10 000 mètres au-dessus de l'Atlantique [terminée - correction]

5. New York

New York, √

01 h 30

Emma se trouvait dans la voiture de son frère et de sa petite-amie. Cette dernière conduisait prudemment car ce soir-là (et tous les autres soirs de l'année) un bouchon gigantesque venait de se créer dans un axe majeur de la ville new-yorkaise. En effet, la neige tombée quelques instants plus tôt gênait horriblement la circulation. Emma profitait au maximum de l'air chaud diffusé par les petites ouvertures de la voiture, elle qui avait eu si froid plus tôt. Elle se sentait maintenant encline à tomber dans un sommeil lourd mais elle ne voulait pas paraître impolie à l'égard de Pamela qui était venue la chercher à l'aéroport à la place de son frère.

La jeune fille adorait Pamela, elle était toujours à l'écoute et il lui semblait qu'elle pouvait tout lui dire. C'était une fille italienne avec ce merveilleux accent. Elle roulait les 'r' comme toute italienne et faisait la cuisine comme personne. Elle était merveilleuse. De longs cheveux bruns ornaient son visage et de petits yeux en amande ajoutaient une touche de gaieté à un tableau déjà sublime. C'était une fille joviale, qui souriait à tout bout de champ et Emma pariait souvent que Camille et elle serait les meilleures amies du monde si elles avaient la chance de se rencontrer un jour. Elle s'habillait avec élégance ne portant jamais de gros pulls amples comme Emma. Elle préférait largement des jupes étroites et des chemises qui affinaient sa taille de mannequin. Emma aurait aimé lui ressembler mais elle n'était pas une fille à se préoccuper de son apparence. La preuve, elle venait de porter ce bonnet d'un jaune douteux...

« Sais-tu que Julien vient de recevoir une augmentation ? » Lui dit Pamela tout en actionnant le clignotant de la voiture.

« Non, c'est vrai ? » Répondit Emma, l'air faussement joyeuse. Pourquoi son frère était-il tout le temps favorisé ? Pourquoi restait-elle toujours à l'arrière-plan ? « Félicitation à lui ! Et toi, ton travail ? »

« J'ai arrêté il y a à peine une semaine. Il faut que je me repose » Emma s'inquiéta. Pamela n'était pas une personne à stopper son travail puisqu'elle adorait son boulot d'infirmière qui lui avait permis de rencontrer son frère quand elle faisait encore ses études.

« Qu'y a-t-il ? » Demanda Emma « Est-ce que tout va bien Pamela ? »

« Tout est parfait, vraiment. J'ai juste pris un congé »

« Mais pourquoi ? Tu aimes tellement ton métier ! Tous les matins quand j'étais chez vous, tu partais au travail le sourire aux lèvres ! » Emma ne comprenait pas pourquoi le directeur de l'hôpital n'avait rien fait pour retenir Pamela. Cette dernière était l'employée modèle et s'acharnait au travail avec une joie difficilement descriptible. Vraiment, Emma était inquiète de l'état de Pamela.

« Je me sens nauséeuse ces jours-ci. Je préfère rester à la maison, vois-tu ? » Pamela lui fit un clin d'œil. Emma n'était pas plus avancée. Elle ne comprenait pas le sens de ce geste.

« Cela te rends-tu heureuse d'être malade ? »

Pamela rit « Dans certains cas, cela peut confirmer une bonne nouvelle »

« Est-ce grave ? »

« Non, bien sûr que non » Répondit Pamela, tout en appuyant sur un bouton d'une télécommande. La porte d'un garage s'ouvrit et la voiture s'engouffra à l'intérieur.

« Emma, je suis enceinte, c'est ce que j'essayais de te faire comprendre » Sourit Pamela, garant la voiture sur la place réservée à son numéro d'appartement.

Emma était tiraillée entre la honte et la joie de l'heureuse nouvelle. Elle venait de passer pour une cruche, ne remarquant pas les détails qui confirmaient ce diagnostic : « Nauséeuse », « Congé », « heureuse nouvelle ».