Partie 11

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J'ai pris l'avion le 22 mars 2016 vers 21h00, j'étais assise près du hublot, avant le décollage, j'ai réuni mes deux mains et j'ai imploré Allah en lui demandant qu'il m'apporte la guérison, j'en avais les larmes aux yeux. Je me suis promis une chose lorsque j'étais dans l'avion, de ne pas pleurer même si je ne reviens pas guérie de ce voyage car ma guérison dépendra de la volonté de Dieu, si je ne reviens pas guérie c'est tout simplement le destin. Je suis arrivée à l'aéroport de Dakar vers 01h00 du matin . J'avais tout planifié avec mon beau-frère, il m'a proposé d'aller dans la ville de Kaolack a environ 4h de Dakar où se trouve sa famille. Son cousin qui se prénomme Cheikh avait pour mission de m'aider dans mes démarches afin de trouver un guérisseur compétent pour me soigner. Il est venu me rejoindre à l'aéroport de Dakar, nous avons loué un taxi pour 30 000FCFA (45 euros), nous sommes arrivés dans la ville de Kaolack vers 07h00 du matin, il faisait un peu noir. La grande sœur de mon beau-frère, Bintou, est venue m'accueillir, j'ai dormi dans sa chambre. Je me suis réveillée vers 11h00, j'avais une sensation bizarre car je ne connaissais personne dans la famille mais en Afrique on se familiarise rapidement avec les gens en général. J'ai pris une douche, j'ai pris mon petit déjeuner tardivement.

Cheikh est venu me rejoindre et m'a dit de le suivre, nous avons pris une voiture, je ne savais pas du tout où on se rendait. A ma grande surprise Cheikh m'a emmené dans un centre médico psychologique dans la ville de Fatick  Devant l'entrée j'ai vu un grand panneau sur lequel il était inscrit centre de santé mentale. Je me suis dit mais je rêve ! il n'a absolument rien compris à ma maladie, mon beau-frère a été très évasif dans l'explication de ma maladie. J'ai vu un psychologue j'ai réglé la consultation 5000 FCFA mais je lui ai bien fait comprendre que ma maladie ne relevait pas de la médecine moderne. Il était hors de question que je me fasse interner dans un hôpital psychiatrique. J'avais conscience que j'allais mal et j'entreprenais des démarches toute seule, c'est que j'avais un minimum de raison. J'ai jeté beaucoup d'argent à la poubelle ce jour-là, nous sommes ensuite retournés à Kaolack, j'ai donné plus de détails à Cheikh concernant mes symptômes.

Il m'a accompagné chez un soi-disant guérisseur, il a pratiqué la voyance et m'a affirmé que j'ai un djinn amoureux. Il m'a affirmé qu'il fallait sacrifier une vache et une chèvre blanche et lui donner 800 euros pour sa rémunération ce qui fait un total de 1100 euros. J'ai été choquée par la somme exorbitante qu'il me réclamait. J'ai refusé et il a rétorqué « Tu n'as qu'à aller voir ailleurs si tu ne veux pas payer cette somme, il y a d'autres marabouts ». L'homme en question était un féticheur, un homme qui avait vendu son âme au diable, prêt à faire les pires des travaux démoniaques contre de l'argent. Ça fait plus de 6 ans que je suis des traitements, par ignorance et par désespoir parfois je le reconnais, j'ai déjà pris des traitements de marabouts travaillant avec des djinns. Ma souffrance est tellement grande que parfois je perds un peu de lucidité, j'ai besoin d'être recadré car je suis hyper vulnérable, facilement manipulable car je ne trouve pas de solutions à mon problème.

Après cette journée d'échecs, Cheikh m'a emmené le lendemain dans un village  à 12 km de la ville de Fatick. Arrivée à Fatick, le village était accessible en charrette poussée par un cheval ou un âne. J'ai rencontré un jeune guérisseur qui avait l'air très jeune, il ne devait pas avoir plus de 30 ans. Il avait la réputation de guérir les fous et de pouvoir communiquer avec les djinns. Il a également affirmé que j'ai un djinn amoureux. Il m'a informé qu'il pouvait nous séparer en une semaine, contrairement au féticheur l'argent n'était pas sa priorité. Il m'a demandé 6200 FCFA à peine 10 euros. Le traitement consistait à se laver avec des eaux à base de plantes. Après deux semaines de traitement pas de résultats significatifs. Moi et Cheikh sommes retournés voir le guérisseur  pour avoir une réponse claire. Il balbutiait dans ses paroles il disait que le djinn était parti, c'était faux, je sentais toujours sa présence dans mon corps. Il a ensuite affirmé que je suis atteinte du paludisme, faux, le paludisme n'existe pas en Europe, il a ensuite dit qu'il faudra 1 mois et 20 jours pour me soigner. Cheikh me traduisait tout en français car il communiquait avec le guérisseur en wolof. Le guérisseur ne racontait que des bêtises, il ne pouvait tout simplement rien faire pour moi. Peut-être s'est-il fait menacer par mon djinn. Il faut savoir que ma maladie est difficile à guérir dans le sens où un djinn amoureux lorsqu'il s'attache à vous, il vous aime d'un amour passionnel, il est prêt à détruire toutes les personnes qui osent s'interposer entre vous deux. Mon djinn a l'habitude de menacer les guérisseurs, certains ont peur des représailles mais par malhonnêteté et gourmandise ils prennent mon argent.

Bintou la grande sœur de mon beau-frère a décidé de m'emmener dans un petit village près de Kaolack pour voir un autre guérisseur. Cheikh m'a mis en garde en me disant que pour ce guérisseur il n'y a que le business qui compte rien d'autres. Nous nous sommes rendus chez le guérisseur en question avec Bintou, nous sommes entrées dans la pièce dans laquelle il se trouvait. Il était assis par terre sur un tapis, il avait une barbe et des cheveux blancs, il était rond et devait avoir un peu plus de 70 ans. Il ressemblait beaucoup à l'escroc du village dans lequel j'étais parti me soigner lors de mon premier voyage, il avait le même physique et le même goût exagéré pour l'argent. Il a fait de la voyance pour voir de quel mal je souffre pour 2000FCFA (3 euros). En général au Sénégal pour de la voyance on vous demande entre 200 et 1000FCFA (entre 30 cts et 1,50 euros). Il m'a affirmé que pour de la voyance à distance pour des personnes se trouvant en Europe, il demande 15 000 FCA (22 euros). En me disant cela, il venait de m'annoncer la couleur.

Il a affirmé que j'ai un djinn amoureux qui a décidé de ne pas me laisser jusqu'à la mort. Il a ensuite dit que c'est à cause de ce djinn que j'ai pris beaucoup de retard dans ma vie en ce qui concerne le mariage et les études. Mes yeux se sont remplis de l'intérieur mais je me suis efforcée de ne pas pleurer. Il venait d'évoquer deux sujets qui me tiennent réellement à cœur. Il m'a demandé une avance de 50 000 FCFA (76 euros) et m'a dit lorsque que tu seras guéri tu me donneras 300 000 FCFA (450 euros). Un vrai escroc ! Après certains osent appeler ce genre de personnes des hommes de religion. Il a ajouté si tu guéri et que tu ne me verses pas cette somme attention, je ferais en sorte que la maladie te retourne dessus. Dans ma tête c'était clair, je ne voulais pas avoir de lien avec ce genre d'individus.

3 semaines après mon arrivée au Sénégal, Cheikh m'a proposé qu'on aille au Mali pour que je puisse y tenter ma chance, mon beau-frère est moitié malien, il avait donc de la famille sur place.

Le mercredi 14 avril  en soirée j'ai pris la route en car en direction du Mali...

Posséder par un djinnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant