunte le petit pont de pierre qui relie l'entrée extérieure au porche. Nous suivons docilement les pas de la gargouille chargée de nous mener jusqu'à la reine.

Approcher de l'immense bâtisse qui renferme la cour d'Inashtar ne nous a posé aucun problème.

Je m'attendais à devoir affronter une horde de suceurs de sang en chemin, mais le lieu est aussi austère que désertique.

Mise à part les quelques gargouilles qui nous ont barré le passage devant le bâtiment pour s'enquérir de la raison de notre venue, il n'y a pas âme qui vive...

Remarquez, c'est plutôt logique pour des vampires et des monstres de pierre censés être figés dans le marbre, à la base.

Maintenant que j'y pense, les gargouilles n'appartiennent pas au même peuple que leurs amis à grandes dents. Ce sont des Caillasses, pas des Couche-tard. Je me demande ce qu'elles font là.

Peut-être ont-elles sympathisé avec les vampires au fil des siècles et ont été si heureuses de les retrouver après qu'ils aient été libérés de leurs geôles respectives qu'elles ont décidé de ne plus les quitter ?

Après tout, les démons s'étaient mélangés sur Terre. Jusqu'à donner parfois de nouvelles espèces... Comme Rondelle et Rondin.

Ce dernier me fait un sourire renversant quand il s'aperçoit que je suis en train de le mater.

Il doit être aux anges avec tous ces cailloux qui l'entourent.

Notre guide s'arrête devant la grande porte gothique du château.

Jusqu'ici, tout va bien.

En fait, je me raccroche à ces mots depuis que nous avons rejoint la Transylvanie et ses sombres contrées.

Le paysage environnant a tout de celui qu'on peut s'imaginer quand on pense au célèbre Dracula. Sinistre et désolé.

De quoi vous filer les chocottes. Et vous pousser à vous répéter des paroles réconfortantes pour vous donner le courage d'avancer.

Heureusement, notre parcours à travers l'inquiétante forêt qui borde le château a été égayé par les rires étranges qui nous ont accompagné tout au long du chemin.

J'ignore ce qui a pu provoquer une telle hilarité chez cet être que nous ne voyions pas, mais sa bonne humeur était contagieuse. Elle m'a permis de mieux vivre l'expérience.

En dehors de cet épisode réjouissant, l'atmosphère des lieux colle parfaitement à la reproduction qui en a été faite sur l'une des dix grandes peintures du refuge kerberos russe. De celles que Nyeleti tenait à me montrer absolument pour me familiariser avec la véritable apparence des démons.

La plupart d'entre eux sont retournés séjourner dans les zones de la Terre qu'ils peuplaient jadis, imprégnant les lieux de leur magie et métamorphosant le paysage à leur image.

Mais, certains énergumènes ont choisi de voyager ou de s'installer ailleurs, rendant les différentes parties du monde aussi imprévisibles que la boîte de chocolats de Forest Gump.

Aujourd'hui, quel que soit l'endroit où l'on se rend et le climat auquel on était habitué, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.

En constatant à quel point les artistes filigays ont su retranscrire la réalité, je me sens chanceuse d'avoir eu la possibilité de contempler les grandes œuvres du refuge russe avant d'évoluer sur cette Terre métamorphosée.

Deka Kerberos - Tome 3 (final)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant