Chapitre vingt-et-un

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            Ma vision se trouble, mais je sais que je suis par terre. Par terre, sur un sol froid, sale... Il est là, devant moi, debout, lui. En fait, il est derrière les barreaux. Il me regarde. Il sourit. Ses yeux sombres me toisent malicieusement. Mais pas ce sourire, pas ce regard malicieux et positif, gentil, amusé... Ce regard mauvais, amusé mais satisfait, rempli de sous entendus, de pensées cachées, qu'il a toujours su garder, et le gardera toujours.

C'était une vision. Oui, une autre vision. Mais pourquoi, pourquoi Damon était-il là, pourquoi Damon semblait si satisfait, si... heureux ? de me voir là, étendue sur le sol...

Dans la tête de qui étais-je ? Chrystal ? Aaron ? Et encore une fois... pourquoi Damon ?

Sommes-nous là, tous, derrière lui ? Tristan, Tiago, Matthieu et moi ? Oui, c'était ça. Nous allions arriver, nous allions sauver Chrystal, sauver Aaron, Damon n'était là qu'en reconnaissance, je le savais, c'était obligé.

Il ricane. Un gémissement raisonne dans la cave sombre.

- Ne la touche pas, espèce de salopard ! rugit une voix masculine, la voix d'Aaron.

- Ou sinon quoi ?

- Sinon tu le regretteras amèrement, traitre !

- Ha-ha, très drôle, vraiment Aaron, tu as toujours eu un sens de l'humour... magnifique. Dois-je te rappeler que tu es attaché, de la tête aux pieds, et que jamais, oh nan, jamais personne ne viendras te chercher ici ?

- Ne joues pas au plus malin avec moi, Damon. Tu ne prévois pas l'avenir.

- Toi non plus, rajoute Damon, malicieux. Certes, je ne vois pas l'avenir, mais grâce à elle... il me montre du doigt. Nous allons réussir à trouver ce pouvoir, à comprendre son fonctionnement, à lui extraire, et à nous l'approprier...

- Elle sera un échec, comme les autres ! Une nouvelle vie inutilement rayée, c'est ça, que tu veux ? Vous faites un génocide, Damon, un pur et simple génocide !

Damon ne répond pas, il se contente de rire aux éclats, provoquant une résonnance insupportable dans la cave. Je gémis, je grimace, je m'évanouis.


Quelque chose me percute légèrement le crâne. Je marmonne un « arrête ». Ça recommence, je me déplace, les yeux toujours clos, à la recherche du sommeil, ignorant l'imbécile de garçon, peut-être Tristan, qui joue à m'envoyer des cailloux sur le crâne.

Le matelas est dur. Trop dur. Il s'est dégonflé durant la nuit ? Et j'ai froid, oui, très froid.

- Tristan, ferme la tente, merde ! je marmonne entre mes dents, frissonnante.

- Cassandre ?

Mais ce n'est pas la voix de Tristan. Non, et d'ailleurs, pourquoi lui ais-je parlé à voix haute ? Pourquoi n'ais-je pas simplement pensé, très fort, ce que je venais de dire ? Pourquoi ces mots sont-ils sortis seuls ? Et qui viens de me répondre ? C'était une voix grave, un accent, assez fort, sur la prononciation de mon prénom, en particulier le « r ». Un accent britannique. La voix grave, et l'accent britannique d'Aaron !

Je me redresse en sursaut. Ils sont allés les sauver ? Ils les ont retrouvés ? Ils ne m'ont pas appelés, pas réveillée, m'ont laissée seule ? A moins que l'un d'eux soit resté avec moi, au cas où il me viendrait l'envie de me réveiller, et de ne pas les découvrir au campement !

Regard NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant