Regard Noir

Chapitre vingt-quatre

            Je me réveille, en sursaut. Un chuchotement, un murmure résonne dans mes oreilles. Tristan ? Non. Impossible. Ce n'était pas dans ma tête, c'était bien réel, bien autours de moi, dans cette pièce. Il y avait quelqu'un. Je ferme les yeux. Je me concentre. Damon était là, sur un fauteuil, en face de moi. Il ne me regardait pas, il toisait le mur, il toisait le vide. Avait-il remarqué que j'étais réveillée ? Je balaye la pièce du regard. Il n'y a rien, personne. Juste Damon et moi. Juste des meubles parfaitement nettoyés et rangés. Le chuchotement reprend. Il est derrière moi. Je me retourne brusquement. Il n'y a rien, il n'y a toujours personne. J'avale lentement ma salive. Étais-je folle ? Etais-je en train de rêver ? Si oui, qui étais-je cette fois ? Moi ? Ou quelqu'un d'autre ? Pourtant nous étions dans la même pièce que tout à l'heure, dans la même pièce que dans celle où je m'étais endormi. Je devais voir mon futur, je devais voir ce qui allait se passer, à mon réveil. Mais qu'allait-il donc se passer ?

- Arrête de te retourner comme si tu voyais un fantôme Cass. Fais attention, il ne faut pas que Damon sache que je suis là.

Le chuchotement était plus audible. Il avait dû se rapprocher de moi, être à mon oreille. Je reste droite comme un piquet. Je sens la sueur perler sur mon front. Pour la discrétion, c'était raté. Mais Damon continuais de fixer le mur comme s'il n'entendait et ne voyait rien.

La voix, la voix, je la connaissais. La voix, c'était celle d'Aaron. Aaron était sorti ? Etais-je vraiment dans la réalité ? Oui. Jamais dans mes rêves je n'avais à fermer les yeux. Dans mes rêves, je voyais toujours sans avoir à faire quoi que ce soit. Alors Aaron, Chrystal, mon père... Ils s'en étaient sortis ? Je baisse la tête. Que faisait donc Aaron maintenant ?

- N'y pense même pas Ron, ça servirait à rien, lance soudain Damon.

Je me fige. Une silhouette apparait soudain derrière Damon, puis devient peu à peu plus claire. C'est bien Aaron, qui s'apprêtait à assommer Damon d'un coup violent.

Damon se retourne. Il fixe Aaron qui lui lançait un regard noir. Il ne fait rien de plus. Je ne vois pas ce qu'ils font. Je ne vois que le visage d'Aaron, qui peu à peu se radoucit.

Damon se lève soudain. Il est grand, très grand par rapport à Aaron, qui lui justement n'est pas bien grand. Il lui fait un signe de tête. Aaron lui met une droite. Je me lève d'un sursaut avant de me précipiter sur eux.

- Continue, Ron. C'est pas suffisant, dit Damon, tout bas.

Aaron lui assène un coup de point dans le ventre. Puis un nouveau sur le visage. Je regarde la scène, choquée.

- Mais arrêtez bon sang ! je peine à dire, m'empêchant de hurler, entre mes dents.

- Nan Cass, fait Damon en serrant les dents sous la douleur. C'est ça, qu'il faut qu'il fasse. Sinon on ne me croira jamais quand je dirais que j'ai riposté.

- Riposté ? Mais riposter de quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ?

Il ne répond pas. Aaron continue de lui mettre des coups. Je vois bien que ça ne lui plait pas, je vois bien que voir Damon souffrir sous ses coups ne le met pas à l'aise, mais je sens en lui une certaine joie, une certaine victoire : il se venge. De ce que Damon à fait, à Chrystal, à lui, à tous ses amis. C'est normal. Qui n'aimerait pas en profiter ? Et Damon se laisse faire. Et moi je ne comprends pas.

Alors Aaron s'arrête. Damon s'assoit et pousse un gémissement sourd. Sa lèvre saigne, son arcade sourcilière aussi. Et je vois qu'un cocard sous son œil gauche est prêt à apparaître. Je ne comprends toujours pas.