Love Dystopie

Chapitre 35

Morgan,

Un peu plus tôt,

Je suis allongé dans l'obscurité, planqué dans une ruelle étroite, mon ordinateur portable tronant sur mon torse, attendant que Prince donne le signal. À côté de moi, mon sac à dos contient tout ce qu'il faut pour transformer la tranquillité apparente en un chaos maîtrisé. Mais bon, ne nous emballons pas, hein ? Ce n'est qu'un labo et une banque. Qui pourrait s'en soucier ?

La réalité, c'est que ce plan a été monté en vitesse, à la va-vite, et que les chances qu'il se déroule sans accrocs sont aussi fines que le fil de pêche d'un débutant. Mais une chose est sûre : je n'ai jamais été du genre à laisser passer une occasion de foutre un peu le bordel, surtout quand cela implique de taper directement là où ça fait mal. Et quoi de mieux pour énerver cette chère famille Perfine que de réduire leur petit empire en cendres, littéralement ? Il fallait pas toucher à Diamond, ça m'a légèrement irrité.

Sa mère n'a pas eu besoin de m'en dire plus, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. Me laisser la clé, c'était un acte désespéré de sa part. Maintenant je n'ai aucun moyen d'atteindre Diamond, ils ont renforcé leur petite protection autour de leur belle famille. Mais le labo ça... Ils le pensent tellement imprenable. Je veux leur montrer qu'ils ont tort. Même si ce n'est qu'un labo parmi tant d'autres...

Mon téléphone jetable vibre dans ma poche, me signalant que Prince est prêt. Contrairement à moi, personne ne sait à quoi il ressemble, et ce soir, il a opté pour un déguisement impeccable : un investisseur excentrique prêt à déposer une somme faramineuse à la banque. Une jambe dans le plâtre en plus. Et alors ? On peut très bien être riche et tomber en ski non ? J'en sais rien en vrai j'ai jamais été riche.

Je décroche.

— C'est l'heure, murmure Prince à l'autre bout du fil. J'entre dans la banque dans trente secondes. Papa Mike est en place, et il a l'air de s'éclater. On devrait lui offrir une médaille pour le dévouement.

— Pas de médaille avant d'avoir réussi à tout faire sauter, dis-je en essayant de ne pas rire. On se retrouve après pour la remise des prix, hein ?

Je glisse le téléphone dans ma poche et prends une profonde inspiration. Tout ce plan repose sur une synchronisation parfaite. Si Prince déclenche l'alarme trop tôt, les flics débarquent avant qu'on ait pu faire quoi que ce soit. Si je me rate dans le labo, eh bien... disons qu'on ne se contentera pas de perdre la bataille, mais aussi la guerre.

Si Prince entre dans la banque en bon acteur à la vue de tous pour ma part, j'entre par les coulisses dans le labo. Code de sécurité hacké, caméra de surveillance trafiqué. Je me faufile dans le labo par une entrée latérale, habillé en technicien, casquette vissée sur la tête. Ce genre de déguisement basique, ça passe crème dans un lieu où tout le monde est trop occupé à vérifier des données ou à manipuler des substances dangereuses pour se préoccuper de la gueule du type qui passe derrière eux. La salle de production est mon objectif. Là où ils fabriquent ce foutu sérum, ce poison qui contrôle les esprits et transforme les gens en zombies fonctionnels.

Le bruit des machines, les lumières clignotantes, tout ce foutoir technologique ne m'intimide plus. Les types ici sont méfiants, mais ils ne soupçonnent jamais le type en bleu de travail qui semble s'ennuyer autant qu'eux.

Je pose mon sac à dos au sol, contenant la bombe artisanale que j'ai bricolée avec amour. Bon, je dis "bombe", mais soyons honnêtes, c'est plus une petite surprise pyrotechnique qu'un véritable engin de destruction. Mais placée au bon endroit, elle fera suffisamment de dégâts pour rendre cet endroit inutilisable pendant un moment. Parfois, il ne s'agit pas de tout réduire en miettes ; il s'agit juste de saboter l'engrenage, de casser le cycle.

Je place la bombe contre l'un des réservoirs principaux de sérum. Prince et moi sommes les seuls détenteurs de la télécommande. Mais il me reste encore une chose à faire avant de me tirer d'ici : déclencher l'alarme incendie. Pas question de laisser des innocents y rester dans l'explosion. C'est bien pour cela que j'ai toujours détesté les façons de faire de Mills.

J'appuie sur le bouton rouge situé à proximité, et l'alarme retentit aussitôt dans tout le bâtiment. Les lumières rouges s'allument, et des jets d'eau commencent à pleuvoir depuis les plafonds. Voilà, tout le monde devrait se mettre à courir dehors comme des poulets sans tête. Je jette un coup d'œil à ma montre. Le timing est bon, tout se passe comme prévu. Enfin, pour l'instant.

C'est là que tout dérape. Parce que bien sûr, ça ne pouvait pas être aussi simple. Alors que je me prépare à déguerpir, la porte s'ouvre brusquement, et je me retrouve face à face avec les dernières personnes que je voulais voir ici : Justin et... Diamond. Bordel.