Je me tiens devant la belle maison de Léandre avec cinq minutes de retard et, tant que je le peux encore, savoure l'air frais à l'aide de profondes inspirations.
En me regardant dans le miroir avant de partir, je m'étais surprise à jouer avec du maquillage encore une fois. Un peu de mascara et juste pour le fun un léger trait d'eyeliner. Rien de trop extravagant mais ce qu'il faut pour illuminer mon regard. En marchant, je me suis demandée si le vent saisissant n'avait pas fait disparaître tout ça. Je ris intérieurement, c'est bien la première fois que je me soucie de mon apparence un dimanche. Cela en dit long sur le changement de mes habitudes et sur l'importance de ce rendez-vous.
Tout en avançant, je repense à maman et à son regard interpellé lors de mon passage rapide devant le salon. Elle m'a dévisagée avec une mince suspicion, presque un mélange d'étonnement et d'inquiétude. Elle doit vraiment commencer à se demander ce qui se passe dans ma vie ces derniers jours. Peut-être même qu'elle se dit que je suis raide dingue de Jamie. Je repense à nos rires et à nos discussions, son absence me pèse déjà.
Je frappe doucement et attends, le cœur battant. La porte s'ouvre et je suis accueillie par le sourire chaleureux de Léandre, qui semble ravi de me voir. L'angoisse de mon retard s'estompe peu à peu.
- Bah, qu'est-ce que tu attends ? Viens, Amy ! Tu vas attraper froid, dépêche-toi !
Les mots de Léandre résonnent dans ma tête. Je n'ai pas le temps de laisser ma boule au ventre refaire surface. Il m'attrape doucement par le bras et me guide à l'intérieur de chez lui. La chaleur de son geste réconfortant me surprend. Je recule légèrement.
- Je ne t'ai pas fait mal, j'espère ? s'inquiète-t-il immédiatement.
- Non... non, pas du tout ! Je me précipite à répondre, même si, dans le fond, je doute que je pourrais vraiment ressentir la douleur, tant la douceur de sa peau contre la mienne semble m'envelopper.
- Suis-moi, on va se caler dans ma chambre. Enfin, sauf si tu préfères le salon ? reprend Léandre en scrutant mon visage.
Mon cœur s'emballe légèrement à l'idée de sa chambre. J'hésite un instant, pesant mes options, avant de laisser échapper un sourire timide.
- Oui... la chambre, je veux dire, c'est bien.
Il ne fait aucun doute que, sortie de son contexte, ma phrase pourrait sembler étrange. Il acquiesce avec un sourire, comme s'il avait enfin reçu le feu vert. L'atmosphère est chargée d'une tension presque palpable.
Comme il me l'a demandé, je suis sagement derrière Léandre, le suivant jusqu'à sa chambre. À chaque pas, je ne peux m'empêcher de m'émerveiller face à l'immensité de sa maison, qui me paraît encore plus vaste que lors de ma première visite, il y a à peine deux jours. Chaque couloir, chaque pièce semble raconter une histoire. Je suis interpellée par l'art qui orne les murs de cette demeure. Ses parents, manifestement passionnés, ont rassemblé une collection éclectique qui témoigne de leurs goûts variés. Des tableaux contemporains aux œuvres classiques, en passant par des tableaux abstraits, il y en a véritablement pour tous les goûts. Les paysages semblent capturer la lumière de manière presque hypnotique, les portraits nous scrutent avec une intensité troublante et les abstractions provoquent une réflexion. Les sculptures en argile, visiblement faites à la main, occupent les espaces et témoignent d'une créativité qui ne se limite pas seulement à la peinture. Je me demande si Léandre a hérité de ce goût pour l'art. Une part de moi souhaiterait lui poser la question, mais l'élan de notre marche me retient. Mon acolyte ne me laisse guère de temps pour m'attarder sur ces merveilles. Avec un pas pressé, il avance rapidement dans le couloir. Il tourne parfois la tête, un regard furtif vers moi, comme s'il s'assure que je parviens à suivre son rythme effréné.
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The song of Amy
Teen FictionLe lycée de Milford est en pleine effervescence. L'un de ses élèves vedette vient de décrocher une place pour la finale de « The Artist », l'émission musicale la plus suivie des Etats-Unis. À seulement 17 ans, Léandre Harrison, jeune prodige à la vo...