Chapitre 7

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Il découvrait sa troisième rondelle d'œuf quand il reçut un message. Expéditeur inconnu.

Je vous envoie en repérage cet après-midi.

Prenez le dossier avec vous et vérifiez votre position.

Puis rentrez chez vous et appelez-moi pour me faire

un rapport.

JM

PS : Emmenez-la au Notes et parlez-lui de cinéma.

Il sourit en levant les yeux au ciel. Il faudrait qu'il lui dise qu'il ne voulait pas sortir avec Katherine, un de ces quatre...

Il finit son sandwich en vitesse puis se dirigea vers le grand bâtiment de l' « entreprise Moriarty ». Il entra et rejoint les autres employés qui étaient déjà revenus. Il s'avança vers Katherine qui picorait de temps en temps dans sa salade de crudités, les yeux fixés sur l'écran et les doigts furetant à toute allure sur le clavier. Il avait bien laissé son dossier sur son bureau. Il le reprit sous le regard de Katherine, puis chercha des yeux l'adresse du crime qu'il allait aider à commettre. Carnaby Street. Bien.

Il fit un bref signe de tête à Katherine avant de s'en aller encore une fois de l'établissement.

Et maintenant ? Il était arrivé ici dans une voiture privée du Big Boss, et sa jeep à lui était bien sûr restée dans sa rue. Il envisagea de prendre un taxi quand la superbe voiture de ce matin se gara devant lui. La vitre se baissa et le chauffeur dont il ne connaissait jusqu'alors que la nuque et la voix lui lança :

- Monsieur Moriarty a pensé que vous auriez besoin de mes services.

Il sourit. Décidément, il pensait à tout. Ce n'était pas grand-chose, mais au moins il savait que le boss avait pensé à lui. Rien qu'un peu. Il monta dans la voiture, à l'arrière, et dit :

- Il vous a dit où je devais aller ?

- Carnaby Street, monsieur. Il a fait mettre vos affaires dans le coffre.

- Mes affaires ?

- Le nécessaire, monsieur.

Ah, il voulait peut-être parler de l'arme. Il feuilleta une nouvelle fois son feuillet et essaya de procéder par logique et de suivre une pensée saugrenue et soit disant continue comme celle de son boss. Moui. Il voyait plus ou moins ce qu'il fallait faire. Il fallait voir sur le terrain, mais ça devait aller.

- Monsieur est arrivé.

- Ah, déjà... Bon, ben merci.

- Je vous en prie, monsieur.

Il sortit de la voiture et alla à l'arrière pour ouvrir le coffre. Un grand sac en toile beige solide s'y trouvait. Il saisit le sac et le jeta sur son épaule avant de claquer le coffre et de regarder la voiture s'éloigner.

Bon.

Il leva son dossier devant ses yeux. Apparemment, il devait trouver un moyen d'accéder au toit d'un immeuble en face d'un bureau...

Alors, un bureau... Ah, oui, il voyait.

En face, des bâtiments, des maisons. Il se dirigea vers ceux-ci et observa de face le fameux bureau en face. Enfin, le bureau ressemblait plus à une salle de conférence chic et sérieuse, mais bon. Il était au quatrième étage, pas facilement accessible, mais il devait bien admettre que le boss avait vu juste et que, s'il trouvait un moyen d'aller sur le toit d'un des immeubles en face, il n'aurait pas de mal à tirer dans le bureau. La question étant ; comment aller là-haut ?

Ce n'était pas une rue isolée ou discrète. Les passants y affluaient et il y avait une certaine animation, à cause des boutiques.

Il soupira ; ça n'allait pas être facile. Soit il y venait la nuit, quand il n'y aurait personne, pour grimper à une gouttière ou quelque chose du genre, soit... soit il devait sympathiser avec des habitants.

