Partie 5

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En panique ma tante est partie appeler mon oncle, j'étais à cet instant-là consciente, j'étais assise par terre. J'étais en serviette, je suis tellement pudique que j'ai essayé de dissuader ma tante d'appeler mon oncle en lui disant « ne l'appelle pas, tout va bien ». Ce jour-là, j'avais mes règles, j'ai été prise d'une douleur atroce aux reins, cette douleur a été déclenchée par la fumée. J'aurais peut-être dû le préciser, je ne sais pas. Ma tante et mon oncle m'ont aidé à m'installer sur le lit, je pleurais à cause de la douleur. Au fond de moi je me disais pourquoi autant de souffrance ? j'ai dormi pendant au moins 2 heures. La fumée était censée faire fuir le djinn, mais je sentais toujours sa présence dans mon corps je n'allais pas beaucoup mieux. En soirée, nous sommes partis dire au revoir à l'escroc, il avait pris l'argent de mon père, m'avait négligé et avait chargé son fils de m'administrer le traitement, j'étais déçue.

Je suis retournée à Bignona après avoir passé deux jours dans le petit village mandingue chez la famille à l'amie à ma mère. Les transports étaient rares dans ce genre de village, il fallait être prêt tous les matins et être aux aguets au cas où un mini car passerait. A cause de la maladie, je souffre de fatigue , j'ai des somnolences, je dors énormément. Lorsque je n'ai pas d'activités, je peux dormir jusqu'à 12 heures par jour voir plus. Ma tante qui est quelqu'un de caractériel comme ma mère, me disait sur le ton d'un reproche « tu passes ton temps à dormir, si le car passe, je partirais sans toi », elle me reprochait aussi d'être trop molle, est-ce de ma faute ? Cela avait tendance a beaucoup me vexer, je me sentais incomprise. Nous sommes finalement retournés dans la ville de Bignona. Il me restait environ 2 semaines avant mon retour en France et je n'étais pas guéris, je me suis fait berner. J'ai finalement pris la décision de rester sur place, j'étais déterminée, je ne rentrerai pas en France avec cette saleté dans le corps, les européens en général ne croient pas au monde de l'invisible, retourner en France avec la maladie, c'était pour moi retourner en enfer.

J'ai été chez plusieurs guérisseurs dont le but était de me soutirer de l'argent rien d'autres, je me rappelle qu'il y en a un chez qui je suis parti qui m'a dit « ce qui est bien avec vous les européens c'est que ce qui représente une petite somme pour vous est une grosse somme à nos yeux ». J'ai suivi un traitement pendant un peu plus de 2 mois chez un guérisseur qui habitait Bignona, c'était quelqu'un de pieux, il ne m'a pas demandé un centime, je partais chez lui 2 fois par jour, matin et soir, pour me laver avec des traitements. Il remplissait une bassine d'eau avec des plantes et des racines, je me lavais avec et remettait exprès mes vêtements sans m'essuyer, pour que les plantes puissent faire effet. Il m'a affirmé que mon djinn venait parfois le voir, il lui disait "laisse la tranquille vous n'êtes pas de la même espèce, les djinns doivent être avec les djinns et les humains avec les humains". Le guérisseur me disait en riant "si j'essaie de le faire partir avec la force, il va me blesser, je dois donc te soigner progressivement". Il n'a pas réussi à me guérir, mais ses traitements ont eu beaucoup d'effets, je faisais beaucoup moins de cauchemar, je pouvais à peu près dormir l'esprit tranquille.

En Casamance, je vivais principalement entre Bignona et Ziguinchor, ces deux villes se situent à 30 minutes en voiture l'une de l'autre. A Bignona vit mon oncle maternel et à Ziguinchor mon oncle paternel. Mon lieu de résidence principal était Bignona mais je préférais Ziguinchor. Je n'aimais pas l'ambiance à Bignona, mon oncle a deux épouses, je m'entendais très bien avec la deuxième épouse, qui me soutenait beaucoup dans ma maladie et veillait à ce que je ne manque de rien. Cela avait le don d'énerver la première épouse, elle ne m'appréciait donc pas, mes cousines aussi. Comment je le savais ? J'ai passé 7 mois là-bas beaucoup de personnes même extérieur à la famille me demandaient si mon état s'améliorait et me souhaitaient de guérir pour enfin connaître le bonheur. En 7 mois, mes cousines et leur mère ne se sont jamais souciés de ma santé. De plus lorsque j'étais faible à cause des traitements et que j'avais besoin de quelque chose qui se trouvait à la boutique qui se trouve à 5 min de la maison et que la deuxième épouse de mon oncle demandait à mes cousines de me rendre un service, elles refusaient catégoriquement. Je me sentais donc mal dans cette maison, l'ambiance était pesante, je passais une bonne partie de mon temps à discuter avec ma grand-mère, on discutait de tout et de rien.

Lorsque je pleurais, elle essuyait mes larmes et me disait « derrière toute souffrance il y a un grand bonheur, tu dois me prendre pour une menteuse, mais tu verras un jour, même lorsque je ne serais plus en vie, tu diras ma grand-mère disait vrai ». J'ai terminé mon voyage de 7 mois en passant quelques jours en Gambie où j'ai de la famille, mon père est moitié gambien. J'en ai profité pour voir quelques guérisseurs avec mon cousin. J'ai pleuré la veille de mon retour en Casamance car ma date de départ était proche et je n'étais toujours pas guéri, je sanglotais en disant « j'ai passé 7 mois en Afrique pour rien, je vais retourner en France dans la galère ». Ma famille au Sénégal aussi estimait qu'il était temps pour moi de retourner en France car j'avais l'air fatigué, j'avais perdu beaucoup de poids.

C'était une conversation téléphonique que j'ai eu avec mon père qui m'a attristé je lui ai demandé de prolonger mon billet d'avion pour rester une semaine de plus pour trouver une solution, je gardais espoir jusqu'au bout et il m'a dit « mais ça va pas !c'est bon tu rentres en France maintenant, ça suffit ! ». Je persistais je voulais rentrer en France totalement guérie, ce n'était pas une partie de plaisir pour moi, ma famille me manquait. Toute la maison était triste pour moi, ma tante et la femme de mon cousin pleuraient aussi, mon cousin est venu me voir et m'a dit « Pourquoi tu pleures ? Tu ne crois pas en Dieu ? ». Bien sûr que je crois en Dieu mais c'est difficile d'être freiné dans sa vie aussi jeune, j'avais 22 ans.

 Je suis finalement rentrée en France le 22 mars 2008, les problèmes allaient continuer, ce n'était que le début de mon cauchemar...

Posséder par un djinnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant