Même à des milliers de kilomètres

Chapitre 32 : Lily

Ce matin je me réveille lovée dans les bras de celui qui m'a retourné le corps, la tête et mon cœur pendant une bonne partie de la nuit. Je me sens vraiment en confiance avec lui, je me suis redécouverte grâce à lui, Loan à ce don de vous faire sentir comme sur un piédestal quand vous comptez vraiment pour lui, et je crois que c'est ce que je représente pour lui.

Je bouge à travers la couverture de son grand lit, la lumière du jour passe au delà des rideaux et je peux voir d'ici les arbres avec leur couleur automnale. Je souris face à cette vue, c'est si agréable de se réveiller avec un paysage pareil, et d'un tout autre paysage également. Loan se trouve sur le dos avec l'un de ses bras qui passe derrière ma nuque, sa respiration est détendue, son torse est à peine recouvert par la couverture. En le regardant je ne peux m'empêcher de penser à ce que je vais lui demander ou du moins lui dire aujourd'hui, je dois lui expliquer pour l'enterrement de Juliette. Sans mentir ça me met déjà dans tous mes états, tristesse, culpabilité, colère, nostalgie, regret et j'en passe.

C'est dur à porter mais je tiens le coup, je ne sais pas s'il va vouloir m'accompagner comme il me l'avait dit mais je comprendrais qu'il ne veuille pas. Après tout il a déjà fait tellement pour moi, il faut aussi qu'il pense à lui dans toute cette situation. Je sais que ça doit lui rappeler beaucoup d'épreuves difficiles, lui aussi à perdu quelqu'un, sa grand-mère tout comme moi. Et même s'il le vit différemment, il doit y être confronté sans le vouloir... Honnêtement je préfère qu'il soit comme il est d'habitude, que ça ne change pas et qu'il reste ici que de l'emmener dans des moments qui vont être horribles. Même si oui effectivement il serait un bon soutien pour moi, et que émotionnellement j'aimerais qu'il soit à mes côtes.

Je soupire légèrement, j'aimerais repousser la discussion mais je sais que ça ne sera pas possible, du tout. Je décide de me lever pour qu'il puisse se reposer seul tranquillement. Je passe rapidement dans la salle de bain pour éviter de me balader presque nue dans sa maison bien que nous soyons seuls, mais il y a Taïko et il reste...enfin...vous voyez...avec des yeux.

D'ailleurs quand j'arrive en bas de l'escalier celui-ci se dépêche de venir me rejoindre, il me saute quasiment dessus, ce chien est vraiment heureux dans cette maison j'en suis sûre.

- Coucou beau gosse, alors tu as faim? Je demande en le caressant.

Evidemment il ne peut me répondre, mais qui ne parle pas aux animaux? Après il comprend, sa tête se penche un peu sur le côté et il émet un léger aboiement qui prouve qu'il est entièrement d'accord. Oui, le contraire m'aurait étonné.

Je m'avance vers un placard dans la cuisine où sont rangés toutes les affaires et nourritures pour lui, je prépare sa gamelle dans un silence qui me fait du bien mais qui aussi me rend un peu angoissée. Le silence, c'est aussi l'absence de Juliette. Je n'entendrais plus sa voix, ses rires, ses plaintes, ses potins, bordel c'est juste horrible. Je ferme un instant les yeux et respire calmement avant de donner la gamelle au petit être à mes pieds.

Mon estomac commence à faire des gargouillis lui aussi. J'imagine que la nuit m'a demandé beaucoup d'énergie, et pour Loan ça doit être la même chose. Je pense que si je lui prépare un petit déjeuner il en serait très content, et c'est aussi une bonne façon de le remercier pour ces derniers jours. Je m'attaque à préparer des œufs brouillés, quelques fruits découpés, du jus d'orange et du café, ni lui ni moi ne pouvons faire sans.

J'ai mis de la musique en fond sonore, ça m'apaise et l'odeur de la nourriture se propage dans l'air, oui je crois que je pourrais prendre goût à ces matins là. Me lever avant Loan, lui faire à manger avec son petit chien près de moi, on dirait presque que tout est parfait quand on oublie tout ce qu'il se trouve au fond de nous. Et la situation actuelle...Rien ne le sera jamais vraiment.