La nuit était glaciale, et l'air, chargé de l'odeur humide des arbres et de la terre, semblait peser lourdement autour des deux femmes.
La forêt était silencieuse, à l'exception des cris déchirants d'Evanora. Ses gémissements résonnaient entre les troncs, se mêlant aux bruissements des branches agitées par le vent.
Elle était allongée sur un tapis de feuilles mortes, ses mains agrippant un morceau de tissu épais qu'elle avait arraché à sa robe. Son visage, perlé de sueur, était déformé par la douleur. Chaque contraction lui arrachant un cri semblant venir du plus profond de son âme.
À ses côtés, une autre femme, plus âgée, aux cheveux gris noués en un chignon serré, s'affairait avec une précision presque mécanique. Ses gestes étaient rapides, assurés, comme si elle avait déjà fait cela des dizaines de fois. Mais même elle ne pouvait cacher l'ombre dans son regard en voyant l'état d'Evanora.
- « Respire, Evanora. Respire. Ça ne va pas tarder, » murmura-t-elle d'une voix rauque mais calme.
- « Je... je ne veux pas de ça ! » hurla Evanora, son regard fulminant de rage et de désespoir. Elle mordit son poing pour étouffer un cri, son corps se contorsionnant sous la douleur.
La sage-femme ne répondit pas. Elle savait qu'Evanora était aussi têtue que redoutable, mais en cet instant, elle n'était qu'une femme prise dans l'agonie de l'enfantement, incapable de fuir la réalité.
Le vent se leva, faisant danser les ombres des arbres autour d'elles, comme des spectres silencieux témoins de la scène. Evanora se redressa légèrement, les mains tremblantes, son souffle saccadé.
- « C'est là, » dit la sage-femme, sa voix redevenue pragmatique. « Pousse, maintenant. Tu dois pousser. »
- « Je... Je ne peux pas... » balbutia Evanora entre deux sanglots, sa voix cassée par l'épuisement.
- « Tu peux, et tu vas le faire. Sinon, tu vas y rester, toi et cet enfant, » répliqua la femme avec une dureté mêlée de compassion.
Evanora crispa les mâchoires et poussa une dernière fois avec une force désespérée. Ses hurlements devinrent presque inhumains.
La sage-femme attrapa rapidement l'enfant, ses mains expertes enveloppant et réchauffant le petit corps glissant.
Un silence lourd s'abattit alors que l'enfant poussait son premier cri, un son clair et perçant.
Evanora retomba en arrière, haletante, épuisée, le regard vide fixé sur les branches au-dessus d'elle. Elle n'avait pas encore et ne voulait pas, regarder l'enfant.
« Une fille, » murmura la sage-femme en calant le bébé dans ses bras.
Evanora tourna la tête, son visage se durcissant aussitôt. Elle fixa l'enfant avec un mélange de dégoût et de froide indifférence, comme si cette petite vie n'était qu'une erreur.
- « Donne-la-moi, »
La sage-femme hésita un instant avant de s'exécuter, déposant délicatement le bébé contre la poitrine d'Evanora.
Mais Evanora ne fit aucun geste pour l'enlacer. Elle la regarda avec des yeux vides, glacials, comme si ce petit être n'était rien de plus qu'un fardeau qu'elle avait été forcée de porter.
« Tue-la, » murmura-t-elle soudainement, brisant le silence comme un coup de tonnerre.
La sage-femme recula, choquée.
- « Pardon ? »
Evanora tourna la tête vers elle, ses yeux brillants d'une colère froide et contenue.
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Agatha Harkness - Le procès de la sorcière
Fanfic« Je n'ai enfreint aucune règles. Elle se sont seulement pliées à mes pouvoirs. Attendez, non. Je ne peux pas le contrôler. » Un recueil de moments Agathario 💜💚 ainsi que la vie de deux mamans comblées comportant la théorie dans laquelle Agatha ne...