CHAPITRE 39 - Zayn

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Je ne sais plus vraiment quel choix faire dans la vie. Je suis complètement paumé, et même si ça a souvent été le cas, j'ai l'impression de l'être encore plus que d'ordinaire. Surtout depuis cette nuit, où je suis rentré à point d'heure, après avoir fait une longue balade en solitaire, juste après avoir déposé Aurore. En cet instant, les ombres planent de plus en plus autour de moi au point de gâcher ma vue. Sur mon champ visuel ne se dressent que des arbres terrifiants, et même si la nature était auparavant aussi belle que peut l'être l'éternité, ce n'est plus le cas. C'est même tout le contraire. C'est indescriptible.

Je commence à me demander quelle est ma légitimité en ce monde, et surtout auprès d'Aurore. C'est vrai, qui suis-je pour me dresser en tant que chevalier servant ou sauveur ? Bien sûr, avec le recul, certains diraient peut-être que je la rends heureuse, jusqu'à un certain point. Je doute que ce soit le cas. Non, je lui apporte simplement certains moments de joie, qui finissent par s'évaporer. Car je gâche toujours tout. Je piétine toujours les Ophylis sans même me rendre compte qu'ils sont sous mes pieds, cachés entre les touffes d'herbe fraîche.

C'est comme ça.

Je dois m'y faire.

J'ai souvent eu l'espoir de trouver une femme, une personne avec laquelle je pourrais finir ma vie tranquillement sans trop me poser de questions. Quelqu'un qui serait une épaule sur laquelle me reposer et surtout, la personnification d'un retour à la réalité dès que je commence à m'envoler. Or, ça n'a jamais fonctionné. Chaque femme qui est un jour entré dans ma vie a vu sa vie détruite et ce sera certainement le cas d'Aurore. Seulement, elle est différente de toutes celles que j'ai connu ou que j'ai un jour ramené dans mon lit pour un coup de queue, même si je dois dire que ça commence à dater.

Je ne peux pas lui faire ça...

C'est horrible de devoir refouler ses sentiments, lorsqu'ils sont aussi forts. C'est même invivable. La colère circule à chaque seconde qui passe dans mes vaisseaux sanguins, comme si mon sang avait été contaminé par un poison trop fort pour me laisser en vie. En fait, non, ce n'est plus de la colère. C'est de la haine. Et pile au même moment, lorsque je sens que j'atteins mes limites, j'accélère de manière drastique en tournant mon poignet autour de l'accélérateur, et en même temps, je ne peux pas empêcher mon esprit de repenser à cette nuit...


Embrasse-moi, Zayn...

Sous la lune comme témoin, mes lèvres kidnappent les siennes avec une dextérité sans commune mesure, l'explosion que subit son cœur résonne jusque dans ma tête comme des tintamarres infernaux. C'est loin d'être un baiser sensuel. Tout est violent, tout est corrosif, tout me tue. Tout nous tue et nous terrasse, main dans la main. Et tandis que ma langue tournoie à l'intérieur de sa bouche et continue d'agacer son membre dont la douceur n'a d'égal que celle du velours, je la surprends à gémir doucement, son souffle brûlant irradiant chaque paroi de ma gorge. J'ai presque l'impression de lui faire l'amour comme ça, en mélangeant ma salive à la sienne, et dans un sens, c'est un peu le cas. D'avant en arrière, je caresse chaque paroi de son orifice buccal comme si je la dégustais de l'intérieur. Son corps si proche du mien, je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps. Je sens déjà le désir s'emparer de moi depuis un long moment. À vrai dire, depuis qu'elle a posé les mains sur mon ventre en montant derrière moi. Et sans crier gare, comme si la jeune femme avait entendu mes pensées les plus profondes et les plus sournoises, elle saisit une de mes mains et la dirige vers son entrejambe.

— Qu'est-ce que... Qu'est que tu fais...? Hésité-je, en rouvrant les yeux d'emblée.

— Laisse-toi faire... Me supplie-t-elle.

Je ne me fais pas prier et, bien qu'hésitant, faufile doucement mes doigts à l'intérieur de sa culotte, sous le tissu fin qui est clairement de trop, guidés par ses mains tout aussi envieuses de mes caresses que les moindres recoins de son enveloppe charnelle. Ceux-ci caressent son pubis à la peau si tendue qui transcrit son excitation. Sa peau est d'une douceur incomparable. J'ai envie de ronronner dans sa bouche mais je me retiens. Je dois garder le contrôle de mes pulsions et de mon esprit. Cela dit, malgré tous les panneaux rouges qui s'éclairent les uns après les autres dans le couloir obscur de ma boîte crânienne et qui rendent cette atmosphère on ne peut plus frénétique, je me pose toujours des questions. Parce que rien n'est habituel. En fait, j'ai toujours eu horreur de toucher d'autres corps. C'est ce que me reprochaient mes ex-compagnes à tout va. Jamais une étreinte, jamais un baiser, jamais de caresses faisant grimper la température. Qui plus est et depuis mon célibat, en temps normal, je ne fais que baiser mais c'est étrange, j'ai envie de la toucher. J'ai même envie d'aller plus loin. Tellement plus loin, aussi loin que m'emporte le vent.

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