Lando Norris : The Story Of Us

Track 27

Isaure Newton

Vendredi 12 septembre 2025, Monaco

-Arrête de déconner Cécilia, tu ne peux pas être la meuf dans ton livre, c'est ridicule... a marmonné Lando, c'est juste un personnage imaginaire, rien d'autre, arrête d'inventer de la merde.

-Est-ce que tu ne me crois pas, ou est-ce que tu ne veux pas y croire ? lui ai-je alors lancé.

Ma question l'a laissé de marbre quelques secondes avant qu'il ne se racle la gorge pour garder une certaine contenance.

-C'est juste que... Tu ne peux pas être Isaure, a-t-il alors lâché.

-Et pourquoi pas ?

-Parce qu'Isaure... Elle se fait violenter par son putain de compagnon de merde et elle s'est mariée à la volée et elle n'a plus aucun contact avec ses parents et... a chuchoté le jeune homme, les yeux plongés dans la vague.

Je le regardais, cherchant à assembler les pièces du puzzle de ma vie. Il semblait perdu, comme si je lui racontais de la merde. Alors que c'était la vérité. J'ai poussé un soupir avant de le regarder droit dans les yeux, une lueur de détermination brûlant dans mes prunelles noisette.

-Isaure, elle est faible, ai-je commencé. Isaure, c'est celle qui a cru que l'amour existait. Isaure, c'est celle qui est tombée amoureuse du premier venu dans une putain de bibliothèque. Isaure, c'est celle qui s'est abandonnée dans les bras d'un homme en pensant qu'elle était en sécurité. Isaure, c'est celle qui a appris à parler le portugais pour être intéressante auprès de son amoureux. Isaure, c'est celle qui a perdu sa liberté. Isaure, c'est celle qui a perdu le contact avec ses parents parce que son amour la tirait vers le bas. Isaure, c'est elle qui était trop obstinée à voir le bien dans le putain de portugais malgré les coups et qui restait toujours debout dans l'espoir qu'un jour tout redevienne comme si c'était le premier, lors de cette rencontre magique dans la bibliothèque. Isaure, c'est celle qui s'est mariée sans réfléchir, alors que le mariage signait la fin de sa liberté. Isaure, c'est celle qui a perdu sa vie.

Mon regard ne tressaillait pas tandis que Lando semblait suspendu à mes lèvres, ne sachant pas quoi dire ou faire. Mais je n'avais pas fini, loin de là.

-Isaure, elle est faible, ai-je presque craché, elle s'est abandonnée deux secondes et elle s'est oubliée pour l'éternité. Un jour, elle a eu l'opportunité de s'enfuir de ce monde de merde, alors elle s'est enfuie, elle a couru aussi loin que possible, sans s'arrêter. Elle est tombée, de nombreuses fois, mais elle s'est toujours relevée. Ce n'était pas une petite chute qui allait l'arrêter après tout ce qu'elle avait subi.

J'ai repris une inspiration, la haine rugissant désormais en moi tandis que j'éprouvais enfin le besoin de tout avouer.

-Isaure est devenue Cécilia, ai-je continué, les poings serrés et mon corps tremblant sous l'effet de la colère qui se libérait enfin après tant de temps. Et Cécilia, c'est elle que je suis censée être. C'est celle que tout le monde connaît. Cécilia, c'est une jeune autrice londonienne qui vit avec son chat qui vomit partout quand elle n'est pas là. C'est celle qui est la meilleure amie de Margaux Estreto Da Costa. C'est celle qui a une vie à peu près normale. Mais à l'intérieur, tu as toujours Isaure qui n'attend que d'être libérée.

J'ai poussé un soupir avant de me tourner de nouveau vers la mer et l'horizon, ne sachant plus vraiment si je tremblais de rage, de peur ou de tristesse, tandis que je sentais les larmes me monter sans que je puisse contrôler mon corps une seconde de plus.

-Des coups, j'en ai subi des tonnes alors que je n'avais aucune raison d'être frappée. J'étais juste amoureuse d'Adam, c'était mon premier amour, je pensais qu'il me frappait parce que je l'avais mérité... ai-je soupiré comme un aveu, mes yeux désormais voilés d'une fine pellicule d'eau. Je me raccrochais à lui comme si c'était mon dernier espoir, mais à l'intérieur, j'étais vide, et mon amour diminuait peu à peu que les coups augmentaient. Mais il était déjà trop tard pour fuir...