The song of Amy

Kiss kiss love

- J'espère que tu ne ronfles pas, je ne pense pas pouvoir le supporter, chuchote Léandre tout en éteignant son imposante lampe de chevet.

Cette soudaine obscurité me renvoie irréductiblement à l'endroit où je me trouve, à la proximité de Léandre et à l'étrangeté de la situation.

- Je ne ronfle pas, finis-je par dire après un long silence. Et toi, as-tu la manie de faire du bruit dans ton sommeil ?

- On ne me l'a jamais reproché, alors j'imagine que non.

- Bien, bonne nuit, Léandre.

- Tu es fatiguée ?

- Pas tant que ça, réponds-je, les yeux fixés sur l'heure projetée au plafond par le radio-réveil.

Il est déjà 2h29 et pourtant je ne ressens qu'un léger état de fatigue. D'ordinaire, à cette heure-ci, je suis couchée et endormie depuis un bon moment. Cependant, je perçois du positif dans tous ces changements récents. Notamment, cette sensation exquise de devenir une jeune fille de 16 ans comme n'importe quelle autre. Non pas que mon objectif majeur soit de ressembler à n'importe qui, mais seulement de vivre des moments comme celui-ci. Inattendu, dangereux et exaltant... Que penseraient mes parents s'ils savaient où je me trouve à cet instant ? Pas autant de bonnes choses que moi, c'est certain !

- Quels sont tes rêves Amy ?

Je ne m'attendais absolument pas à cette question. Il y a peu, la respiration de Léandre s'était accélérée, me persuadant qu'il était déjà tombé dans les doux bras de Morphée.

- Être admise à Brown et vivre ! m'exclamai-je, pourtant, aussitôt.

Le peu de réflexion que j'ai pris pour cette réponse n'est pas des plus prestigieux. Que va penser Léandre du sens de ce dernier rêve ?

- Vivre ?

Consciente de ma soudaine impulsivité, je prends un moment pour répondre à cette question :

- Profiter de tous les moments qui me sont permis de vivre. Croquer la vie à pleines dents et me contenter de ce qui me rend heureuse. Laisser le négatif de côté et ne retenir que le positif. C'est utopique, mais bon, tu vois le genre !

- Décidément, tu es différente, Amy Stretford.

Sa dernière phrase s'est faite dans un murmure et malgré l'obscurité qui nous entoure, je sens notre proximité se réduire. J'ai le cœur qui bat de plus en plus rapidement à mesure que Léandre se rapproche de moi.

À présent, nous sommes tournés l'un vers l'autre et nos respirations s'accrochent avec intensité. Son nez vient doucement se frotter au mien, un geste délicat qui fait battre mon cœur un peu plus fort et sans que je puisse avoir le temps de comprendre, ses lèvres viennent se fondre sur les miennes. Ce premier contact est électrisant. La douceur de ses lèvres contre les miennes crée une vague de chaleur dans tout mon corps. Je sens un frisson me parcourir comme si chaque cellule de mon être réagissait à cet événement inattendu. Les battements de mon cœur résonnent dans mes oreilles. Mes lèvres s'ouvrent légèrement et nos langues se rencontrent timidement au début, puis avec passion. C'est inédit, chaque mouvement semble en dévoiler un peu plus sur nous deux.

Je réalise que ce contact, bien que nouveau pour moi, est chargé d'une tendresse et d'une intensité qui me transportent. L'angoisse de l'inconnu se dissipe lentement. C'est une découverte qui me fait vibrer. Je n'aurais jamais cru que quelque chose d'aussi simple pouvait être aussi puissant. Ce baiser est digne d'un film romantique. J'aurais envie de remercier Léandre pour me faire partager un tel moment. Malheureusement, le manque d'air cuisant m'oblige à rompre à contre-cœur notre instant.