New York, Manhattan √
20h46
Quand Dave avait regagné son appartement le soir dernier, ses parents ne s'y trouvaient plus. Pour toute explication à leur absence, sa mère avait griffonné un petit mot disant qu'ils étaient retournés à leur hôtel. Même si Dave s'était préparé à une énième altercation, il se surprit à être soulagé : jamais il n'aurait pu tenir tête à la figure maternelle. Caitlyn avait toujours trouvé en elle la force de convaincre, elle possédait autant d'ambition que Napoléon quand il n'était encore qu'un simple caporal. Elle aurait même pu faire fuir les soldats anglais à Waterloo et gagner cette bataille. Dave n'aurait jamais pu la défier et, en vérité, il savait qu'une part des accusations portée contre lui était véritable. Il n'était pas un bon tuteur, oh non ! Quand il avait obtenu la garde de Daisy, il avait juré de devenir le meilleur père de substitution. Et maintenant que faisait-il ? Il reniait sa parole, se dit-il en observant Daisy s'adonner à l'aquarelle, des pots de peinture jonchant la table sur laquelle il travaillait. En musique de fond, on pouvait entendre la radio et la fillette chantonnait timidement quand elle reconnaissait les paroles. Dave se perdit un instant dans la contemplation de sa nièce, se demandant ce que penserait Lily du tuteur qu'il faisait. Il haussa les épaules ; elle n'était plus là et il ne croyait pas vraiment au paradis ou au fait que, allongée sur un nuage, elle observait sa fille et son frère d'un air attendri. Daisy, elle, était persuadée qu'après la mort se trouvait une seconde vie. Elle espérait secrètement que sa deuxième vie serait moins centrée sur des visites quotidiennes à l'hôpital.
Le portable de Dave vibra contre la table, faisant sursauter Daisy. Il prit l'appel même s'il ne connaissait pas l'ID, il voulait juste ne plus penser à sa sœur ni au fait qu'il soit un si mauvais père.
« Allo ? » Demanda Dave, en s'isolant dans sa chambre où il se laissa tomber sur le lit. Une voix masculine française le fit se redresser brusquement. Même si Henry n'était pas dans la pièce, il se sentait observé et c'était légèrement inconfortable.
« Bonsoir Dave... Je... » Le père d'Emma perdait ses moyens, Dave le sentit bien qu'un océan les sépare. Il faillit esquisser un sourire de victoire suite à ce revirement mais il avait peur de s'attirer les foudres de ce dernier bien qu'il ne puisse le voir.
« Oui ? » Le questionna Dave dans son meilleur français ; il n'avait aucune difficulté à parler cette langue qu'il aimait tant et qu'il apprenait à adorer avec Emma.
« Je suis sûr que vous savez pourquoi je vous appelle » Renchérit Henry avec une pointe d'amertume. Ce snobisme (pensait-il) américain le rebutait et il se détestait de demander de l'aide à cet étrange personnage qui se disait aimer sa fille alors qu'il était persuadé du contraire. Il voulait le meilleur pour sa fille et il croyait savoir pertinemment que ce soit disant 'gentleman des affaires' n'était rien d'autre qu'un affreux coureur de jupons.
Dave crut tout d'abord judicieux de jouer avec cet homme qui l'avait tant rejeté mais il pensa à Emma qui n'aurait pas aimé que son amant se conduise de cette même manière alors il se décida à parler affaires, un sujet qui le passionnait autant qu'il pouvait quelquefois le détester.
« Je vous enverrai le contrat sous peu »
« Je n'ai pas besoin de votre contrat »
« Vous ne voulez même pas lire les clauses ? » Dave fut surpris. D'habitude, les personnes qui souhaitent signer un contrat avec lui se jetaient sur les clauses pour ne pas rencontrer d'accros ensuite.
« Je perds ma ferme si je gaspille mon temps à lire un papier que je n'aurais jamais signé en temps normal » Ajouta Henry et bien que sa voix fut ferme et autoritaire, on pouvait ressentir toute la peine qui le submergeait. Dave comprit que Henry ne l'avait appelé qu'à la dernière minute. En effet, jusqu'à la dernière seconde, le père d'Emma avait recalculé ses comptes, émis la possibilité de vendre sa ferme pour racheter une parcelle plus petite mais la réalité devait être regardée en face. Recommencer à zéro était impossible. Vendre ses quelques vaches n'était pas une option à laquelle il put se résoudre. Il ne lui restait que cet Américain en qui il ne croyait guère et pourtant il lui mettait entre ses mains sa ferme, son bien le plus cher.
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10 000 mètres au-dessus de l'Atlantique [terminée - correction]
RomanceQuels sont les chanceux qui peuvent se vanter d'avoir fait une rencontre opportune à 10 000 mètres d'altitude ? * Elle détacha ses bras de son cou et se recula pour mieux l'apercevoir. Dieu qu'il était beau sous la clarté de la lune ! Que ses...