23. Lâcher prise.

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20:18 - Castlefield, Manchester

Je la relâchais lentement, mes mains quittant sa nuque mais je sentais encore la tension dans son corps. Elle croisait directement les bras sur sa poitrine.

Shani avait toujours été fière et têtue, incapable de montrer une quelconque faiblesse. Son silence était lourd de sens, plus bruyant que n'importe quelle explosion de colère.

- Tu veux qu'on parle... calmement ? demandai-je, ma voix volontairement basse pour ne pas la brusquer.

Elle secouait doucement la tête, toujours sans me regarder, son menton légèrement baissé comme si elle refusait de laisser quoi que ce soit transparaître.

Je laissais échapper un soupir, contrôlant ma propre frustration. Forcer quoi que ce soit ne servirait à rien, je le savais. Elle avait besoin de temps, et moi aussi.

- Ok, déclarai-je en soupirant, je vais... récupérer nos affaires, reste-la.

Elle m'a fait un petit signe de tête. C'était tout ce que j'allais obtenir d'elle pour le moment.

Je lui jetais un dernier coup d'œil avant de me retourner et de pousser la porte pour entrer à nouveau chez Kaia, ou l'atmosphère était lourde.

Kaia était affalée sur le canapé, l'air bien trop détendue pour quelqu'un qui venait de foutre un tel bordel. Elle tenait son téléphone d'une main, tapotant distraitement l'écran.

Asher, lui, semblait mal à l'aise, assis à côté d'elle, tripotant un gobelet vide. Il avait l'air de quelqu'un qui préfèrerait être ailleurs.

Kaia leva les yeux vers moi, un sourire moqueur s'étirant sur son visage.

- Alors ? Elle s'est calmée, l'autre connasse ? balança-t-elle, son ton dégoulinant de sarcasme.

Je m'arrêtais net, mon sang ne fit qu'un tour. Les mots me frappèrent comme une claque, et une vague de colère monta instantanément.

Serrant les mâchoires, je fermais brièvement les yeux pour retrouver mon calme.

- Kaia... fais attention à ce que tu dis, dis-je d'un ton calme mais ferme.

- Quoi ? J'ai dit quelque chose de faux ? répondit-elle, ses bras croisés, le regard défiant.

Je la fixais un instant, pesant mes mots. Une partie de moi avait envie de lui renvoyer ses propres insultes mais je savais que ça ne ferait qu'empirer la situation.

- Kaia, c'est bon, arrête, intervint Asher, posant son gobelet sur la table basse.

Je me dirigeais vers la table, ramassant les affaires de Shani. Je rangeais soigneusement ses documents et son ordinateur dans son sac, prenant un moment pour calmer le tremblement léger dans mes mains.

Asher se leva lentement, l'air incertain puis s'avançait doucement vers moi.

- Tu penses que je peux aller lui parler ? finit-il par dire. Elle doit comprendre qu'il y a eu un malent...

- Pas maintenant, le coupai-je, sans lever les yeux.

- Tobias, sérieusement, je..., insista-t-il.

- Qu'est-ce que tu comprends pas dans « pas maintenant » Asher, répétai-je, plus fermement cette fois en lui faisant face, c'est pas le moment.

Il resta silencieux, soupirant avant de reculer d'un pas puis mes pensées dérivèrent involontairement vers ce que Kaia avait balancé un peu plus tôt.

PRESCOTT - cas particulier.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant