Chapitre 45 - Si jamais tu te perds

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TW: Coming in/ découverte "physique" de soi.

À ne pas lire si vous êtes dans le bus 🙃
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1693 - Le soir même du procès d'Agatha (suite)
Les arbres autour d'elle continuaient à s'élever comme des juges silencieux, leurs branches noires dessinant des griffes sur la lumière froide de la lune. Agatha avançait, le pas rapide, les pieds nus s'enfonçant dans la mousse humide.

Sa respiration était lourde, comme si quelque chose pesait sur sa poitrine. Elle venait de quitter Rio sans un mot.

L'image de son amie persistait, obsédante, chaque détail gravé dans son esprit. Ses lèvres fines qui s'étiraient en un sourire complice, ses yeux qui semblaient presque noirs, d'une chaleur rassurante, la manière dont leurs corps s'étaient effleurés plus tôt. Ce contact avait attisé quelque chose en elle. Une flamme qu'elle n'arrivait pas à éteindre.

La nuit était glaciale, et l'air humide mordait sa peau, mais elle n'y prêtait aucune attention. Elle finit par s'arrêter près d'un arbre tordu, le souffle court, et s'adossa au tronc rugueux. Elle se laissa glisser au sol, ses bras enroulés autour de ses genoux, cherchant à se protéger d'elle-même.

La chaleur de Rio, sa voix douce mais assurée, la façon dont elle s'était sentie protégée. Une étrange chaleur dans son ventre, une tension dans son corps qu'elle n'avait jamais connue. C'était effrayant, déroutant, et profondément honteux.

Les battements de son cœur martelaient ses tempes. Elle aurait voulu les faire taire, mais plus elle essayait d'oublier, plus les sensations revenaient.

Elle sentait la chaleur se propager depuis son ventre, irradier jusque dans ses membres, comme une fièvre. C'était doux et effrayant à la fois, une tension qui rendait sa peau hypersensible sous le lin.

Elle pressa une main contre sa poitrine, comme pour s'assurer qu'elle était encore dans son corps.

- « Pourquoi... pourquoi ça m'arrive ? »

Les yeux grands ouverts, ne regardant que l'obscurité, elle laissa ses doigts glisser sur les fibres de sa chemise, explorant les courbes de son propre corps presque avec méfiance.

Mais malgré ses efforts, son corps refusait de coopérer. Ses joues étaient brûlantes. Une vague de curiosité morbide montait en elle, mêlée à une peur viscérale. Elle avait toujours vu son corps comme une enveloppe, un outil pour survivre aux attentes cruelles de sa mère.

Mais là, elle le sentait éveillé, plein de vie et impatient. Ses mains tremblaient, hésitant à aller plus loin.

Une vague d'émotions contradictoires l'envahit. Honte, désir, curiosité. C'était comme si une partie d'elle-même, qu'elle ne connaissait pas, tentait désespérément de monter à la surface.

Elle sentit une chaleur particulière entre ses cuisses, subtile mais insistante, et cela la troubla plus que tout.

« Non... C'est mal. C'est impur. »

Ses mains tremblaient alors qu'elle défaisait les lacets de sa chemise, le lin glissant doucement sur ses épaules. Chaque geste semblait un défi lancé à l'image de sa mère, à ses mots cruels, à toutes les fois où elle avait été humiliée.

"Ton corps n'est qu'une source de péché et de honte,".

« On verra bien mère. »

Ce qu'elle ressentait pour Rio n'était pas comme l'admiration qu'elle avait pu éprouver pour d'autres femmes. C'était plus profond, plus viscéral.

Ses doigts tremblants glissèrent le long de son cou, jusqu'à effleurer la peau nue sous sa clavicule. Sa chair était chaude, presque brûlante à son toucher.

Agatha Harkness - Le procès de la sorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant