TW: Maltraitance enfant
____________________________
1680
La lueur des flammes dansait sur les arbres autour d'elle, projetant des ombres mouvantes qui semblaient appartenir à une autre réalité. Au centre de cet espace sacré, les sorcières s'échangeaient des regards complices, chuchotant des mots anciens.
L'atmosphère était envoûtante.
Chaque mot, chaque mouvement résonnaient dans l'air comme une prière. Agatha, excitée mais nerveuse, se tenait là, en retrait, observant les autres sorcières s'exercer, rater et réessayer. Elle était jeune, cinq ans tout au plus, le monde semblait gigantesque, vibrant d'énergie. Prêt à l'accueillir.
Âgée de cinq ans, tout au plus, elle était l'une des plus jeunes présentes. Elle restait immobile, serrant contre elle une petite pierre qu'on lui avait donné pour s'exercer. Tout était encore nouveau pour elle, mais elle se montrait attentive, répétant silencieusement les mouvements et les formules, espérant secrètement impressionner sa mère.
Être avec ses sœurs, son coven lui donnait le sourire. Mais elle ne s'en sentait pas légitime, son cœur battant sous la crainte.
Ce soir, comme chaque soir, Agatha savait que cette soirée pourrait être une nouvelle chance, celle de montrer qu'elle pouvait devenir une véritable sorcière, pleinement digne d'appartenir à ce coven.
Cependant, la présence de sa mère, toujours aussi glaciale, la mettait mal à l'aise. Elle la scrutait de loin, un dédain évident dans les yeux.
Lorsque celle-ci remarqua son regard, elle s'approcha et lui saisit le bras d'un geste sec, assez fort pour la déstabiliser. Les autres sorcières, trop absorbées dans leurs échanges et leurs propres rituels, ne prirent pas la peine de regarder cette petite scène.
Pourtant, pour Agatha, cette prise était douloureuse, aussi bien physiquement que mentalement. Elle savait ce que signifiait cette étreinte froide, ce regard sévère. Elle savait ce qui allait suivre.
Evanora l'entraîna devant l'assemblée.
- « Alors c'est ça, ta manière de représenter notre coven ? Tu crois vraiment qu'ils vont te prendre au sérieux, que "moi" je vais te prendre au sérieux ? »
Agatha, toute petite dans ce monde d'adultes, baissa les yeux, ressentant déjà cette lourde honte qui s'installait. Elle murmura faiblement.
- « Je... Je fais de mon mieux, Mère ».
Mais Evanora ne lui accordait aucune pitié. Elle lui agrippa à nouveau fermement le bras, trop fort.
- « Je ne t'ai pas autorisé à parler. »
Le regard des autres sorcières commença à se poser sur elle. Quelques rires étouffés, des murmures. Agatha sentit une chaleur envahir son visage. Elle voulait disparaître.
« Regardez-la, » dit Evanora d'un ton fort, s'assurant que toutes les sorcières se tournent vers elles. « Elle ne sait même pas maîtriser un simple sort. » Sa voix se faisait plus acerbe alors qu'elle tournait Agatha face à elle, ses yeux noirs comme des puits de mépris. « Tu crois que tu as l'étoffe d'une vraie sorcière ? »
Agatha serra les dents, un goût amer dans la bouche. Elle essayait de retenir ses larmes, mais tout en elle semblait se briser sous les mots de sa mère. Elle n'osa même pas répliquer, ses doigts tremblant autour de la petite pierre qu'elle tenait toujours.
Si elle venait à pleurer, elle donnerait raison à sa mère. Celle-ci la secoua soudainement, et elle sentit les ongles s'enfoncer dans son poignet.
« Tiens-toi droite ! » aboya Evanora. La douleur dans son poignet se répercutait dans son bras, mais Agatha ne bougea pas.
« Tu es capable de prendre le pouvoir d'une autre, mais si ça ne t'aide pas à faire un simple sort télékinésique, à quoi sers-tu ?! Regarde-moi ! » Agatha ferma les yeux sous la violence, une larme lui échappa.
« Tu ne serais pas si instable et faible si tu... si... Tu n'as que la peau sur les os alors que l'on te nourrit, tu n'es même pas reconnaissante !
Regardez ce corps frêle. » Elle se tourna vers les sorcières, secouant l'enfant.
« Même une enfant ordinaire aurait plus de potentiel que toi. Ce pouvoir... tu ne le mérites pas. Tu es trop pathétique pour ça. »
Agatha, malgré la douleur, n'osait pas bouger, paralysée par les mots, par cette sensation oppressante que sa propre mère ne la verrait jamais pour ce qu'elle pourrait être.
Evanora murmura d'une voix glacée, juste à son oreille.
« Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Ce pouvoir, il faut le mériter. Tu n'es qu'un poids mort, un échec ambulant. Tu crois que les autres ne le voient pas ? Tu crois qu'ils ne rient pas dans ton dos ? Même moi, je n'arrive pas à voir comment j'ai pu donner naissance à... à ça. »
Sa gorge se serra encore plus, chaque respiration devenant plus difficile. Elle avait l'impression d'étouffer sous cette humiliation.
La mère serra encore son poignet si fort qu'Agatha imagina ses os céder. Elle la poussa violemment, la faisant trébucher devant les autres.
Agatha resta immobile, les mains au sol, devant la petite pierre.
Elle entendait les voix autour d'elle, les chuchotements des autres sorcières, mais tout semblait lointain. La honte et la douleur étant ses seules compagnes.
« Relève-toi, et montre-nous à quel point tu es faible, » cracha sa mère avant de croiser les bras.
Laissant Agatha là. Seule, brisée, devant les autres sorcières qui n'osaient même plus la regarder. Agatha garda le silence. Choisissant de ne même pas essayer.
« Une élève sans mentor, voilà ce que tu seras. » Evanora tourna les talons. Envoyant la pierre dans l'herbe.
Une jeune sorcière vint tendre la main à cette petite fille. S'assurant qu'elle allait bien. Mais elle ne la saisit pas, se redressant seule.
Peut-être qu'elle méritait de disparaître, engloutie par le fardeau qu'elle était.
Plus de larmes, plus de révolte. Ses efforts étaient toujours vains. Elle savait que sa mère avait raison.
Elle était celle qui n'avait pas sa place parmi les autres sorcières. Celle qui ne méritait ni mentor, ni coven.
VOUS LISEZ
Agatha Harkness - Le procès de la sorcière
Fanfiction« Je n'ai enfreint aucune règles. Elle se sont seulement pliées à mes pouvoirs. Attendez, non. Je ne peux pas le contrôler. » Un recueil de moments Agathario 💜💚 ainsi que la vie de deux mamans comblées comportant la théorie dans laquelle Agatha ne...
