Chapitre 17

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Il avait fallu des heures pour enfin trouver un costume dans lequel Sebastian ne se sentait pas complètement opprimé. Jane avait été adorable. Elle l'avait emmené dans sa boutique chic préférée, là où elle se fournissait en robes de soirée et dont le propriétaire était un de ses amis.

Ça n'avait pas été chose aisée de trouver ne serait-ce qu'une chemise qu'il arrivait à supporter. Il se sentait ridicule, comprimé, le tissu fin privait ses muscles épais de leur totale liberté de mouvement, et c'était une chose dont il avait une sainte horreur.

Il n'avait jamais aimé les costards-cravates. Enfin, ce n'était pas exactement qu'il les détestait tout court, mais il ne supportait pas d'en porter. Il se sentait mal à l'aise dedans et il avait l'impression d'être un de ces gardes du corps qu'on voit dans les films. Mais il savait reconnaître que certains hommes portaient le costume comme un gant, et non, Jim Moriarty n'était pas le seul homme à qui il avait pensé en y songeant. Même s'il devait bien avouer qu'il était probablement celui qui avait l'air le plus à l'aise, le plus parfaitement en accord avec les costumes. En y pensant bien, il avait du mal à l'imaginer portant autre chose.

Bref.

Avec l'aide précieuse de Jane, il avait enfin déniché un costume qui, selon elle, lui donnait « un air sexy de James Bond en plus musclé », et qui, selon lui, était juste moins inconfortable que tous ceux qu'il avait essayés. Comme le vendeur était un bon ami de Jane, il avait accepté de lui faire un prix, et au final ça ne lui avait pas coûté trop cher.

Après leur achat, ils s'étaient tous les deux posés à un snack pas trop loin histoire de manger un bout. Il était encore tôt et ils avaient largement le temps de passer un peu de temps à se relaxer.

- Alors comme ça tu vas au Ledbury avec ton patron, lança Jane en trempant une frite dans la mayonnaise. Il doit être vachement friqué pour t'inviter là-bas.

- Bah j'ai pas vu son appartement, mais d'après ce que j'ai vu il a l'air plutôt à l'aise côté argent, oui.

Rien que son bureau était décoré avec un goût certain. Il se demanda à quoi pouvait bien ressembler la maison d'un homme comme lui.

- Et c'est pour quoi, ce dîner ? Tu vas peut-être avoir une promotion ?

- Non...

Comment expliquer ça ?

- D'ailleurs je ne sais même pas ce que tu fais comme boulot, reprit Jane. C'est quel domaine ?

Improvisation. Vite.

- Du journalisme.

Elle fit un grand sourire :

- C'est vrai ? Quand j'étais môme je rêvais d'être journaliste. Et donc tu fais quoi exactement ?

- Oh, euh, rien d'important... Enfin, je veux dire, ce n'est pas moi qui écris, je vais juste collecter les infos.

- Genre des interviews ?

- Plus de l'espionnage. Rien d'illégal, je vais juste fureter un peu dans tous les coins pour trouver la vérité en essayant de rester discret.

Son imagination était complètement débridée, sans aucune limite. Mais il devait avoir l'air crédible, s'il en croyait les étincelles qui brillaient dans les yeux de Jane.

- Mais c'est génial ! Quand je te parlais de James Bond tout à l'heure, je n'étais pas complètement dans le faux alors !

- Ça reste du journalisme, je ne suis pas un vrai espion...

- C'est quand même génial. J'adorerais avoir un boulot comme le tien, sourit-elle en replongeant dans ses frites.

Il se sentait soulagé. Il avait assuré.

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