Partie 4

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Le 18 août 2014, un samedi, j'atterrissais à l'aéroport de Dakar, mon oncle est venu me chercher, j'avais 21 ans. J'étais pleine d'espoir dans mon cœur c'était une certitude, c'était bientôt la fin de mon cauchemar. Je n'avais pas posé les pieds au Sénégal depuis l'âge de 6 ans. Je suis restée quelques jours sur Dakar avant de prendre le départ pour la Casamance avec un autre oncle. J'étais fâchée, car ils avaient acheté avec de l'argent que je lui ai remis des billets pour aller en Casamance en mini car, on aurait puis y aller dans une voiture 7 places beaucoup plus confortable mais un peu plus cher, j'étais obligée de le suivre comme un mouton, je connaissais mal le pays et son fonctionnement.

Je me suis retrouvée à voyager dans un mini car, on était tous les uns sur les autres, le voyage a été très long. Nous étions partis un mercredi soir vers 19h-20h nous sommes arrivés le lendemain vers 15h, j'étais épuisée. Nous étions durant la saison des pluies, il y avait beaucoup de boue, je suis arrivée en Casamance, dans la ville de Bignona en mode « déguelasse ». J'ai vu ma grand-mère que je n'avais pas vue depuis 15 ans, elle m'a tenu la main pendant un moment en me disant « comment tu vas ? Je suis très inquiète depuis que ta mère m'a parlé de tes soucis de santé ». Mes parents avaient tout planifié sur les conseils d'une amie à ma mère, je devais me rendre dans un village reculé au fin fond de la Casamance ou un grand guérisseur devait me soigner. Il avait la réputation de guérir même les fous, c'était soi-disant un homme de religion. Une de mes tantes, la grande sœur à ma mère était venue exprès de son village pour pouvoir m'accompagner chez le guérisseur. Nous avons pris la route avec mon oncle qui m'avait accompagné en Casamance, nous sommes arrivés tard la nuit dans un petit village mandingue qui se situait à environ 30 min en voiture de chez le guérisseur, nous y avons passé la nuit, chez la famille de l'amie à ma mère.

Le lendemain, nous nous sommes rendus tous les trois chez le guérisseur mon oncle, ma tante et moi. Nous avons vu le guérisseur qui était installé comme un pacha sur un grand tapis, il devait avoir entre 65 et 70 ans avec les cheveux blancs, il était rond avec un gros ventre. Il avait déjà discuté avec mon père au téléphone, après avoir fait de la voyance, il a affirmé à mon père qu'il était en mesure de me soigner. J'avais peu confiance en cet homme, ce qui m'étonnait, c'était la somme qu'il avait demandé à mon père 450 euros, une somme énorme au Sénégal. De plus, avant que je pose les pieds au Sénégal, il s'est arrangé avec mon père pour obtenir une avance de 150 euros. J'étais bien énervée quand mon père m'a dit qu'il lui avait demandé une avance, je lui ai dit qu'il n'aurait jamais dû lui envoyer cette somme. Sur place je lui ai donné dans une enveloppe le reste de la somme 300 euros, il a esquissé un grand sourire, en fait il n'y a que l'argent qui l'intéressait, j'allais très vite déchanter. Ce guérisseur se trouvait dans un très grand village dont il était le chef, il avait une grande propriété dans laquelle les malades étaient hébergés. Mon oncle est reparti, il m'a laissé avec ma tante chez le guérisseur, nous étions hébergés dans une pièce où il y avait un grand lit qui était occupé par une jeune femme prénommée Khady, moi et ma tante dormions sur un grand matelas qui était posé au sol, derrière cette pièce, il y avait une douche extérieur. Nous étions nourris et logés, le guérisseur en question avait de l'argent, nous mangions souvent des plats avec de la viande. Manger de la viande au Sénégal est un luxe que tout le monde ne peut pas s'offrir.

Aussitôt arrivée dans le village, le guérisseur m'avait oublié, ma tante devait lui courir après pour qu'il puisse me donner un traitement. J'en pleurais, surtout que j'avais pris un billet d'un mois, mi-septembre, je devais rentrer en France. Après une semaine d'attente, un des fils du guérisseur a apporté du charbon dans un récipient, il avait trempé dans de l'eau bénite la crête d'un coq et l'avait déposé sur le charbon. Il m'a demandé de me mettre sous un drap au-dessus du récipient, la fumée était censée entrer dans mon corps par le biais de mes narines et faire fuir le djinn. J'étais sous le drap, la fumée me faisait mal aux poumons, mais je résistais, je voulais me débarrasser de cette saleté. J'ai dû rester entre 15 et 20 min sous le drap si ma mémoire est bonne. Lorsque, je suis sorti sous le drap, j'étais toute mouillée, pleine de transpiration, je ne sentais plus mon corps. Ma tête tournait, je ne savais plus où j'étais.

Le fils du guérisseur a remis à ma tante une petite bouteille d'eau bénite qu'elle devait m'appliquer sur le corps. Elle m'a emmené derrière vers la douche, elle m'a enlevé mon haut, mon corps était tout molle, je ne pouvais rien faire toute seule, j'étais comme morte. Malgré la fatigue, je voulais vraiment guérir, j'ai dit à ma tante en mandingue, ma langue maternelle, appliques bien au niveau de ma tête, car la tête est le point d'appui du djinn. A bout de force, je me suis évanouie, j'ai perdu connaissance...

Posséder par un djinnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant