Deka Kerberos - Tome 3 (final)

Chapitre 27

« Je ne te déteste pas, je veux juste toucher ton visage, avec une pelle. Vraiment fort. »

Ronron s'est absenté.

Dès que nous avons pénétré la salle du trône, il est venu chuchoter quelques mots à l'oreille d'Inashtar, qui a paru très enjouée par ce qu'il avait à lui révéler.

Il n'y a à peu près aucun doute sur le fait que ce soit à propos de la présence de Cerbère en ces lieux. Même si, pour le moment, la fausse-reine n'y a fait aucune allusion. Elle se contente de nous scruter d'un air mutin, avachie dans son trône, ses jambes battant l'air sur l'un des accoudoirs.

Visiblement, elle s'amuse comme une folle.

Je déteste la façon dont les choses sont en train de tourner.

Et Ronron reste muet à tous les signaux que je tente de lui faire passer à travers notre lien depuis qu'il est parti.

Je n'arrive pas à croire qu'il ait retourné sa veste aussi vite !

Judi, Nyeleti, les patapons et moi nous sommes bien gardés de faire référence à Cerbère, de notre côté. Je crois qu'on espère tous qu'une partie de Ronron est restée suffisamment consciente pour lui avoir caché l'information.

Oui. C'est forcément le cas.

Il ne peut pas être redevenu le connard qu'il était il y a encore quelques jours. On a partagé le grand Opium, on s'est lié par le Koinonos, sacrebleu !

— Alors, comme ça, Cerbère est dans les parages, lâche soudain Inashtar.

Une chappe de plomb s'installe sur la salle.

— Connasse.

Je place aussitôt mes mains devant ma bouche.

Oups. C'est sorti tout seul.

— Cognassier ! enchaîné-je rapidement. Il y a des cognassiers, dans le coin ? J'adore les coings.

Vampirella fait claquer sa langue contre son palais.

— Je comprends ton désarroi, Kali. Ça ne doit pas être évident de te rendre compte que l'homme que tu aimes en préfère une autre et n'hésite pas à te trahir en dévoilant tous tes plans.

— Dans tes rêves, Draculetta ! Aucune chance qu'il te préfère. Il n'y en a pas deux comme moi, c'est Ronron qui me l'a dit. Tu ne m'arrives pas à la cheville.

— La déesse est la meilleure ! scandent mes patapons, toujours le dos collé l'un à l'autre.

Nous sommes tous positionnés au milieu de la salle, face au trône de la fausse-reine. Malgré la situation, notre port de tête est très digne, je tiens à le préciser.

— Comment expliques-tu qu'il se soit empressé de me révéler une information aussi précieuse, dans ce cas ? badine Inashtar. Rien ne l'y obligeait. Le contrôle que j'exerce sur lui est limité. Il obéit à mes ordres sans discuter, mais il conserve une certaine maîtrise de ses actes. C'est ce qui me plaît dans cette forme de possession. J'arrive quand même à être surprise par mes sujets... Pour mon plus grand bonheur !

J'aimerais tellement que les deux têtes de dragons de pierre qui entourent son visage prennent vie pour venir lui arracher la jugulaire...

— Tu voulais qu'on parle ? s'impatiente Judikael. Alors, parlons.

Je me fige.

Ils ont bougé.

Les dragons. Je suis certaine de les avoir vus cligner des yeux.