Il grimaça. Il préférait la première option, même si elle était plus dangereuse. Non pas qu'il soit timide, loin de là, mais discuter avec des gens ne faisait pas partie des choses qu'il adorait faire. Il pensa à Katherine. Oui, bon, elle c'était la secrétaire de Moriarty, ça n'était pas pareil. Et puis de toute façon, il n'avait pas vraiment sympathisé avec elle. Il s'était juste comporté de manière... aimable.

Il sortit son GSM de sa poche. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait espéré une aide de son boss. Mais rien. Alors il relut le texto qu'il avait reçu tout à l'heure.

Il devait faire un rapport, en plus... Mais qu'est-ce qu'il y avait à dire ? Il devait soit jouer le délinquant, soit le gentleman, et ni l'un ni l'autre n'était chose aisée le concernant. Et le texto précisait qu'il devait rentrer chez lui avant d'appeler le boss. Il comprenait ; mieux valait que personne n'entende une bribe de cette conversation téléphonique par mégarde. Peu de gens faisaient attention à ce qui les entourait, mais prudence était mère de sûreté, et quand on travaillait pour un criminel de haute gamme, la sûreté était primordiale.

Mais tout ça ne l'avançait pas.

D'autant qu'avec son sac, à rester aussi longtemps au même endroit et à observer les immeubles et son portable sans arrêt, il commençait perdre sa discrétion.

Soudain, un miracle.

Enfin, un texto miraculeux.

Sur votre gauche, il y a une petite rue qui croise celle-ci.

Allez-y. Continuez tout droit, jusqu'à ce que vous

repériez un jardin. La haie qui l'entoure ne devrait pas

trop vous poser de problème. Servez-vous de la fenêtre

au plafond de cette maison pour accéder au toit d'à côté.

JM

Il déglutit bruyamment. Non pas de peur, mais de frustration. Il devait empester la mauvaise foi, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il aurait pu le trouver tout seul. Et maintenant, il était probablement descendu dans l'estime de Moriarty. Dire qu'il l'observait depuis le début... Il étouffa dans son poing un grognement, puis tourna à gauche et marcha jusqu'à la rue en travers, qu'il emprunta. Il ne tarda pas à remarquer le jardin.

« La haie qui l'entoure ne devrait pas trop vous poser de problème. ». Ben voyons. Elle faisait presque deux mètres, cette saloperie...

Bon. Quand faut y aller, faut y aller.

Il regarda autour de lui, histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas de passant, puis ouvrit le sac. Un sniper ? Merveilleux ! Il referma la tirette et balança le sac par-dessus la haie. C'était solide, ces choses-là.

Aucun moyen de passer par ailleurs que la haie. Pas de gouttière, pas de barrière, rien.

Il tenta d'abord de ramper sous la masse feuillue, mais c'était trop étroit pour tout son corps. Il tenta malgré tout de passer une jambe, puis entreprit d'écarter des branches pour y passer la tête et le torse. Compliqué. Les branches griffaient ses bras et même sa force avait du mal à lutter contre les masses vertes qui semblaient vouloir le tuer par écrasement. Il inspira un coup, puis se jeta d'un seul coup, violent et brutal.

Il rejoignit son sac qui l'attendait sagement sur l'herbe. Il posa deux doigts sur sa joue. Il saignait. Rien de grave, bien sûr, mais une branche avait quand même essayé de le tuer ! Il lui jeta un regard noir, et quand il se rendit compte qu'il était complètement ridicule, il récupéra son sac.

Une simple porte en bois séparait le jardin de l'intérieur de la maison. Déjà lassé de cette mission commando version plante verte, il lança un violent coup de pied sur la porte pour la forcer. Elle s'ouvrit violemment et s'écrasa contre le mur un peu trop facilement. Elle était déjà ouverte. Ben quoi ? Il ne pouvait pas savoir !

- Chéri, tu vas fermer la porte du jardin s'il te plaît ? Il y a des courants d'air.

- J'y vais !

Merde !!


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