Mon héros

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Le retour anticipé et précipité de mes parents m'a laissée dans un état partagé entre soulagement et frustration. À peine avaient-ils franchi le seuil de la maison que j'ai ressenti l'atmosphère lourde de leur inquiétude. Ils semblaient vieillis, leurs traits déformés et leurs visages fatigués. Et malgré leur léger teint hâlé des vacances, ils semblaient porter le poids des événements récents. Le contraste entre leur retour forcé et leur enthousiasme avant leur départ rendait la situation d'autant plus oppressante.

Quand ils m'ont enfin parlé, leurs mots étaient chargés de gravité et chaque phrase martelée comme une sentence irrévocable. Leur décision était sans appel : interdiction de sortir et confiscation de mon téléphone portable jusqu'à nouvel ordre. Je savais que protester serait vain. Cette restriction me coupait un peu plus du monde extérieur. J'étais condamnée à cet isolement et mes parents semblaient, malgré tout, eux-mêmes désarmés face à la situation. Je voyais bien que ma situation les peinait, mais ça ne changeait rien à leur intransigeance. Mamie et papi étaient restés cette nuit-là, leur présence rassurante, mais au petit matin, ils sont repartis. Leur départ a laissé un vide et une atmosphère pesante.

Les journalistes et photographes, bien que moins nombreux qu'auparavant, continuent de surveiller ma vie privée et capturent chacun de mes mouvements avec une insistance quasi obsessionnelle. Leur présence constante devant la maison et leurs objectifs braqués sur moi me font me sentir observée, traquée, piégée. Lors de chacune de mes rares sorties, leur excitation est sous-jacente et les flashs crépitent comme des coups de feu. Les visages curieux se penchent, cherchent à lire mes émotions et à comprendre ce que je ressens. Pourtant, face à cette marée humaine, je m'efforce de suivre les consignes familiales et reste fidèle à notre stratégie : baisser instinctivement la tête, éviter le contact visuel et refuser de répondre à leurs questions. La peur d'une nouvelle controverse me paralyse et je préfère vivre dans l'ombre plutôt que d'attirer à nouveau l'attention sur moi.

En ce lundi de rentrée, l'atmosphère est tout aussi lourde au sein du lycée. Dès que je franchis le portail, des regards me suivent, des messes basses m'entourent et des chuchotements se font entendre dans mon dos. Ce que je croyais être un cauchemar virtuel alimenté par les réseaux sociaux prend soudainement une forme bien plus réelle et oppressante.

À mesure que je me dirige vers l'entrée du bâtiment principal, j'essaie de garder le contrôle et ne pas céder à l'envie grandissante de fuir. Mais mon cœur s'emballe à chaque murmure capturé et à chaque rire retentit. Une panique sourde monte en moi. Suis-je réellement en train de devenir le centre d'un spectacle auquel je n'ai jamais voulu participer ? Marcher avec assurance et avancer sans baisser les yeux ressemble à une mission impossible. Un murmure plus distinct traverse le brouhaha mais son origine est difficile à cerner. « C'est elle... » Les mots vibrent encore alors que je continue d'avancer, seule au milieu de tout ce monde.

Au milieu de cette tempête, j'aperçois enfin Jamie. Il se fraye difficilement un chemin à travers la foule, sa silhouette familière émergeant dans le chaos. Vêtu de sa salopette verte et de ses rangers marron, il semble avoir une nouvelle fois réussi à allier audace et confort. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, son visage familier et son regard complice me rassurent. Silencieux, il glisse un bras protecteur autour de mes épaules. Ce geste, d'habitude anodin, prend aujourd'hui des proportions réconfortantes. C'est un bouclier contre l'hostilité ambiante, un rappel que, malgré la tempête, je ne suis pas seule. Dans ce moment fragile, je me permets de croire qu'avec lui à mes côtés, peut-être que je pourrai surmonter les doutes et l'inquiétude qui m'envahissent.

Nous longeons l'immense hall d'entrée. Les chuchotements autour de moi diminuent à peine, mais sa présence rend leur portée plus supportable. Devant nous, un groupe de filles de dernière année forme une ligne presque menaçante. À leur tête, Jenny Garner, grande, blonde et sûre d'elle. Elle se tient là, ses bras croisés et son regard chargé de mépris.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 30 ⏰

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The song of AmyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant