De l'amitié à l'amour - Bridgerton

Chapitre 28 - La véritable histoire

Pov Elizabeth

Six jours sont passés depuis notre conversation avec Simon, six jours sont passés depuis la menace de mon géniteur. Si je ne lui apporte pas l'argent qu'il veut d'ici demain, il serait capable des pires abominations qu'il puisse faire dans ce monde. Je n'ai toujours rien dit à Simon, par peur certainement. Mais il faut que je lui dise dans la journée, même si ça ne va rien résoudre au problème. De plus, le dernier bal de la saison, que nous devons organiser, arrive à grand pas. Et ça m'angoisse.

J'aimerais tellement que grand-mère soit là. Elle m'aurait donné des conseils, ou même réprimander pour mon comportement. Mais c'est ce que j'aimais le plus chez elle, sa franchise. Beaucoup de personnes la détestaient pour cette qualité, mais au moins elle disait tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Je me prépare pour aller à l'opéra, toute la société sera là ainsi que la Reine. J'ai opté pour une robe de couleur émeraude avec quelques motifs floraux, des bijoux en argent très discerts, et mes cheveux sont attachés en un demi-chignon. Je crois que je me suis préparé un peu trop tôt car j'ai eu le temps de finir une vingtaine de chapitres avant que mon époux ne vienne me chercher pour partir.

Le trajet se fait en silence, ne trouvant pas les mots pour lui annoncer la mauvaise nouvelle, mais au moment où je suis prête à me lancer la diligence s'arrête et Simon descend avant de m'aider à mon tour. En un rien de temps nous nous retrouvons à l'intérieur, et comme je m'y attendais tous les regards se posent sur nous.

Simon me laisse, me disant qu'il me retrouvera dans notre loge. Je rejoins donc les Bridgerton et je remarque qu'Anthony à une même blessure que mon époux. Se sont-ils battus ? Dans tous les cas, ils me diront la vérité quand ils seront prêts. Après avoir longuement discuté avec mes amis, il est maintenant l'heure de rejoindre nos loges, les festivités vont bientôt commencer.

En chemin, je manque de bousculer un homme. Il faut regarder où tu vas Elizabeth. Je relève la tête et aperçois mon géniteur. Alors que j'essaie de partir, celui-ci ne me retient pas le poignet et me ramène face à lui.

- Vous souvenez-vous de ce que je vous ai dit ?

- Oui..

- Très bien. Vous avez intérêt à vous dépêcher, il ne vous reste que très peu de temps avant demain.

Il me lâche et me laisse seule au milieu du couloir, je fais en sorte que ma crise de panique s'en aille, le temps de la soirée et je rejoins mon époux. Je m'installe à ses côtés et nous attendons que le concert commence. La Reine est là, quelques loges à côté de la nôtre. Elle me regarde puis me sourit et j'en fais de même. Je ne sais comment annoncer à Simon que mon géniteur me demande de l'argent et l'inceste ui m'a fait endurer. Mais nous savons tous qu'au niveau judiciaire il n'y a que très peu de poursuite à nos plaintes, et c'est ce que je trouve horrible dans cette histoire. Nous sommes malheureusement obligés de vivre avec pour le restant de nos jours.

Après quelques minutes, l'intensité de la lumière se réduit. L'illumination douce crée une ambiance chaleureuse, qui moi m'angoisse. Je me sens épiée de tous les côtés.

Le concert commence, la musique est douce puis devient énergique après quelques minutes. La chanteuse d'opéra chante à merveille, sa voix me transperce la peau me provoquant des frissons. J'ai le malheur de regarder ailleurs que la scène, et mon regard rencontre celui de ma mère et de mon géniteur qui me regarde avec insistance. Ma respiration se coupe pendant quelques secondes qui me semble durer une éternité. La nausée monte, je me sens mal. Il faut que je sorte de cette loge.

Je me lève en toute discrétion pour sortir d'ici sans un mot à mon époux, je m'appuis contre le mur essayant de reprendre mes esprits. Mais mon cerveau s'embrouille, entre la vérité et le mensonge. Entre la peur et la terreur. Mes larmes coulent et je n'arrive toujours pas à me détendre, ma vision devient floue.