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Theme song : Richter III - Mrs Dalloway : War anthem

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"C'est Barnes qui l'a retrouvé plusieurs heures plus tard... Railla Tony.

-Comment ?

-Elle m'avait parlé d'un pont qu'elle dessinait tout le temps quand elle était petite. Elle s'était promis d'y aller un jour alors je me suis dis qu'elle pouvait y etre et c'était bien le cas."





Le moteur vrombit sous moi alors que je ralentis en atteignant l'intersection, le regard fixé sur le pont au loin. Et puis, je la vois. Cette silhouette frêle sur la barrière, face au vide, une main crispée autour du poteau comme un ancrage fragile. Dans la petite robe noir qu'elle portait encore ce matin, elle laisse ses cheveux bruns virevolter derriere elle. Elle regarde la mort en face comme si elle était prete à s'y jeter.

Mon cœur rate un battement. Sa robe noire danse autour d'elle, ses cheveux s'agitent sous les bourrasques, et elle... elle ferme les yeux. Le vent semble l'attirer, la happer, prêt à l'emmener. D'un geste instinctif, je tourne la poignée d'accélérateur. Il faut que j'arrive avant qu'elle ne glisse.

Je fonce, le pont se rapproche, les barrières défilent, et elle est toujours là, perchée au bord du monde, immobile. Mon esprit se brouille de pensées, d'images de Constance, de tout ce qu'on aurait encore dû dire, de tout ce qu'il est encore possible de faire.

Je freine brusquement à quelques mètres d'elle, dérape légèrement, me stabilise, puis coupe le moteur. Le silence s'abat brutalement, laissant le vent murmurer autour de nous, glissant entre les câbles du pont et sifflant dans mes oreilles. Je descends de la moto, les mains tremblantes.


"Constance..."


Ma voix se brise à peine dans un murmure, mais elle l'entend. Ses paupières s'entrouvrent, et elle tourne la tête lentement vers moi. Ses yeux sont brillants, marqués d'une tristesse insondable, et pendant une seconde, j'ai peur de ce que je pourrais lire dans ce regard.


"Je suis partie pour ne faire de mal à personne, murmure-t-elle. J'ai senti tellement de rage..."


Ce n'était pas la sienne, c'était la colère bien présente dans le salon quand Tony et moi nous sommes disputé. Elle s'est réveillée entouré d'un flot de colère et de haine bien palpable.


"Tony et moi nous nous disputions, c'est pas toi... C'est pas ta colère que tu as ressenti."


Elle inspire profondément, sa main toujours accrochée au poteau, mais je vois ses doigts trembler légèrement. Elle serre les dents, et ses yeux se perdent dans l'obscurité en contrebas.


"Quand je suis arrivée ici... Je ne sais pas. J'ai vu cette barrière et... je me suis dit que je pourrais y monter, juste... pour voir. Pour me demander si sauter ne serait pas plus facile pour vous. Pour tout le monde."


Je sens mon cœur se serrer, comme s'il résonnait avec ce vide qu'elle contemple. Un pas. Puis un autre. Je suis maintenant juste derrière elle, assez proche pour sentir la tension dans son corps, assez proche pour sentir la douleur dans sa voix.


"Constance... Ne dis pas ça, Ne pense même pas à ça."


Elle baisse la tête, la mâchoire serrée, mais elle ne bouge toujours pas. Le vent agite ses cheveux, et je me retiens d'avancer davantage, de peur de la brusquer. Elle est là, si près du bord, à hésiter entre ce monde et le vide qui l'appelle.


Notre dernier souffle ( Bucky Barnes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant