Chapitre 6 - Le bon choix

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1966 - Nashville

Agatha avait pris goût à son nouveau rôle de banquière. Chaque jour, elle se levait avec l'excitation de revêtir cette nouvelle identité, se complaisant dans cette façade. Elle jonglait avec les chiffres et les clients, insufflant sa personnalité flamboyante.

« Bonjour, Madame, bonjour monsieur comment puis-je vous aider aujourd'hui ? » lançait-elle avec une vivacité exagérée. Elle semblait adorer la manière dont ils réagissaient, se perdant dans ce ballet de compliments et d'échanges rapides.

Un après-midi, alors qu'un groupe de clients l'entourait, Agatha remarqua Rio entrer dans la banque. Son expression était un mélange d'inquiétude et de détermination.

- Vous avez besoin d'une augmentation de crédit, Rio ? lança-t-elle, faussement enjouée, tout en feignant d'examiner un dossier. Elle savait que Rio voyait à travers son jeu, mais n'avait pas l'intention de se laisser déstabiliser.

- Agatha, on doit parler, dit Rio d'une voix ferme, s'avançant vers elle, le visage marqué par l'inquiétude.

- Pas maintenant. Elle ne leva toujours pas les yeux. Je suis très occupée à faire couler cette banque, répondit Agatha.

Mais Rio ne dit rien. Elle croisa les bras sur son tailleur vert. Observant attentivement son amie.

- Ça fait des jours que tu te caches derrière ce rôle, insista Rio.

Ce n'est pas sain.

Agatha plissa les yeux, un sourire énigmatique sur les lèvres. Elle leva enfin la tête.

- Quoi, tu es jalouse de ma carrière florissante ? rétorqua-t-elle, jouant la comédie avec un brin de défi.

Au fond, une partie d'elle savait qu'elle ne pouvait pas ignorer les vérités qu'elle fuyait. Alors, du bout de ses doigts noircis, elle laissa échapper un peu de sa magie, des filaments scintillants stagnèrent autour des clients avant de les atteindre un par un, les figeant sur place dans un état de transe.

- Regarde, siffla Agatha, je peux prendre ma pause quand je le veux, autant de fois que je le souhaite.

Les clients, figés, avaient des expressions entre surprise et admiration. Ils étaient à la merci d'Agatha, qui, en cet instant, se sentait invincible.

Rio observait la scène avec une intensité croissante.

- Tu crois vraiment que c'est une solution ? Utiliser ta magie pour contrôler les autres ne te fera pas avancer. C'est une échappatoire, pas une réponse.

Agatha, piquée au vif, haussa les épaules avec un sourire moqueur.

- Oh, ne sois pas si ennuyeuse, Rio. On sait toutes les deux que la réalité n'est pas aussi amusante. Pourquoi se plier aux conventions quand on peut créer un spectacle ? Elle pointa un jeune homme qui fut pris d'une soudaine envie de marcher comme un singe. Il se figea et un autre continua le show en se traînant au sol pour finir par se gratter le crâne avec le pied.

- Parce que cela ne te rendra pas heureuse, rétorqua Rio, la voix de plus en plus ferme. Tu ne peux pas te cacher éternellement derrière cette façade. Ce n'est pas toi.

Agatha, se sentant piégée, relâcha son emprise. Les clients reprirent lentement conscience, se regardant l'un l'autre avec confusion. Elle ne pouvait plus supporter cette conversation.

- Je ne veux pas revenir à ce que je ressens ! cria-t-elle, le visage marbré de détermination. Je préfère être cette version, même si elle n'est qu'un mensonge.

- Ça ne fonctionne pas comme ça, répliqua Rio.

Agatha, irritée, se mit à jouer avec une plume, la laissant glisser entre ses doigts avec désinvolture. C'était une manière de gérer son stress, une distraction face aux vérités inconfortables.

Agatha Harkness - Le procès de la sorcière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant