Regard Noir

Chapitre onze

- Elle va se réveiller, ne t'inquiète pas, je viendrais vous prévenir lorsqu'elle sera de retour, fais une voix grave, douce, que je connais, avec un petit accent hybride difficile à percevoir mais assez gros pour que je m'en souvienne.

Personne ne lui répond. J'entends juste la porte qui se ferme en douceur, et des bruits de pas à l'extérieur. Où étais-je ? Que s'était-il passé ? Mes yeux sont toujours fermés. Il pose sa main sur mon bras.

- Tu savais que j'étais réveillée.

- Oui.

- Qui était-ce ?

- Ça n'a pas d'importance.

- Si ça en a ! Damon, réponds moi.

- Matthieu.

Je me tais. Pourquoi n'avait-il pas voulu que Matthieu sache que j'étais de nouveau consciente ? Comment savait-il lui-même que j'étais réveillée ? Ah mais oui. C'est vrai. C'est un Empathe. Il sent, ces choses là.

- Tu es restée inconsciente pendant trois jours, lovely, reprend Damon comme s'il cherchait à changer de sujet.

- Comment ça se fait ? Que s'est-il passé depuis ? Pourquoi ne me suis-je pas réveillée plus tôt ? Dieu que j'ai faim ! Et soif, et...

- Tu as de l'eau à côté. Je vais demander à ce qu'on t'apporte à manger, mais pour l'instant je veux qu'on parle.

- Réponds à mes questions, non ?

C'est lui qui se tait cette fois. J'ai l'impression qu'il réfléchi à ce qu'il pourrait me répondre. Qu'il ne sait pas quoi me dire. Comme s'il hésitait entre plusieurs choses. Entre la vérité et le mensonge. Pourquoi hésiter ? Pourquoi ne pouvait-il pas être sincère ? Pourquoi ne pouvait-il pas me répondre sans sous-entendus, sans hésitation ? Qu'avait-il à me cacher, qui pouvait me nuire plus que ce que j'ai vu dans les yeux de cette femme ?

- Ecoutes. Il ne s'est rien passé après, Matthieu t'a récupéré, on t'a porté et on ta remise dans la Jeep. Depuis on est à la base du groupe.

- Mais bon sang c'est quoi ce groupe à la fin ?

- C'est le groupe des Empathe révolus.

- Révolus ?

- Ceux qui savent qui ils sont, et que nous savons qui ils sont.

- Tu veux dire qu'il pourrait y en avoir beaucoup d'autre ?

- Partout dans le monde. Mais pour savoir si quelqu'un est un Empathe, il suffit de regarder ses yeux, seulement, nous ne somme même pas une cinquantaine, alors pour regarder dans chaque villes, de chaque région, de chaque pays, de chaque continents du monde...

- Ça prendrait des années, je finis.

- Exactement.

Je triturais mes mains, pensante. Les yeux. Nous avions tous des yeux particuliers ? Dans ce cas, voilà pourquoi mes yeux semblaient si bizarres. Voilà pourquoi Eléonore me les avait décris avec tous ces détails imprécis. Pourquoi ? Pourquoi avions-nous des yeux particuliers ? Pourquoi était-il possible de ne nous reconnaître rien qu'à nos yeux ? Il y a tant de personnes qui ont les mêmes yeux, tant d'enfants aux yeux bruns, bleus, verts, noisette. D'adolescents, d'adultes, de personnes du troisième âge. Nous aussi, nos yeux pouvaient se ressembler. Beaucoup pouvaient avoir les mêmes que moi, non ? Si ça se trouvais, nous avions tous les mêmes yeux. C'était ça, la particularité. Peut-être que Damon et Chrystal avaient les mêmes que moi...