Chapitre treize

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            Je vagabondais, les yeux fermés, dans la grande ferme –qui servait de repère pour le groupe- obscure. Toutes les lumières étaient éteintes, et tout le monde dormais, mais j'avais réussie à m'extirper de ma chambre –j'avais appris brièvement appris par les "gérants" du groupe que c'était mon père, du temps où il était encore là, qui avait décorée la chambre pour mon arrivée, comme s'il se doutait que je viendrais un jour. Peut-être avait-il espéré être encore là...- pour venir découvrir le QG –pas mal, l'appellation, hein ?- à ma nouvelle manière, et sans l'accompagnement, bien qu'agréable, de Matthieu.

La ferme devait être ancienne, car les bâtiments vus de l'extérieur étaient bien détruits, seulement à l'intérieur, c'était comme un palais : des meubles modernes, une décoration mêlant le rustique au nouveau, les poutres en bois soutenaient le plafond et donnaient un charme tout autre à la ferme. Il y avait un bâtiment immense, de deux étages, qui comportaient les chambres : certains dormaient en groupe de trois à quatre dans une chambre qui faisait deux fois la mienne, d'autre qui comme moi étaient seuls et avaient une petite chambre –chose qui était tout à fait raisonnable, juste de quoi pour dormir !-. Il y avait un autre bâtiment qui comportait les salles d'entrainement, que ce soit des salles isolées et bien protégée pour la maitrise des pouvoir, ou des sortes de salons de psychiatre pour réussir à connaître et contrôler l'Empathie. Le bâtiment central lui n'avait qu'un étage, mais il était immense. D'un coté il y avait les cuisines –dans lesquels je n'étais pas entrée car j'entendais encore de l'activité à son sein, malgré l'heure tardive-, et juste à la pièce adjacente la fameuse salle à manger, immense, et exactement comme l'avait dit Matthieu, les tables en forme de « U ». Il y avait de nombreuses photos, affichées un peu partout, représentant les "pensionnaires" comme je les appelais, qui venait ici depuis 1950. Je m'étais surprise à essayer de reconnaitre mon père, mais étant donné que je ne l'avais jamais vu, et que je ne connaissais rien de lui –mise à part son nom de famille, qui était Edrecker. Techniquement, je devrais donc m'appeler Cassandre Edrecker, mais personne ne m'avait encore parlé de l'administratif.-. Vous y croyez, vous, que je ne connaisse même pas son prénom ? J'allais vite devoir rattraper tout ça, et retrouver Damon, que je n'avais pas vu depuis ce début d'après midi, pour lui demander tout ce qu'il savait à propos de mon père. Il avait été son élève, alors si lui aussi ne savait rien sur lui, c'était un comble !

Je levais la lampe de poche que j'avais trouvée dans un tiroir d'une de mes commodes vide, pour continuer ma visite, me préparant à sortir découvrir l'extérieur.

Une douzaine de choses tombèrent en se cognant les unes aux autres dans un bruit assourdissant et aigue, comme si c'était tous des objets en un métal fin. Je lâchai la lampe en sursautant puis en profitais pour me boucher les oreilles. Ce n'était pas moi, qui avais fait tomber tout ça ! Je n'avais rien touché, rien effleuré... Alors, quelqu'un me suivait ? Je me retournais, les yeux toujours fermés, sans penser que j'aurais besoin de ma lampe de poche pour y voir dans l'obscurité. Mais je réussissais cependant à discerner quelque chose, une silhouette, une ombre, qui comme moi, s'était bouché les oreilles. Puis, après le dernier tintement, la silhouette s'empressa de tout ramasser en faisant attention au bruit qu'elle faisait désormais. J'en profitais pour me pencher, sans quitter la silhouette des yeux, m'emparant de ma lampe de poche. Je la tendais la l'ombre, comme si c'était une épée et que la lumière lui ferais quelque chose, mais elle se relevait, plissant les yeux à la lumière qui lui éblouissait les yeux.

C'était un jeune homme, peut-être un peu plus vieux, ou du même âge que moi. Une peau extrêmement claire, de longs cheveux blonds décolorés, coiffés en queue de cheval. Il avait un visage fin et était moins costaud que Damon ou encore Matthieu. Il était grand, plus grand que moi, sans doute plus grand que Damon aussi, et assez fin. Il tenait dans sa main gauche un plateau branlant rempli de tasses, assiettes et thermos en un métal argenté –qui n'était sans doute pas de l'argent-, comme ceux dans lesquels nous avions mangés, ce soir. Sa main droite, elle, était levée devant ses yeux, comme un bouclier pour braver la lumière avec laquelle je le menaçais. Et surtout, semblait tout sauf dangereux.

Regard NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant