Track 33

45 1 0
                                    

Isaure Newton

Mardi 23 décembre 2025

J'ai dit à Lando que j'avais encore une chose à accomplir, il m'a demandé quoi exactement mais je n'ai pas répondu. Tout ce que je lui ai dit, c'est que cette fois je n'avais pas besoin de lui, que je pouvais le faire seule, que je me sentais plus forte maintenant à affronter les épreuves que la vie avait dressées sur mon passage, que j'étais prête à tout confronter sans brancher.

Alors j'ai pris ma voiture et je me suis presque enfuie, je me suis rendue dans ce lieu que je m'étais promise de ne jamais retourner. Je me suis réveillée très tôt le matin, si tôt que le ciel était encore noir dehors et que le soleil n'était encore même pas levé. Mais je m'en foutais, je n'étais même pas fatiguée.

J'ai pris ma voiture, et j'ai quitté Monaco. J'ai enchaîné les heures de conduite sans même me rendre compte du temps qui passait. Je me suis arrêtée plusieurs fois pour aller pisser ou m'acheter des snacks d'aires d'autoroute hors de prix mais qui me faisaient terriblement envie, et c'était presque un orgasme de les dévorer au volant de mon bolide.

Les paysages se ressemblaient tous alors que je parcourais presque toute la France, bien que je la traversais en réalité plus en diagonale qu'autre chose. Ma destination était à l'opposé de là où Lando habitait, mais j'allais faire autant d'heures de route qu'il fallait pour retrouver et renouer avec ce que j'avais besoin de retrouver et de renouer avec.

Je jetais parfois des coups d'œil aux cadeaux qui attendaient tristement dans le coffre et aussi sur les sièges-arrière car certains prenaient de la place. Jamais de vulgaires cadeaux ne pourraient remplacer ce que je leur ai fait, mais je devais le faire, même s'ils m'envoyaient chier et me rejetaient jusqu'à la fin de leur vie. Au moins, j'aurais ma réponse.

Il était peut-être dix-sept heures quand je suis descendue de ma voiture pour fouler l'impasse de mon enfance. L'odeur rassurante qui émanait de cette maison au fond de l'impasse me faisait frissonner de plaisir mais cette boule au ventre persistait toujours. Cette fois, c'était de l'anxiété, la peur que tout échoue, mais aussi de l'envie d'affronter toutes ces années perdues.

Ma voiture était garée à l'arrache derrière moi, je n'ai même pas pris la peine de la fermer à clé puisque les voisins étaient tous solidaires ici, je ne le savais que trop bien.

Mes mains nouées un instant contre mon coeur, j'ai pris une grande inspiration pour essayer de taire un peu cette nervosité grandissante, mon souffle formant quelques secondes un panache blanc devant moi.

Les fenêtres laissaient encore entrevoir quelques mètres des pièces de la maison, de la lumière me signalaient qu'ils y étaient encore. Je me suis tournée un instant vers la boîte aux lettres et je n'ai pas pu m'empêcher de m'arracher un petit sourire en y voyant inscrit mon nom de famille.

Newton.

Je me sentais enfin chez moi, mais je n'étais que devant chez moi, et je pouvais très bien y rester une éternité, ou alors me faire rejeter et devoir me contenter de regarder cette maison qui éveillait en moi sans doute trop de souvenirs, trop de bons souvenirs.

Ils me manquaient. Trop.

Alors je me suis avancée dans cette petite allée qui menait jusqu'à la porte d'entrée, et j'y suis restée cloîtrée devant pendant quelques secondes, voire quelques minutes. J'avais peur mais j'avais terriblement envie de rentrer.

Après ce qui m'a semblé durer une éternité, j'ai finalement eu le courage de sortir les mains de mes poches pour frapper la surface dure de mes gants en laine, toquant quatre fois de sorte à ce que mes coups soient assez distincts pour qu'on m'entende malgré le chahut qui pouvait des fois régnait à la maison.

Lando Norris : The Story Of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant