Il fait si chaud

252 54 1
                                    

Je finis par suivre les indications murales, mes pas résonnent légèrement sur le sol. Le bruit ambiant s'amoindrit progressivement et je dois avouer que cela fait du bien.

En entrant dans les toilettes, je profite du grand miroir situé au-dessus de ces magnifiques lavabos dorés pour me regarder. Malgré la chaleur, mon maquillage n'a pas coulé et cette constatation me projette un élan de positivité. Je prends un court instant pour me redresser et corriger une mèche de cheveux rebelle.

Je ressors quelques minutes plus tard, soulagée et un peu revitalisée. Le match semble proche de la reprise. J'entends le speaker hurler dans son micro. Ses mots se mêlent aux acclamations de la foule. Les couloirs sont vides, je presse le pas, impatiente de retrouver l'excitation du jeu.

- Je me disais bien t'avoir vu de loin.

Cette voix. Instantanément, mes jambes deviennent flageolantes et à peine ai-je le temps de me retourner que Léandre se jette sur moi. Il me plaque contre le mur et m'embrasse fougueusement. Mon cœur fait des bonds. Je me retrouve soudainement propulsée dans un manège à sensations fortes. Son odeur mentholée m'enivre mais avec lucidité et sans pouvoir beaucoup m'écarter, je lui souffle haletante :

- Léandre... si maman, papa... ou pire encore, Jane nous voyaient, ils nous tueraient l'un après l'autre...

- J'en veux encore, je te veux Amy, me chuchote-t-il pour seule réponse.

Mon corps tremble, ivre de ses paroles. Le simple fait qu'il prononce mon prénom me plonge dans tous mes états. Est-ce normal, à mon âge, de ressentir une telle intensité ? Cette montée d'adrénaline qui court dans chaque parcelle de mon être me laisse perplexe. Est-ce que toutes les filles ressentent cela quand un garçon qu'elles apprécient s'adresse à elles ?

Amy, tu n'as que 16 ans et alors, arrête de te poser tant de questions et profite bon sang...

Oh, et puis zut... je l'embrasse à nouveau. La force de notre baiser est si exaltante. Cette connexion, cette intensité, me fait me demander si tout le monde ressent cela en s'embrassant. Est-ce que chaque baiser est un tourbillon d'émotions, ou est-ce que c'est juste nous, ici et maintenant ? C'est comme si le temps s'était arrêté.

Notre échange prend fin après quelques minutes, emporté par l'urgence du moment. La réalité s'impose : le match a bel et bien repris et mon absence prolongée ne pourra plus passer inaperçue bien longtemps. Il est temps de retourner à la réalité.

- On se voit après ? Vous restez boire un verre dans le coin VIP ?

- Je ne sais pas, mes parents nous ont fait une surprise et nous n'avons pas encore abordé la suite du programme.

Pour la première fois de la journée, je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux, sombres et mystérieux, brillent sauvagement. Je ne peux m'empêcher de me demander si c'est moi qui provoque cette lueur dans son regard. J'ai lu quelque part que, lorsque le désir entre deux personnes est trop fort, leurs regards peuvent s'intensifier, se transformer. Oh Léandre, est-ce que mon regard est aussi envoûtant que le tien ? L'envie est plus présente que jamais si bien que je peine à la définir. Je rougis à l'idée de m'imaginer totalement vulnérable devant lui.

- Ah, tu es là ! Maman et pa... ah, salut Léandre, qu'est-ce que... ?

C'est Jane. Sa phrase s'interrompt et son expression trahit son incompréhension. La tension est palpable, la ressent-elle, d'ailleurs ?

- Euh...je... nous...

- On vient de se croiser, quel heureux hasard, s'exclame tout sourire mon sauveur. Les sœurs Stretford présentent à un match de basket-ball, ça alors !

The song of AmyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant