- Ah, Moran ! Qu'est-ce qui vous plairait, cette fois ?
- Oh, juste des blindées cette fois...
- Oulah, vous n'êtes pas en forme ?
Le regard perçant d'un inconnu sur sa droite brûlait sa joue.
- Pas très, non. Il parait que le prix a augmenté ?
- Pas pour vous.
Un clin d'œil presqu'amical lancé à son attention le fit légèrement sourire.
- Trop aimable à vous. Je m'en souviendrai.
- Oh, une si petite chose pour un fidèle comme vous...
L'intensité du regard de l'inconnu devenait gênante. Le vendeur présenta la boîte tandis que l'argent fut posé sur le comptoir. Il posa une main sur la boîte pour s'en emparer, mais le vendeur le retint par le bras.
- Faites attention là-bas, ils prévoient un sale temps...
- Ne vous en faites pas pour moi, sourit-il. Bonne journée.
- Egalement.
Il sortit de la boutique non sans un certain soulagement de sentir s'évaporer la brûlure du regard de l'inconnu. Il fourra la petite boîte dans la poche de sa veste en cuir puis releva son col pour se protéger du vent froid et continua sa route.
- Où allez-vous, au juste ?
Il se retourna, interpellé, et son regard tomba sur l'inconnu qui le fixait tout à l'heure.
- Vous écoutiez notre conversation, je ne pense pas que vous ayez besoin de quelconque information supplémentaire.
L'inconnu sourit, amusé. Il était étrange. Une aura de mystère, de dangerosité et d'intelligence hors-norme flottait autour de lui. Ses yeux bruns tellement foncés qu'on ne distinguait plus ses iris de ses pupilles. Son sourire amusé et charismatique.
- Très bien, je l'admets. Donc, laissez-moi tenter... Vous allez chasser, c'est votre passe-temps favori, vous vous rendez toujours au même endroit isolé, à l'abri des regards et des interdictions de braconnage, mais ces temps-ci vous vous sentez fade, inutile. Votre niveau doit d'ailleurs en subir les conséquences, mais au fond vous et moi savons que vous êtes un professionnel...
- Comment...
- Pitié, pas cette question, soupira l'inconnu. Je devine, tout bonnement. Après tout, c'est vous-même qui ne vouliez pas me parler de vous directement...
- ... Un point pour vous.
Un sourire amusé illumina son visage simple mais mystérieux.
- J'aimerais vous voir à l'œuvre.
- Vous entrez dans la vie de tous les gens dont vous écoutez les conversations ?
- Hum, non, on ne peut pas dire que ce soit une de mes activités habituelles, pouffa-t-il. Mais il se trouve que, de la même façon que vous avez besoin de moi, je pense avoir besoin de quelqu'un comme vous.
- Ai-je droit à des explications ?
- Seulement si vous m'emmenez à votre « repaire ».
Ils échangèrent un sourire amusé, presque complice.
