Chapitre 31 : Lily

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Vendredi soir, quelques jours plus tard.

Je rentre de ma seule et unique journée de boulot de cette semaine. Ce n'était pas vraiment concluant, Sam m'a laissé faire les tâches les moins compliquées et s'est chargé du reste. Je lui ai simplement dit que je traversais une période très compliquée, il n'a pas cherché à en savoir plus je l'en remercie parce que très honnêtement j'avais aucun courage de lui dire la vraie raison.

J'ai passé les autres journées à ne rien faire, l'envie, la motivation sont des choses qui n'étaient plus présentes. Je mangeais à peine, je m'hydrate encore maintenant que de café pour tenir sinon je dormirais tous les jours, pour oublier toutes mes pensées. Et ma culpabilité par la même occasion...

Malheureusement même si je suis brisée intérieurement, j'ai ressenti le besoin de sortir et de retourner travailler parce que c'est ce que j'aime le plus faire ici. Je me sens coupable de vouloir revivre mais je sais que Juliette voudrait que je le fasse. Elle ne supporterait pas de me voir déprimée, triste et rater ce que j'aime faire. Je crois qu'elle me botterais les fesses pour ça, elle me dirait que je n'y suis pour rien... Alors c'est très dur mais je me force à essayer de continuer ma vie, pour elle et aussi pour mon bien-être. Rester enfermée me faisait du bien mais ça commençait à me rendre encore plus mal. Je broyais du noir, j'étais pas forcément de très bonne compagnie enfin surtout pour Loan parce que c'est le seul que je vois vraiment tous les jours.

J'ai presque élu domicile chez lui, sa présence m'apaise autant que ça me fait une autre sensation. Je voudrais voir Juliette... Mais rien n'est possible. Il fait de son mieux pour m'aider, pour prendre soin de moi, pour m'épauler. Il doit supporter mes pleurs, mes sauts d'humeurs, il me fait tout le temps à manger, il lave mes affaires, il prend mes appels (pas la totalité), il essaie de me distraire avec des films, de la musique ou même avec Taïko. Parfois ça marche et parfois je n'arrive pas à rester ancrée dans le moment, je m'évade et je pense à ma meilleure amie. (Parce qu'elle le restera.) Je suis la plus reconnaissante de ce qu'il a et fait pour moi, je vois dans ses yeux que c'est dur, par moment j'arrive à percevoir qu'il ne sait plus comment gérer la situation. Et malheureusement je ne peux rien dire parce que moi non plus je ne sais pas comment gérer.

Un soir je l'ai trouvé allongé dans l'herbe comme mardi soir. Le soir où il m'a aidé à me libérer de mes émotions, la sensation que j'ai ressenti était extrêmement puissante. Je n'avais jamais autant crié et mon dieu comme ça m'a fait du bien, beaucoup de bien. Je me suis sentie soulagée et libérée. J'étais très épuisée de ce moment mais j'ai aussi compris beaucoup de choses après coup, j'ai compris que je ne pourrais pas retourner en arrière, que me flageller ne servait à rien et ça ne fera pas revenir Juliette. J'ai compris que ça ne sera jamais facile mais j'ai aussi compris que par le contact de Loan ce soir là je ne serais jamais seule. Il est mon sauveur, je ne peux pas continuer dans le noir, je veux continuer à voir les couleurs comme avant. Alors j'ai Juliette en moi, dans mon cœur bien-sûr mais je vais et veux avancer comme je le peux.

C'est grâce à lui, que j'accepte de retrouver le sourire et ça c'est le plus cadeau qu'il pouvait me faire. Être là, être lui ça vaut tout l'or du monde.

On ne s'est pas éloignés, quand j'étais triste il était collé à moi mais on ne se touche plus avec cette passion, cette attraction comme il y a quelques jours. Je ressens toujours cette envie pourtant et ça me manque beaucoup. Quand on se regarde, je sais que rien n'a changé, c'était juste le contexte et la situation... Tout est plus doux, comme de la protection, du réconfort et de la bienveillance. Mais j'ai besoin de vibrer de nouveau avec lui, comme ce week-end. Et je compte faire en sorte que ça soit le cas.

Je sors du travail, le vent est un peu frais pour ce mois d'octobre. Cependant il ne fait pas vraiment froid, le temps reste agréable. Les arbres commencent à prendre une teinte orangée, les feuilles volent dans l'air, sur le sol c'est beau, j'adore cette saison même si je penserais toujours à comment elle débute... Les gens ne s'habillent plus comme en été, ni comme en hiver, l'entre deux est vraiment ce que je préfère. Je respire un grand coup tout cet air, je le sens passer dans mes poumons, c'est comme de l'oxygène, ça fait beaucoup de bien.

Même à des milliers de kilomètresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant