- Comme je vous l'ai dit lors de notre dernier cours, vous devez impérativement avoir terminé la lecture de l'œuvre d'Orwell pour lundi prochain, au plus tard et j'insiste bien sur le « au plus tard », déclare Monsieur Da Valence avec une fermeté qui ne laisse place à aucune ambiguïté.
Nous nous installons lentement à nos bureaux, certains de mes camarades feuillettent distraitement leurs manuels, d'autres chuchotent entre eux. Notre professeur, l'air sérieux, scrute la classe avec attention.
- J'espère donc que tout le monde a pu se procurer un exemplaire. Si tel n'était pas le cas, je tiens à rappeler que plusieurs copies de cet ouvrage sont disponibles à la bibliothèque du lycée. Il serait bien dommage de manquer cette lecture qui, je le rappelle, est essentielle non seulement pour notre programme, mais aussi pour votre compréhension des enjeux politiques et sociaux qui nous entourent aujourd'hui.
Le sérieux du professeur contraste avec l'enthousiasme distrait de certains élèves.
- De ce fait, mes chers, aucune excuse ne sera acceptée, vous lirez ce livre, un point c'est tout, ajoute-t-il, appuyé contre le rebord du vieux bureau en bois portant les marques d'années d'enseignement.
- Mais Monsieur, ça ne nous laisse pas beaucoup de temps ! proteste le rebelle de service, visiblement inquiet pour son emploi du temps déjà bien chargé.
- Trop que si, s'amuse Da Valence, un sourire sur les lèvres.
Les rires moqueurs et les remarques fusent dans la classe. Notre professeur se redresse et lève la main pour réclamer le silence.
- Écoutez, je comprends que vous puissiez ressentir une certaine pression, surtout à cette période de l'année où les examens approchent. Mais croyez-moi, la lecture de cet ouvrage ne vous prendra pas autant de temps que vous le pensez. Orwell, à travers ses mots, vous offre des clés pour mieux appréhender notre monde. C'est une occasion d'ouvrir votre esprit et d'enrichir vos réflexions personnelles. Alors, je vous le demande, ne vous arrêtez pas à la contrainte de la date limite. Approchez ce livre avec curiosité et intérêt. La richesse de la pensée d'Orwell mérite que vous lui accordiez du temps. Et qui sait, peut-être que cette lecture éveillera en vous des questions, des réflexions qui vous accompagneront bien au-delà de notre classe.
Da Valence termine son intervention et se penche légèrement en avant, son regard balayant l'ensemble de la classe, comme s'il espérait déceler des signes d'enthousiasme ou de motivation de la part de mes camarades.
- Appréciez l'odeur du papier, le bruit des pages qui se tournent, cela vous fera le plus grand bien, croyez-moi ! Monsieur Artier, vous avez quelque chose à ajouter ? demande-t'il, après avoir entendu le « putain » très peu discret de l'élève placé à ma droite.
- Non, marmonne le principal intéressé.
Entre Léandre et les derniers moments passés ensemble, j'en ai complètement oublié de me plonger dans la lecture de ce manuscrit. Pourtant, maman me l'a acheté la semaine dernière. Il est impératif que je m'y mette dès ce soir si je veux avoir le temps non seulement de le terminer, mais surtout d'en développer une réflexion personnelle. La pression monte alors que je réalise le peu de temps qu'il me reste.
Dire qu'en début d'année, je trouvais que Clément Artier avait un certain charme ! Où avais-je la tête ? En parlant de tête, est-ce que je suis la seule à remarquer qu'il se tartine de plus en plus de gel chaque matin ? Cela doit vraiment être désagréable de plonger la main dans ses cheveux. Tandis que ceux de Léandre... Ils sont si doux, si désinvoltes... Cette pensée me fait sourire.
- Mademoiselle Stretford, qu'en pensez-vous ?
La voix de Monsieur Da Valence me tire de mes rêveries.
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The song of Amy
Teen FictionLe lycée de Milford est en pleine effervescence. L'un de ses élèves vedette vient de décrocher une place pour la finale de « The Artist », l'émission musicale la plus suivie des Etats-Unis. À seulement 17 ans, Léandre Harrison, jeune prodige à la vo...