CHAPITRE 54 - Aurore

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Je tire le robinet dans ma direction, lève la tête vers le plafond, et l'eau jaillit au-dessus de ma tête. Les gouttelettes chaudes réchauffent rapidement mon épiderme, moi qui commençais à voir des milliers de frissons envahir la moindre parcelle de mon enveloppe charnelle mise à rude épreuve.

Ça fait un bien fou...

Comme les températures continuaient de baisser à l'extérieur, et que mon corps se refroidissait petit à petit, Zayn a décidé que nous devions prendre une douche chaude, à la fois pour nous remettre les idées en place, et pour profiter de l'eau savonneuse pour nous débarrasser de nos fluides et de l'odeur de nos hormones qui nous collent toujours à la peau.

Je n'avais besoin que de cela pour enfin replonger dans notre monde, même si au fond, j'aurais préféré rester dans les airs à flotter parmi les nuages de coton aux côtés de Zéphyr. Le déploiement de ses ailes d'acier m'ont transporté si haut que l'atterrissage semble encore plus rude qu'une chute à moto. Du moins, je ne peux que l'imaginer. Et pour cause, pendant que je continue de laisser l'eau douce parcourir mes courbes, je clos les paupières en les verrouillant si fortement que sur le coup, je les entends craquer. Je refuse de voir la réalité en face. Je ne tiens plus à voir le massacre qui se tient dans cette salle de bain.

Lorsque j'ai aperçu les résidus de sa colère en entrant la première fois, je n'avais pas réellement vu l'ampleur des dégâts. Mais maintenant que j'y ai fait face, loin d'être dans le feu de l'action, mon estomac se tord dans tous les sens. Tant de malheur a abattu cette pièce. Tant de non-dits, et surtout tant de violence. Les hurlements des morceaux de verre, manipulés par mon cousin qui les ramasse les uns après les autres pour les dégager de notre cocon d'amour, me rappellent encore dans quel état je l'ai trouvé en débarquant ici. En sang. Complètement sonné. L'esprit embrumé et parcourant des milliers de sentiers obscurs desquels il ne pouvait pas sortir. Je me souviens même de la lueur morne que j'ai aperçue dans ses prunelles éteintes. Ça m'en donnait froid dans le dos, et par-dessus tout, ça m'en brise le cœur à nouveau en mille morceaux.

Pourquoi est-ce que tu t'es infligé ça à toi-même, mon amour ?

Pourquoi refuses-tu mon aide ?

Je crois en réalité que c'est ça, le plus dur : c'est de revenir à la réalité, après avoir effectué une merveilleuse ascension jusqu'au Paradis. J'ai même l'impression de dégringoler, lorsque je rouvre quelque peu les paupières et que j'aperçois les quelques gouttes de sang vermeil qui tapissent encore le bac de douche, de part et d'autre de mon corps qui se recroqueville pour ne pas entrer en contact avec ce souvenir violent.

Je reste figée, incapable ni de parler, ni de bouger.

Zayn, de son côté, débarrasse le carrelage de la pièce et apporte les différents morceaux de verre dans la poubelle de la cuisine, avant de revenir à mes côtés puis de nous enfermer tous les deux dans cette salle de bain qui abrite tant de malheur. Il ne dit mot, mais défait encore une fois la boucle de sa ceinture, puis baisse encore une fois sa fermeture éclair, avant de se pencher en avant, en saisissant fermement chaque extrémité de son jean anthracite. Je me surprends à scruter son corps lorsqu'il se baisse pour se débarrasser de son vêtement, et de son boxer qui part avec. Ses courbes voluptueuses font alors leur apparition, que ce soit ses cuisses galbées à la perfection, ou son fessier proéminent qui me donne envie de littéralement mordre dedans pour le dévorer à pleine bouche.

Tu es tellement beau, Zéphyr...

Parfois, j'en viens même à me dire que je ne mérite pas un tel homme. Il est doté de toutes les qualités qu'une femme telle que moi peut rechercher chez un homme. Il est ma bonne étoile, le rayon de soleil que je désespérais de trouver. Cela dit, j'avoue qu'avant qu'il entre dans ma vie, et c'est un détail qui me fait peur dans un sens, j'étais tellement habituée au malheur que je ne pensais pas tomber sur sa lumière, un jour. Quoi qu'il en soit, il se tient là, devant moi. Il a retiré ses chaussures et ses chaussettes, et il est maintenant visible dans son plus simple appareil. Mes yeux pervers continuent de le détailler sous toutes ses coutures, en cheminant sur chaque ondulation de ses muscles, de sa peau dorée, des cicatrices merveilleuses qui nichent sur ses bras et qui ressemblent à des constellations. Son corps est jonché d'étoiles. Son âme en est l'univers infini.

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