Chapitre 14

76 18 14
                                    

Une horde de morts-vivants nous fait face.

Une douzaine d'individus, plus précisément... Comme les vampires-faë que j'ai propulsés dans le marécage la veille.

Ils ont la même tête aussi. À quelques morceaux manquants près.

Je remarque que, chez plusieurs d'entre eux, les os sont apparents. Leur peau et leur chair ont totalement disparu sur certaines parties du corps, comme si quelques monstres gloutons s'étaient attardés sur elles. Et, chose étonnante, la plupart d'entre eux sont couverts de flèches.

— Les lutins ont cru à une nouvelle attaque, au début, quand ces gars-là sont sortis de l'eau, me renseigne Rondelle en suivant mon regard. Ils ont cessé de les attaquer quand ils se sont rendu compte qu'ils ne répliquaient pas.

Les cadavres ambulants se tiennent là, sans bouger, semblant attendre un ordre quelconque.

De l'eau dégouline encore le long des lambeaux de chair qui pendent de leurs membres décharnés... C'est... dégueulasse.

Le bon côté, c'est que les revenants, tout comme Ronron avant eux, ne semblent pas me tenir rigueur de leur sort. Ils paraissent plutôt inoffensifs pour le moment.

À moins qu'ils ne fassent semblant ?

Oh, misère !

— Vous êtes revenus pour vous venger et vous êtes en train de vous demander quel bout de moi vous allez ronger en premier ? me renseigné-je, les traits tirés.

— Norrghrghh, me répondent-ils.

Le maxillaire inférieur du zombie le plus à gauche s'écrase par terre. Il baisse les yeux vers lui et l'observe pensivement.

Rondin s'approche pour le ramasser avant de lui tendre, gentiment.

— Arrghr, lui dit le cadavre après l'avoir remis en place.

Je me penche vers Aaron :

— Je crois que ça veut dire merci.

— Tu as levé une armée de morts-vivants, commente-t-il d'une voix désincarnée.

Il doit être en état de choc. Je crois qu'il peine encore à admettre ce que ses yeux voient.

Je hausse les épaules.

— Bah, en réalité, c'était déjà un peu le cas avant. Je veux dire... Ils étaient déjà morts. J'ai juste accentué le trait. Et puis, qui te dit que je suis responsable de leur nouvel état ? Ça pourrait être l'œuvre d'un démon nécromancien. Il doit bien y en avoir parmi toutes les créatures bizarres qui sont sorties des Enfers, non ?

Le regard qu'Aaron me lance se fait perçant, et chargé de reproches.

— Je t'ai entendu crier dans ton sommeil. Tu t'es agitée, puis tu as hurlé « Non ! Ne me mangez pas, jolis petits cadavres ambulants ! Laissez-moi réparer mon erreur. Je vous promets de vous faire revenir ! ».

— Ah.

C'est vrai que ça colle plutôt pas mal avec les bribes du cauchemar qui me reviennent.

Ce sont donc des zombies vampires ?

J'ai réussi à relever des morts de la mort ?

— La classe n'empêche ! me jeté-je des fleurs. J'ai réussi à ressusciter des morts !

— Parce que tu trouves qu'ils ont vraiment l'air d'avoir ressuscité ? persifle le Kerberos en englobant les malheureux d'un geste de la main. Ils sont toujours morts, Kali.

Deka Kerberos - Tome 3 (final)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant