27 - Nouvelle année.

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Ma mémoire semblait se brouiller à mesure que les jours défilaient. Les fêtes de Noël s'étaient fondues en une longue période floue et amère, chacun essayant en vain de prétendre que tout était normal. Des décorations hors de pris mêlées à des repas aux quantités démesurées pour noyer le poisson dans du champagne. Ironiquement, il y avait quelques semaines de cela, j'étais persuadé de célébrer Noël avec Max.

Et pourtant, il n'était plus qu'un fantôme. Je n'avais même pas son numéro de téléphone. Rien.

- Charles... Ça te dit de monter le sapin avec moi ? Avait chuchoté mon petit frère un vendredi soir. Ou peut-être un samedi, je ne me rappelais plus très bien. J'avais hoché la tête mécaniquement pour ne pas décevoir Arthur.

Oliver s'attardait parfois dans mes quartiers, lorsque je n'en sortais pas pendant une longue période. Même s'il demeurait le garde du corps d'Arthur, il m'avait toujours porté une attention particulière, teintée d'admiration. J'appréciais ces moments où, malgré le silence parfois inconfortable, le jeune britannique me témoignait son soutien en m'offrant sa présence.

Je m'étais même permis de l'en remercier par quelques conseils romantiques, même si mon cœur souffrait encore de ces mêmes chagrins. Mon frère était sûrement l'homme le plus innocent et aveugle que je connaissais, et avec un jeune garçon comme Ollie - bien trop respectueux et timide pour oser franchir une ligne pourtant bien brouillée -, la situation ne risquait pas d'évoluer d'elle-même. Et puis, il m'arrivait parfois de me distraire un instant, ce qui n'était pas de refus.

Je ne savais réellement quoi ressentir. Certains au château avaient sûrement déjà accroché une étiquette sur mon front, un stéréotype pour expliquer mon comportement. Dépressif, naïf, suicidaire, idiot.

Je n'étais rien de tout cela, pourtant. Peut-être trop optimiste, un défaut plus qu'une qualité à présent. Mais je ne voulais ni mettre fin à ma vie, ni me laisser emporter dans une prison macabre et sans issue. Mes frères, ma mère, Pierre et Carlos, ceux qui m'avaient toujours soutenus valaient bien plus que cette peine de cœur idiote.

Je ne ressentais plus de tristesse, à vrai dire. Les aiguilles plantées dans mon cœur transformait ma douleur en une colère sans nom. Les larmes qui coulaient le long de mes joues ne chuchotaient plus ma souffrance, mais hurlaient ma haine envers cet homme dont je ne réussissais toujours pas à me détacher. De mon affliction était née une rage qui n'avait plus rien de noble.

- Joyeuses fêtes ! Avait exclamé ma mère au matin du vingt-cinq décembre, s'étant rendu disponible pour ce jour en apparence important.

Nous nous étions tous réunis dans le grand salon du rez-de-chaussée, spécialement décoré - comme toutes les autres pièces de l'aile nord du château. Des guirlandes aux milles couleurs répandues le long des murs, certaines dont les lueurs rappelaient des lucioles un soir d'été. Des couronnes de Noël çà et là, pour combler l'espace lorsque les chandeliers ne suffisaient plus. La pièce scintillait.

- Lorenzo, tu exagères. J'aurais une copine depuis bien longtemps si nous ne vivions pas dans une forteresse ! Rechigna le blond en une moue vexée.

- Bien sûr... Je suis certain que tu as remarqué le regard que te portais la petite blonde durant la soirée, la dernière fois.

- Qui donc ? Jade ?

- Jade, c'est ça. Elle te fixait comme un enfant fixe un jouet dont il rêve depuis des mois, insista mon frère aîné, sous le regard soudain irrité de Bearman. Et je sais que tu l'as remarqué, toi aussi. Pourtant, tu ne t'es pas donnée la peine de la séduire, n'ai-je pas raison ?

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