À bientôt, George

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Le reste du week-end familial fut plutôt calme. L'atmosphère tranquille de la maison contrastait avec l'agitation de mes pensées. Mamie, fidèle à ses traditions, nous a préparé ses fameuses crêpes dominicales, une véritable institution dans notre famille. L'odeur sucrée de la pâte dorée et le parfum de la confiture maison embaumaient la cuisine, c'était très réconfortant. Nous nous sommes ensuite baladés dans le parc attenant à la maison. Le ciel était gris et le froid saisissant nous mordait les joues, mais le paysage enneigé était éblouissant. Les flocons avaient recouvert le sol d'un épais manteau blanc. Les branches des arbres étaient alourdies par la neige, tandis que le silence de l'hiver ajoutait une dimension magique à cette promenade.

Je n'avais pas échangé un mot avec Jane et elle avait fait de même. Maman avait exprimé son mécontentement face à notre si faible attachement, un commentaire qui nous avait pris de court. Nous avions feint de l'écouter et de la comprendre. La discussion fut close, notre relation toujours aussi morose.

Je n'avais pas répondu aux derniers messages de Léandre, ni à celui où, le lendemain, il s'excusait d'avoir été un brin intrusif. J'appréhende un peu de le croiser dans la journée, car je me demande bien de quoi nous pourrions discuter.

Ce matin, devant les portes du lycée, je n'ai qu'une envie : voir mon ami. Jamie m'attend, comme convenu, près du garage à vélos.

- Alors, ton week-end, poupée ? me demande-t-il avec un air espiègle.

Son look du jour est particulièrement soigné. À défaut de répondre à sa question, je lui demande ce qui justifie tant d'efforts vestimentaires.

- J'ai rendez-vous avec mon prince charmant, lance-t-il, les yeux pétillants d'excitation..

- Lequel ? demandai-je, submergée par la curiosité.

- Ahah, c'est un mystère, répond-il en me faisant un clin d'œil.

Je ne peux m'empêcher de penser à l'autre fois, chez Rob.

- Celui de mardi soir ? Ne puis-je m'empêcher d'ajouter, en jouant la carte de l'innocence.

- Peut-être, peut-être pas...

- Jamie, s'il te plaît, balance et fais pas chier.

Il éclate de rire.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as passé une si mauvaise fin de semaine ?

- Un peu, oui, avouai-je.

Je lui raconte les rares échanges avec Jane avant de lui révéler que j'ai laissé sans réponse des textos de Léandre.

- Il est fou de toi, ce mec, c'est pas possible !

- Ne dis pas de bêtises, il est juste... bizarre.

- Qui est bizarre ?

La voix dans mon dos est celle de Léandre. Il ne pouvait pas faire une plus mauvaise apparition, et je commence à croire que c'est l'une de ses spécialités.

- Un garçon que je connais depuis l'enfance, finis-je par déclarer.

Je ne crois pas que relancer le sujet d'un ami d'enfance imaginaire soit l'idée du siècle. Je m'en plaindrai à mon imagination débordante...

- Celui avec qui t'as dansé ?

- Exactement. C'est un garçon très, très bizarre.

Finalement, je suis meilleure menteuse que je ne le pensais et ma soudaine assurance me donne des ailes. Je ne faiblis pas et ancre mon regard déterminé vers le sien.

- En parlant de danse, Jonathan organise une petite fête vendredi soir. Je compte bien vous y voir.

- Euh, je ne suis pas certaine de pouvoir, j'ai le...

The song of AmyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant