Chez Rob 2

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Trois verres en l'espace de trente minutes, c'est une première pour moi. Pour le moment, je ne ressens rien d'inhabituel, si ce n'est que je ne cesse de sourire et c'est très agréable.

Je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec Léandre depuis le défi relevé. Il est trop occupé à draguer. Une dizaine de jeunes filles de notre lycée n'arrêtent pas de l'accaparer, la flattant de tous les côtés. Léandre par-ci, Léandre par-là, un véritable pacha !

- Tu le trouves comment, Léandre ? lance Jonathan, assis à mes côtés.

- Je te demande pardon ? réponds-je, feignant l'ignorance.

- Tu n'arrêtes pas de le regarder depuis tout à l'heure, alors je me demande comment tu le trouves, réplique Jonathan, l'air canaille.

- Il est sympa, dis-je, nonchalante.

- Mais encore ? insiste-t-il.

J'aimerais lui dire qu'il m'ennuie avec ses questions. Cependant, la manière dont il se comporte depuis notre arrivée est exemplaire. Je mime un furtif "non" de la tête et ce geste semble être suffisant pour mettre fin à son enquête.

- On s'amuse comme des fous, tu vois, petite rabat-joie, chuchote Jamie en rejoignant la table quelques secondes après la fin de mon bref échange avec Jonathan.

- Tu étais parti où ? demandai-je, curieuse.

- Tu vois le mec là-bas ? Il semblerait qu'il apprécie fortement ma compagnie, dit-il, accompagné d'un clin d'œil coquin.

Je ne l'interroge pas davantage, ne souhaitant pas le faire entrer dans les détails, une caractéristique qui, d'ordinaire, lui est propre. Et de toute façon, je n'en ai pas eu le temps. À peine a-t-il fini sa phrase qu'il a déjà détalé vers l'imposant mâle qu'il vient de me montrer. Et quel beau mâle, je dois bien l'avouer. Il doit bien faire deux mètres de long et sa musculature, à l'instar de ses traits faciaux, est parfaitement dessinée.

Je les observe un moment, ils alternent entre paroles et rires. Même avec la distance, l'alchimie entre ces deux êtres sonne comme une évidence, c'est beau. Je tourne mon regard vers le reste de la salle à la recherche de quelque chose pour me distraire.

- Tu penses qu'ils se kiffent ? interroge Léandre en s'asseyant à mes côtés.

- Je ne sais pas, mais c'est une possibilité, réponds-je, étonnée par notre soudaine proximité. Sa présence me réconforte un peu, malgré tout.

- Oui, c'est sûr. Tu as quelqu'un dans ta vie, toi ?

Pour une raison qui m'échappe, je rougis. Qu'est-ce que cela peut bien lui faire si j'ai quelqu'un dans ma vie ? Mes pensées s'embrouillent et je me demande pourquoi sa question me trouble autant.

- Amy ?

- Oui ? demandai-je en le regardant enfin dans les yeux, un peu gênée.

- As-tu quelqu'un dans ta vie ? Il semble sincère dans sa curiosité et je me sens piégée.

- Je... non, personne, finis-je par dire.

Et c'était vrai. Hormis un baiser échangé avec Owen lors d'un voyage scolaire en Angleterre, il y a deux ans, je n'avais jamais eu de relation avec un garçon. Mon célibat est un choix, j'aurais pu très bien sortir avec Charles, un camarade de mon ancien lycée. Il était aussi beau qu'intelligent, mais je n'étais pas assez mature pour aller plus loin que nos simples échanges. En réalité, j'étais trop préoccupée par mes études pour me lancer dans une vraie relation.

- Et toi ? osé-je lui demander à mon tour, l'alcool me donnant peut-être un peu de courage.

- Moi non plus. Malheureusement, ajoute Léandre en mimant une tête de chien battu, ce qui me fait sourire.

The song of AmyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant